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La mélatonine veille sur nos nuits

Riz (Oryza sativa)

On savait la mélatonine capable de favoriser le sommeil, mais cette molécule fait bien plus que cela. Présente partout où il y a de la vie, c'est l'une des molécules les plus importantes chez les humains et les plantes. Focus sur ce formidable antioxydant naturel.

Depuis que la mélatonine a quitté son statut de médicament et qu’elle est en vente libre comme complément alimentaire, on s’interroge de plus en plus sur son rôle, son bon usage et son origine. On la connaît surtout comme produit de synthèse, mais une forme végétale est désormais disponible. Elle peut provenir du riz, de la luzerne ou encore de la cerise et de l’orge. Le docteur en pharmacie Jean-René Mestre précise : « La découverte de la mélatonine est récente. Cela remonte au milieu des années 1960, avec les recherches sur les substances sécrétées par le cerveau. Maintenant, on sait que cette superhormone, appelée aussi neuro-hormone, est partout. Il y en a même dans le vin, car la levure en fabrique pour se défendre de l’alcool. Elle est présente dans la bière comme dans toutes les boissons fermentées. C’est un antioxydant qui passe toutes les membranes des organismes. » Voyons de plus près cette grande protectrice.

Dans les végétaux aussi ?

« La découverte de la mélatonine dans les plantes est encore plus récente », poursuit Jean-René Mestre. En effet, c’est en 1993 que l’on a identifié la molécule pour la première fois, dans le lierre et la tomate. On estime aujourd’hui que sa concentration est plus conséquente chez les plantes que les humains. « La mélatonine est sécrétée partout dans la nature ; par les végétaux, les animaux et les micro-organismes, rappelle le pharmacien. C’est l’une des molécules biologiques “signal” les plus importantes, ce qui veut dire qu’elle est un grand stimulateur de l’organisme à plusieurs niveaux. Ses propriétés principales sont antioxydantes et anti-inflammatoires. Pour se protéger des radicaux libres (provenant des produits de dégradation énergétique au moment de la photosynthèse, notamment des oxydants comme l’oxygène singulet), les végétaux utilisent la mélatonine. Elle est “antioxygène libre”. » Même chose chez les humains, elle défend nos cellules et sert à recycler les déchets grâce à son pouvoir antioxydant actif la nuit.

Quand les plantes semblent dormir

Comme pour nous, le soleil qui se couche modifie le comportement des plantes, mais nous ne savons pas encore si cela provient de la sécrétion de la mélatonine. Jean-René Mestre précise : « ce que l’on a observé, c’est qu’il y a plus de mélatonine le soir dans les plantes et durant l’hiver, et ce, chez toutes les plantes. C’est l’antioxydant de la nuit, lié au cycle jour/nuit ». Pour le naturaliste Marc Giraud, c’est une source d’observation spectaculaire : « Chez certaines fleurs, c’est visible à l’œil nu. Les tulipes par exemple ferment leurs pétales quand la lumière du jour disparait. Les liserons aussi se resserent le soir, prenant la forme de cornets. Les plantes ont une activité le jour, quand vient la nuit, elles semblent se reposer. De même si l’on filme les arbres en accéléré, on verra leurs branches fléchire la nuit. Cela ressemble à un relâchement, comme une économie d’énergie. Et comme nous, les végétaux sont sensibles à la lumière bleue ! ». Les premières observations des rythmes circadiens sur les végétaux remontent à l’époque de du philosophe grec Théophraste qui indiqua que le tamarinier « fermait » ses feuilles à la nuit tombée.

Extraite du riz

 

La plupart des compléments alimentaires comprennent de la mélatonine de synthèse, dont la formule assemble du carbone, de l’hydrogène, de l’azote et de...

l’oxygène. Son pendant naturel, issu des végétaux et désormais proposé, est plus compliqué à fabriquer. Pierre Buch, responsable du laboratoire Phyto-One, a lancé le complément Herbatonin à base de mélatonine extraite du riz, de la luzerne et de Chlorella pyrenoidosa. Il explique : « Aussi longtemps que la population ne se préoccupait pas beaucoup de la qualité des compléments alimentaires, la mélatonine végétale était laissée de côté. Aujourd’hui, après les divers scandales liés aux médicaments de synthèse, cette dernière est de plus en plus demandée. Reste qu’elle est toujours plus chère à produire que la substance de synthèse. La teneur en mélatonine des végétaux est très variable. La tomate, par exemple, en contient 3 à 114 nanogrammes par gramme (ng/g) ; l’huile d’olive, 53 à 119 milligrammes par gramme (mg/ml). Au final, le choix des végétaux utilisés dépend de leur coût de production. L’extraction se fait de façon classique (hydroalcoolisée) et le séchage, par atomisation. »

S’agit-il d’une fabrication made in France ? Difficile d’en savoir plus sur cette mélatonine végétale, car les enjeux commerciaux sont au cœur de cette tendance qui a le vent en poupe. Le groupe Léa Nature, fabricant d’un complément alimentaire dans la gamme Florescence, préfère également ne pas dévoiler son mode de fabrication.

La mélatonine aide à dormir, mais pas seulement

Car les promesses thérapeutiques de la mélatonine sont plurielles. On associe surtout la mélatonine au sommeil et au décalage horaire, car l’un de ses rôles est de renseigner l’organisme quand la nuit tombe, notamment pour favoriser l’endormissement. Ainsi, lorsque notre horloge interne fonctionne bien, notre rythme biologique enchaîne une phase de repos après l’éveil de la journée. C’est pour cela qu’en cas de jet-lag, nous sommes désynchronisés. De plus, quand la quantité de mélatonine sécrétée par la glande pinéale (dans le cerveau) diminue – souvent avec l’âge –, l’insomnie guette. « Il ne faut jamais prendre de la mélatonine le jour, car cela va bloquer beaucoup de choses. En revanche, le soir, elle s’avère utile pour retrouver le sommeil perdu à cause d’une insomnie ou d’un décalage horaire », estime Jean-René Mestre.

Attention aux lumières artificielles le soir

Les personnes ayant des problèmes de sommeil et surtout d’endormissement ne devraient pas utiliser ordinateurs et autres tablettes électroniques le soir, car la fameuse lumière bleue émise par les écrans influe sur la production de mélatonine. Une étude a montré que le taux diminuait de 22 % après deux heures d’exposition devant un écran, qu’il s’agisse de lire, regarder un film ou se divertir avec un jeu vidéo.

Nombreuses sont les autres facultés de cette hormone. Une étude a ainsi montré l’effet bénéfique de la mélatonine sur des patients souffrant d’hypertension et à risque cardio-vasculaire (1). Elle pourrait ainsi jouer un rôle protecteur pour le cœur et diminuer le risque d’infarctus.

On a également observé que les personnes souffrant de migraines présentent une baisse de leur sécrétion de mélatonine la nuit. En leur administrant de petites quantités de mélatonine préventivement, on a diminué la fréquence et l’intensité de leurs crises migraineuses. La mélatonine aurait, enfin, des vertus positives contre la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), maladie qui fait chuter l’acuité visuelle parfois jusqu’à la cécité. La rétine, qui contient naturellement de la mélatonine, s’en trouverait renforcée – tant que le taux de cette hormone n’a pas diminué avec l’âge. D’autres pistes sont étudiées pour des cas de cancers et d’Alzheimer.

Quelles précautions prendre lorsque l’on en consomme ?

En 2018, à la suite de l’observation d’effets indésirables, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a publié des recommandations en matière de complémentation en mélatonine – sans en préciser l’origine. Concrètement, on conseille à ceux qui souhaitent recourir à ce complément alimentaire d’en parler à leur médecin traitant, surtout s’ils suivent des traitements médicamenteux – certains ayant tendance à ralentir ou diminuer (comme le font les benzodiazépines) la sécrétion de mélatonine, d’autres à l’augmenter. Par ailleurs, une complémentation en excès peut engendrer chez certaines personnes des maux de tête, de la somnolence, des troubles de l’humeur ou encore des nausées.

La prise de mélatonine est aussi contre-indiquée chez les enfants, les adolescents, les femmes enceintes et en cas de maladies auto-immunes. La posologie la plus classique est recommandée, nous confirme le Dr Didier Chos : « La mélatonine est efficace dès 0,5 mg, et 1 mg est une bonne quantité que l’on ne devrait pas dépasser en première intention. D’ailleurs, c’est ce taux que l’on trouve le plus couramment dans les compléments alimentaires. Je déconseille les doses avoisinant les 3 mg (voire plus), sauf prescription médicale. » Nous sommes en effet loin de connaître tous les effets thérapeutiques de cette substance puissante sur l’organisme, même si, à l’instar d’autres molécules, on a davantage confiance quand elles sont d’origine naturelle.

Quand l’alimentation fournit de la mélatonine

Certains aliments sont sources de précurseurs de la mélatonine. Leurs effets ne sont pas aussi importants que ceux liés au rythme circadien et à la sécrétion de mélatonine quand la nuit tombe, mais les tomates, les cerises, les olives, les raisins, les noix ou encore le lait de vache non transformé, le riz et l’orge en contiennent de bonne quantité. Comme la mélatonine est sécrétée à partir de la sérotonine via le tryptophane, on peut aider l’organisme en consommant des aliments riches en tryptophane : soja (1116 mg), graines de courge, parmesan, persil lyophilisé, gruyère ou morue déshydratée et salée (704 mg/100 gr).

En bref

Définition : La mélatonine, connue pour favoriser le sommeil, est une molécule aux multiples fonctions vitales, agissant comme un puissant antioxydant naturel chez les humains et les plantes.

Fonction : La mélatonine régule les rythmes biologiques des plantes et des humains, agissant comme un antioxydant essentiel, et sa sécrétion est influencée par le cycle jour/nuit.

Perspectives thérapeutiques : Outre son rôle dans la régulation du sommeil, la mélatonine présente des promesses thérapeutiques variées, notamment dans le traitement de l'hypertension, des migraines et de la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), bien que des précautions d'usage et des recommandations de dosage soient nécessaires.

Découverte dans les années 1960, la mélatonine est désormais disponible sous forme végétale extraite du riz, de la luzerne, de la cerise et de l'orge.

Sources :

(1) Cardiovascular effects of melatonin in hypertensive patients, P. Lusardi, E. Piazza et R. Fogari, mai 2000

À lire :

Indispensable mélatonine - Sommeil, hypertension, humeur, cancer.. Bénéfices et mode d’emploi de la mélatonine, de Brigitte Karleskind, 7,90 €, 158 p., éd. Thierry Souccar.

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