Plantes et Santé Le magazine de la santé par les plantes

L’olfactothérapie pour se sentir mieux (2/3)

Forte des avancées de la recherche, les odeurs sont de plus en plus utilisées comme support de soin. Mémoire ravivée, humeur stabilisée, nausées soulagées... En milieu médicalisé ou dans le cadre d’une démarche de travail sur soi, elles contribuent à soulager en douceur les maux du corps et de l’âme.

médecine

Des ateliers olfactifs en cas d'AVC ou de traumatisme crânien

Une médecine intégrative

Aider des personnes sorties de coma avec les odeurs... « Pour l’époque, l’idée était novatrice », se souvient Patty Canac, experte en parfum. C’est ainsi que depuis 2001, sous l’égide de l’association CEW (Cosmetic executive Women), la coauteure du Guide de l’Odorat anime des ateliers olfactifs dans le service de réadaptation de l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches. L’objectif: stimuler des personnes victimes d’un AVC ou d’un traumatisme crânien en leur faisant sentir des odeurs reconstituées du quotidien (biscuit, pain grillé, bonbon, gazon...). «En lien direct avec la mémoire, les patients parviennent grâce aux odeurs à se réapproprier une partie de leur histoire, à retrouver des mots », explique-t-elle. Parfois, leur rétablissement se fait de manière spectaculaire. L’apport thérapeutique des ateliers est tel qu’ils essaiment dans une dizaine de centres hospitaliers, mais aussi des Ehpad (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) et des maisons d’adolescents. Personnes âgées, malades d’Alzheimer, atteints de sclérose en plaques, cancéreux, jeunes boulimiques ou anorexiques... De nombreuses pathologies bénéficient des bienfaits des ateliers. « Cela permet aux personnes de retrouver un lien de plaisir à la nourriture, de leur redonner de l’énergie, de l’appétence, de la joie de vivre », souligne Patty Canac qui, en parallèle, forme du personnel hospitalier en aromachologie. « Le travail avec les odeurs et les essences naturelles est différent. Avec les premiers, on travaille sur la mémoire, avec les deuxièmes, on agit directement sur la sphère du bien-être », précise-t-elle.

C’est cette dernière approche qui séduit depuis quelques années un nombre grandissant d’établissements médicalisés. Des hôpitaux, comme à Colmar, Poitiers, Valenciennes, mais aussi des équipes mobiles d’accompagnement en soins palliatifs (EMASP) comme à Rennes et Angers, ou encore des maisons de retraite ont recours à l’aromathérapie olfactive en tant que soins de support en cancérologie et en gériatrie. Favoriser l’endormissement avec la lavande, apaiser les angoisses et l’agitation avec le petit grain bigaradier et le zeste d’orange, ouvrir l’appétit avec le citron, réguler l’humeur avec l’ylang-ylang, la litsée citronnée, la sauge sclarée, dynamiser avec le romarin, atténuer les nausées ou les douleurs avec le gingembre et la menthe poivrée... «L’action des huiles essentielles en olfaction, mise en évidence dans plusieurs études, est très concrète. Elles ont un impact sur le système nerveux auto- nome, le système...

nerveux central et le système endocrinien. Leur action se ressent nettement sur l’état des patients », constate Christelle Caron, pharmacienne et auteur d’une thèse sur le recours à l’aromathérapie en milieu hospitalier. Les huiles essentielles sont utilisées de différentes manières en fonction des habitudes et des lieux: compresse, mèches imbibées dans les narines, onction légère sur les poignets ou le plexus, stick inhalateur, diffusion atmosphérique grâce à des appareils installés dans les chambres ou les parties communes.

«La diffusion est la porte d’entrée la plus facile pour les huiles essentielles en milieu médical. Elles contribuent à donner une bonne odeur et instaurent un état de bien-être psychique dont bénéficient le personnel, les patients et les visiteurs. Elles sont aussi souvent associées à des massages doux de toucher thérapeutique et aident au lâcher-prise », constate Isabelle Sogno Lalloz, formatrice du diplôme universitaire (DU) d’aromathérapie à la clinique de Strasbourg. Intervenante en cancérologie à l’hôpital de Grasse et en soins palliatifs à domicile dans les Alpes-Maritimes, elle confectionne pour ses patients des sticks olfactifs, composés d’un assemblage harmonieux d’huiles essentielles. «Ce sont comme des béquilles émotionnelles qui leur permettent de mieux gérer le stress lié à la maladie, leurs angoisses, leurs nausées. Et pour 17 % d’entre eux, cela apaise même leurs douleurs », se félicite l’aromathérapeute, soulignant au passage le retard français dans ce domaine, les huiles essentielles étant déjà utilisées depuis une vingtaine d’années en soins palliatifs en Grande-Bretagne pour leurs vertus sur la sphère psycho-émotionnelle.

Glossaire

Le recours aux odeurs de façon thérapeutique a généré ces  dernières années plusieurs  approches. Voici les termes  couramment utilisés :

Thérapie olfactive : Terme générique désignant le fait de  travailler avec les odeurs dans  un but de soins.

Aromathérapie olfactive : Branche de l’aromathérapie concernant l’action  des huiles essentielles par voie respiratoire.
Aromachologie : Discipline s’intéressant aux effets de  l’odeur des huiles essentielles sur le comportement  et le psychisme. Synonyme d’olfactologie.
Olfactothérapie : Utilisation d’huiles essentielles par voie olfactive dans un cadre de travail psychologique ou de développement personnel. Appelé aussi parfois aromatologie.

Huile essentielle précieuse

Petit grain bigaradier (Citrus aurantium var. amara)
Déstressante, elle calme l’agitation et facilite l’endormissement en ayant une action sédative du système nerveux central. Associée à l’enfance en langage des signatures, elle module les angoisses, la tristesse et les pleurs. 

La science progresse
Huiles essentielles et neurosciences

L’inhalation d’huiles essentielles modifie notre activité cérébrale. Une étude récente s’est ainsi intéressée aux effets de deux molécules aromatiques courantes sur nos ondes cérébrales en utilisant un encéphalogramme. Ils ont constaté qu’un terpène monocyclique présent dans les huiles essentielles d’orange, de pamplemousse, de citron et de céleri augmente la proportion des ondes bêta hautes dans la zone temporale droite, renvoyant à un état accentué de stress et d’anxiété. Une autre molécule, le terpinolène, plutôt présent dans les pins, a induit un état de relaxation accrue, comme en ont attesté les variations des ondes cérébrales dans la même zone. Si les effets physiologiques de l’olfaction font aussi l’objet  de nombreuses recherches (pression sanguine,  rythme cardiaque, dilatation des pupilles) les impacts subtils des  odeurs sur notre psyché  commencent juste à être  cartographiés.  

L’odeur de vanille bénéfique pour les prématurés

Les apnées du sommeil, ces arrêts momentanés de respiration, sont  particulièrement préoccupantes chez les prématurés. Or une étude menée par  le CNRS en 2007 et publiée dans la revue Pediatrics a montré que la diffusion  d’odeur de vanille de synthèse (vanilline) dans leur couveuse avait fait chuter de  36 % les apnées du sommeil chez 85 % d’entre eux. En présence de l’odeur de  vanille, les bébés suçotaient tranquillement, faisaient mine de mâchonner et de  se lécher les lèvres. Reste à savoir si l’effet aurait été le même avec le recours à  de l’huile essentielle de vanille, à la composition biochimique plus complète... 

La science progresse
Quand les chiens flairent le cancer

Plusieurs expériences sont menées depuis plusieurs  années sur les étonnantes capacités du  air des chiens pour détecter cancers du poumon, de la vessie, des  ovaires, de la thyroïde... En 2010, l’équipe du Professeur  Olivier Cussenot, urologue à l’hôpital Tenon à Paris,  a été particulièrement concluante. Le chien dressé  pour l’occasion avait réussi à sentir un cancer de  la prostate dans des échantillons d’urine avec une fiabilité de 98 %. Sur la base de ces données,  la recherche s’oriente aujourd’hui  vers l’élaboration de nez artificiels capables de  déceler la signature  odorante des  cancers. 

Huile essentielle précieuse

Marjolaine à coquilles (Origanum majorana).
Sa double action tonique et calmante permet à la fois de dynamiser et de détendre. Elle est utile en cas de difficultés d’endormissement en lien avec un trop-plein d’excitation. Elle aide à établir un sentiment de sécurité intérieure.  

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