Dossier
Faire face au mal de dos (2/4)
Lumbago, arthrose, hernie discale, sciatique… Le mal de dos est le plus souvent en lien avec des phénomènes de tensions musculaires, de dégénérescence ou de nerfs pincés, quand ce n’est pas une combinaison de ces facteurs, voire une tout autre origine. De l’adoption de bonnes postures à l’usage des plantes, notre panel de solutions pour ne plus en avoir plein le dos.
Tensions musculaires, lumbago et stress : objectif détente
Multifactoriel, le mal de dos est souvent difficile à cerner. Il peut avoir des origines très diverses, parfois surprenantes. Ainsi, une lombalgie peut s’expliquer par des contractions utérines ou une inflammation du psoas, le muscle fléchisseur de la cuisse.
Idem pour un hallux valgus, orteil déformé ou « oignon », lequel, induisant un déséquilibre de posture, modifie la courbure lombaire. Un déséquilibre de la mâchoire et une mauvaise position des dents peuvent aussi être impliqués. Ballonnements, ulcère, inflammation de la prostate, calculs rénaux, infection du rein, des ovaires ou pancréatite sont de même susceptibles d’être à l’origine de dorsalgies dites « symptomatiques » lorsqu’elles ont pour origine une infection, une malformation, une tumeur ou encore une fracture.
Les autres douleurs de dos « communes », les plus fréquentes, ont souvent pour cause des tensions musculaires. « Ce n’est pas là où l’on croit que ça fait mal », affirmait la kinésithérapeute Françoise Mézières, à l’origine du concept de chaînes musculaires. Le corps tout entier étant relié par des muscles s’entrecroisant comme les maillons d’une seule et même trame, tout déséquilibre à un endroit du corps se répercute ailleurs, affectant entre autres la colonne vertébrale, ce précieux « mât » soutenant notre corps. Lancinantes, durant dans le temps, ou bien aiguës, survenant d’un coup, les dorsalgies d’origine musculaire se manifestent préférentiellement au niveau des cervicales et des lombaires. Le lumbago, ou « tour de reins », est ainsi l’expression d’un véritable cercle vicieux musculaire. Une contracture bloque la vertèbre dans une mauvaise position, laquelle en retour répond par une contracture réflexe protectrice visant à l’empêcher de bouger…
Souvent attribuées à une cause mécanique (faux mouvement, geste inadapté ou brusque), ces dorsalgies ont principalement comme origine le stress et les émotions, qui jouent un rôle central, tel que l’illustre une expérience menée dans l’Ohio. De même que les dépressifs souffrent quasiment toujours du dos. Selon le professeur de l’université de médecine de New York, John Sarno, le dos est une grande zone de somatisation, servant de dérivatif à la détresse psychique. Une atteinte au cou signerait une difficulté de faire face au quotidien, une douleur aux omoplates ferait écho à une colère rentrée tel un coup de poignard dans le dos, une lombalgie manifesterait des difficultés affectives comme la perte d’un être cher, un divorce ou des problèmes sexuels. Quant aux problèmes d’épaules, ils relèveraient d’un mal-être en lien avec la sphère professionnelle.
Pour soulager un dos en tension et souffrant, certaines plantes apportent leurs bienfaits. Ainsi, la valériane (Valeriana officinalis), outre son action bien connue sur les troubles du sommeil, a des propriétés myorelaxantes, c’est-à-dire décontracturant les muscles. Mêmes vertus pour l’achillée millefeuille (Achillea millefolium), plante antispasmodique agissant sur les muscles lisses et striés. Moins répandue et quelque peu oubliée alors qu’elle était la panacée du médecin de campagne à la Renaissance, la bugle (Ajuga reptans), petite plante vivace rampante des sous-bois et des prairies, apaise également les contractures. La reine-des-prés (Filipendula ulmaria) et le saule blanc (Salix alba), contenant tous deux des dérivés salycilés, précurseur de l’aspirine, peuvent aider à calmer les douleurs. Du côté des huiles essentielles, la lavande fine (Lavandula angustifolia ou vera), le romarin à camphre (Rosmarinus officinalis L. camphoriferum) et le laurier noble (Laurus nobilis) associent des vertus décontracturantes et antalgiques, tout comme l’eucalyptus citronné (Eucalyptus citriodora) et la bay de Saint-Thomas (Pimenta racemosa). Leurs principes actifs puissants viennent s’ajouter à l’effet d’un massage localisé, capable à lui seul de soulager les muscles tendus en bloquant la transmission de messages douloureux. À noter que les techniques d’automassage ont le vent en poupe, comme celle des trigger points. Cette dernière permet, avec un peu d’entraînement, d’atteindre ces petits points durs qui se forment dans certains muscles du dos, comme les trapèzes, le grand dorsal ou le carré des lombes, afin de les détendre.
Bon plan - Lumbago
Tisane
Sommites fleuries d’achillee millefeuille (Achillea millefolium) et de reine-des-pres (Filipendula ulmaria).
Préparation et mode d’emploi
Verser 3 c. a soupe du mélange (a parts égales) dans 1 l d’eau bouillante, infuser quinze minutes et filtrer. A boire dans la journée puis espacer les prises après amélioration. Pendant huit jours environ.
Huiles essentielles
• HE de lavande fine (Lavandula vera ou angustifolia) : 40 gouttes.
• HE de romarin (Rosmarinus officinalis ct camphre) : 20 gouttes.
• HE de laurier (Laurus nobilis) : 20 gouttes.
• HE d’eucalyptus citronne (Eucalyptus citriodora) : 20 gouttes.
• HE de bay de Saint-Thomas (Pimenta dioica) : 20 gouttes.
Préparation et mode d’emploi Mélanger les huiles essentielles a 200 ml d’huile végétale de noyaux d’abricot ou de macadamia. Deux applications par jour sur la région douloureuse.
Dr Jean-Michel Morel, phytothérapeute et aromathérapie
Quand le stress pese sur le dos
Une étude originale menée en 2000 a l’université de l’Ohio a mis en évidence un lien entre le stress et le mal de dos. On a demande a des étudiants de soulever des charges de 12 kg dans une ambiance agréable faite de musique, de compliments, d’encouragements, puis ensuite dans un environnement stressant, avec des critiques et des réprimandes. Résultat : les étudiants les plus sensibles et introvertis contractaient leurs muscles de manière excessive et inadéquate, avec pour conséquence une pression importante sur la colonne vertébrale, suffisante a la longue pour provoquer des maux de dos.
Un apprentissage à l’hôpital
Se consacrer à son mal de dos de manière intensive pour enfin le vaincre… C’est le concept des différents programmes déployés depuis une dizaine d’années dans des CHU (centre hospitalier universitaire). Appelés école du dos (Rennes), école du mouvement (Montpellier), session de réentraînement à l’effort (Pitié-Salpêtrière à Paris) ou de restauration fonctionnelle du rachis (Lille), ces programmes proposent une approche pluridisciplinaire alternant kinésithérapie, relaxation, gymnastique, gestion de la douleur, apprentissage de bons gestes et de bonnes postures… Misant sur la pédagogie, ces stages ciblés, dont le contenu, la durée et l’intensité varient en fonction des CHU, semblent porter leurs fruits, les patients constatant, dans une forte proportion, la diminution voire la disparition de leurs douleurs dorsales chroniques. L’existence de ces structures n’étant pas centralisée, il faut joindre les services de rhumatologie des hôpitaux ou consulter leur site internet pour les trouver.