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Le mastic de Chios : le parfum d'une île

Résine de Chios

C'est dans l'île grecque de Chios, située au nord de la mer Égée, que l'on récolte au début de l'été une oléorésine bien particulière. Inscrite au Patrimoine mondial de l'humanité, cette production traditionnelle sous forme de gomme à mâcher est désormais étudiée pour ses propriétés antimicrobiennes.

Tout comme les pins que nous ­connaissons bien, le pistachier lentisque ­(Pistacia ­lentiscus) présente une substance ­résineuse odorante de type oléorésine. Il s’agit d’un arbuste commun du maquis méditerranéen de la famille des ­Anacardiaceae, mais seule la variété chia produit une ­substance de grande qualité, un mastic ­utilisé notamment de façon thérapeutique.

C’est Hérodote, historien grec antique, qui, au Ve siècle avant notre ère, décrivit pour la première fois la récolte de mastic par les habitants de l’île grecque de Chios, et son usage masticatoire pour leur plaisir et leur hygiène. En 70 après J.-C., ­Dioscoride, le père de la ­phytothérapie, en ­vantait les ­propriétés dans son ouvrage ­fondateur, De Materia Medica.

Aujourd’hui, le ­pistachier ­lentisque fait l’objet de culture dans la partie sud de l’île, ­jouissant d’un ­terroir volcanique et d’un climat chaud et sec. La production de matihia est si ­associée à cette région qu’elle est ­appelée ­­Mastihohoria désignant l’ensemble des villages produisant du mastic et comprend 24 villages fortifiés datant de l’époque ­byzantine. ­L’exploitation est le fait de ­nombreuses familles réunies en coopératives et bénéficie d’une ­inscription sur la Liste ­représentative du ­patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco depuis 2014.

La récolte a lieu entre juillet et octobre. À la suite d’excisions pratiquées au niveau de troncs d’arbres, âgés de 5 à 50 ans, des larmes­ translucides de résine s’écoulent, puis ­durcissent et tombent au sol. Différents types de ­qualités sont obtenus en fonction de la taille des ­fragments ramassés et de leur pureté.

Savon, dentifrice, chewing-gum

Les larmes peuvent être utilisées telles quelles, sous forme de poudre. On obtient aussi une huile essentielle et « l’eau de...

mastic » en distillant l’oléorésine. Ces différentes formes serviront à la préparation de produits variés : des extraits et des gélules de poudre pour la santé ; des savons, des ­dentifrices, des bains de bouche, des chewing-gums pour l’hygiène ; des pains, des desserts, des sauces et des plats salés, des boissons, des liqueurs pour l’alimentation.

L’usage le plus simple qui puisse être fait du ­mastic consiste à le prendre comme gomme à mâcher. Le fait de malaxer cette résine dans la bouche augmente la salivation, procure une ­sensation de fraîcheur et de pureté, tout en améliorant l’haleine. Par ses propriétés ­antimicrobiennes et anti-inflammatoires, le ­mastic prévient la formation de plaque dentaire, de carie, de parodontite ou d’infection buccale. La dentition est renforcée.

Une reconnaissance officielle

Depuis 2014, le mastic bénéficie d’une ­monographie octroyée par l’European ­Medicine Agency (EMA), l’Agence européenne des ­médicaments, pour un usage comme produit pharmaceutique en cas de dyspepsie légère (digestion gastrique difficile). Il procure non seulement un soulagement des affections et des douleurs de l’estomac (reflux gastro-­œsophagien, gastrite, ulcère), mais il prévient aussi les lésions de la muqueuse gastrique provoquées par les médicaments ­antiulcéreux et par l’aspirine. Il a aussi été testé dans la maladie de Crohn. Les premiers résultats encourageants montrent une diminution du phénomène inflammatoire digestif.

Les substances contenues dans la partie aromatique de l’oléorésine sont impliquées dans une action antimicrobienne : effet inhibiteur sur la bactérie Helicobacter pylori retrouvée en cas d’ulcère gastrique, sur le Candida albicans, un champignon microscopique de notre flore endogène, pouvant donner lieu à des mycoses ­intestinales, ainsi que sur le staphylocoque doré. Mais sur l’île on développe aussi des produits de consommation courante comme une liqueur au goût fameux !

Recettes de mère Nature

  • Assainir la bouche

Mastiquer l’équivalent d’environ 1 g de mastic pendant quinze minutes, matin et soir. Les douleurs, les rougeurs et les saignements des gencives diminuent au bout de deux à quatre semaines.

  • Réduire la dyspepsie et la maladie de Crohn

Prendre en dehors des repas, trois fois par jour, une gélule à 350 mg de mastic pendant deux semaines en cas de dyspepsie, et deux gélules pendant quatre semaines en cas de maladie de Crohn. Faire une pause de trois semaines et poursuivre si nécessaire.

  • Comme épice dans de multiples recettes

Réduire en poudre environ 1 g de résine dans un mortier avec un peu de sucre ou de sel selon la nature de la recette, salée ou sucrée. Au cours de la préparation du plat, ajouter une demie à une cuillerée à café du mélange, à chaud. La poudre de Chios aromatise la salade de lentilles aux olives vertes. Il existe également dans le commerce des poudres alimentaires toutes prêtes contenant 50 % de mastic et 50 % de maltodextrine, une combinaison de glucides utilisé comme facilitant digestif.

Précautions d’emploi :

Elle est très bien tolérée chez l’adulte. Prudence toutefois pour la femme enceinte ou allaitante, car l’usage est non documenté. Cependant le risque est allergique. Aucune interaction médicamenteuse n’est rapportée à ce jour.

Conservation :

 Cette résine extraite sous forme de larmes est très stable. Elle est quasiment impérissable, mais il faut la conserver dans un lieu frais et sombre. L’huile essentielle est à utiliser dans l’année après ouverture du flacon.

Un soin des peaux blessées ou grasses

Le mastic et son huile essentielle entrent dans la composition de crèmes destinées au traitement des inflammations mineures de la peau et répondant à ses besoins de cicatrisation (petites blessures, brûlures, engelures). En cosmétique, les peaux grasses à tendance acnéique et les peaux matures sont de bonnes cibles. Le secteur de la parfumerie fait également appel à la résine dont l’odeur étonnante conjugue des arômes de miel, de pin, de vanille, mais aussi de menthol, voire de térébenthine.

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