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Le calament népéta,
une vraie fausse menthe

Calament népéta

On dirait de la menthe. Enfin, pas tout à fait, car l’odeur diffère de celle habituelle. Alors, qu’est-ce ? Si vous tombez dessus dans le Midi, il s’agit très probablement de calament népéta. Récit d’une découverte.

C’était il y a longtemps. À 20 ans, j’avais décidé de passer mes vacances d’été avec mon amie en partant en 2 CV. Nous avions choisi les Alpes du Sud, histoire d’être tranquilles, et allions de découverte en découverte, nous émerveillant des sensations olfactives que nous proposait la flore.

Le thym, par exemple : quelle différence avec celui des bordures de potagers en Île-de-France ! Son infusion avait un exotique goût de citron. Et la lavande, bien sûr, qui reste l’une des plus belles découvertes de ma vie. Il y avait aussi cette belle « menthe » sauvage au feuillage un peu gris et aux délicates fleurs violacées.

Elle poussait dans les lieux les plus secs – contrairement aux menthes habituelles, qui aiment avoir les pieds dans l’eau. Son odeur puissante était, certes, très mentholée, mais elle rappelait également l’origan… Il s’agissait en fait de calament népéta, une vivace de la famille des Lamiacées (la même que la menthe) que l’aridité n’effraie pas, caractéristique de la région méditerranéenne. Elle se développe et fleurit en plein été quand bien d’autres plantes crient grâce.

Mon herbier : le calament népéta

Le calament népéta (Clinopodium nepeta) est une plante vivace de 20 à 80 cm couverte de poils et d’aspect un peu dégingandé. Sa tige dressée, de section carrée, très rameuse, porte de petites feuilles ovales, courtement...

pétiolées, à peine dentées, d’un vert grisâtre parfois comme ponctué de blanc. Ses fleurs, d’un violet pâle, portées par un long pédoncule, présentent deux lèvres bien marquées. Elles sont groupées au sommet des rameaux en nombreux verticilles compacts mais écartés les uns des autres. Il ne faut pas le confondre avec les espèces du genre Nepeta, de proches cousines.

Il se plaît dans les lieux secs et pierreux du Midi. On le cultive d’ailleurs parfois pour l’ornementation des jardins de rocaille. Son cousin, le calament à grandes fleurs (Clinopodium grandiflorum), répandu ça et là dans les bois du plateau central et les montagnes du Sud-Est, montre de magnifiques fleurs rose vif et dégage une odeur mentholée délicieuse.

En Toscane, en Espagne, en Sicile…

Parée de toutes ces qualités, elle ne m’a pas laissé indifférent. En Toscane, un ami m’a préparé un dessert inoubliable, la castagnaccio, gâteau de farine de châtaigne délayée dans de l’eau et disposée sur une plaque avec des zestes d’orange confits et une bonne dose de nepitella (le nom italien du calament népéta).

En Corse, j’ai retrouvé mon calament, appelé nepita, dans la soupe de poisson qu’il parfume remarquablement. En Espagne et au Portugal, il relève aussi les soupes, les purées, les ragoûts, les omelettes, etc. En Espagne encore, on en fait des liqueurs.

En Sicile, il aromatise les babbaluceddi (« escargots blancs ») et un peu plus loin, sur les îles Éoliennes, on prépare le nieputiddata en broyant au mortier du calament népéta avec de l’ail, que l’on fait cuire ensuite dans de l’huile d’olive avec des tomates, des œufs, des légumes sauvages et du pain rassis.

En salade, en tisane… une plante à consommer toute l’année

Alors pourquoi le calament népéta n’est-il pas utilisé en France continentale ? Pourquoi ce dédain pour une plante aromatique commune, facile à identifier et agréable au goût comme au nez ? En saison, elle est bonne fraîche, dans les salades ou avec du fromage de chèvre. J’en fais aussi sécher (feuilles et fleurs, quoi de plus simple…) pour en faire de savoureuses et toniques tisanes, parfaites le matin – mais qui peuvent aussi empêcher de s’endormir le soir.

Quoi qu’il en soit, si vous habitez ou si vous vous rendez dans le Midi ce mois-ci, ouvrez vos yeux et vos narines, vous ferez de belles découvertes ! Un dernier mot : « calament » vient du grec kala, beau, et minthê, menthe. Il signifie donc « belle menthe ». C’est-y pas joli ?

Recette sauvage : boulettes de chèvre au calament népéta

Ingrédients :

  • 1 fromage de chèvre frais
  • Sel aux herbes
  • 2 cuillerées à soupe d’huile d’olive
  • 1 poignée de feuilles de calament népéta
  • Quelques fleurs de calament

Préparation :

  1. Écrasez le chèvre frais à la fourchette.
  2. Ajoutez le sel parfumé et l’huile d’olive, puis les feuilles de calament népéta hachées fin. Malaxez bien.
  3. Formez des boulettes et décorez avec les fleurs de calament.
  4. Servez sur de larges tranches de pain au levain.
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