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Les champignons, une médecine à découvrir (5/5)

Anticancéreux, régénérants du système nerveux, protecteurs cardio-vasculaires… Nombre d'études prouvent désormais que les champignons méritent leur réputation d'aliments de longue vie et de protecteurs immunitaires. Voici un état des lieux du champ thérapeutique de ces espèces végétales, dont certaines sont encore peu connues en Occident. Et constituent une médecine à part entière.

Hydne hérisson, Hericium erinaceus
Hydne hérisson

Des champignons en soutien du système nerveux

Le cerveau, la moelle épinière et les nerfs sont les principaux constituants du système nerveux. Lorsque ce dernier est atteint, des sensations de froid aux extrémités des membres, le syndrome des jambes sans repos, la perte de mémoire, et l’apparition de maladies neurodégénératives peuvent se déclarer. « Or de nombreuses études ont révélé les effets neuroprotecteurs des champignons comestibles, grâce notamment à leurs vertus antioxydantes, anti-inflammatoires et inhibitrices de la cholinestérase, précise la chercheuse Hélène Daher. Cet enzyme est responsable de la dégradation de l’acétylcholine, un neurotransmetteur en déficit dans la maladie d’Alzheimer. On peut aussi leur attribuer la capacité de prévenir la mort neuronale. » Autrement dit, les champignons peuvent à la fois favoriser la croissance nerveuse et ralentir le processus de dégénérescence.

Hericium erinaceus ou crinière de lion, prescrit en médecine chinoise traditionnelle (MTC) depuis 2000 ans, en est un bon exemple. Les extraits du mycélium de ce champignon riche en polysaccharides et dérivés phénoliques nommés erinacines et héricénones déclenchent la synthèse du Neuronal Growth Factor (NGF). Cette protéine est essentielle à la croissance des neurones et donc la reconstitution des tissus nerveux. « De plus, il favorise la synthèse des gaines de myéline », complète Sylvie Simonet, naturopathe formée en mycothérapie. Pour preuve, une étude contre placebo sur des patients atteints d’Alzheimer prenant ce champignon (à la dose de 250 milligrammes trois fois par jour) a montré son utilité dans la protection des capacités cognitives et de la mémoire. On comprend pourquoi ce dernier est très utile dans le traitement des maladies neurologiques telles qu’Alzheimer et Parkinson, mais aussi en cas de sclérose en plaques et de DMLA. « Hericium erinaceus est utilisé aussi bien pour les troubles cognitifs importants que pour de simples pertes de mémoire », précise Alain Tardif, naturopathe et auteur de plusieurs ouvrages sur la mycothérapie. Aussi, une autre étude démontre que ce dernier peut aider à réduire la gravité des lésions cérébrales et réduire l’inflammation après un AVC.

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Lepista...

inversa et maladies génétiques rares

Un extrait de champignon très courant en Île-de-France nommé Clitocybe inversé (Lepista inversa) a été reconnu comme bénéfique sur des patients atteints de mucoviscidose, d’après une étude française réalisée en 2017. Les chercheurs ont en effet montré la capacité du champignon à restaurer très efficacement l’expression de gènes humains présentant des mutations dites non-sens, c’est-à-dire d’un changement dans la séquence de l’ADN, sur des cellules en culture. Alors qu’environ 10 % des personnes atteintes de maladies génétiques rares, telles que la mucoviscidose ou la myopathie de Duchenne, sont porteuses d’une mutation non-sens, ­Fabrice Lejeune, chercheur à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), affirme que « cette découverte est porteuse d’espoir, car ce champignon, bien que non prisé pour ses qualités gustatives, est comestible. Il est de plus très courant. » Toutefois, il faudra se montrer prudent dans sa récolte, car il existe un sosie du champignon avéré toxique, le Clitocybe amoenolens.

Autre champignon intéressant, le Boletus edulis ou cèpe de Bordeaux est riche en vitamines du groupe B, ce qui fait de lui un bon équilibrant psychique. « Ce champignon agit sur la microcirculation cérébrale, il a une action protectrice qui facilite l’irrigation du cerveau », explique Alain Tardif. Selon Hélène Daher, le Coriolus versicolor possède également des effets neuroprotecteurs, tout comme le reishi. « Une étude a mis en évidence qu’une consommation de reishi peut diminuer la progression d’Alzheimer. Ces extraits pourraient également protéger les ­neurones dopaminergiques de l’inflammation produite au cours de la maladie de Parkinson. »

De la cueillette à l’assiette

L’armillaire couleur de miel

De la famille des tricholomatacées, la couleur de l’Armillaire (Armilaria mellea) varie en fonction de l’arbre sur lequel il pousse, mais en général, sa teinte reste celle du miel. Il présente des mèches brunes sur le haut de son chapeau, tandis que son pied beige et élancé possède un anneau blanc épais. Pour le déguster en été, en automne ou même en hiver, on porte son chapeau à ébullition (le pied est trop fibreux pour être consommé). Le blanchir permet en effet de le rendre plus digeste, car cru ou d’un âge avancé, son goût est très amer et peut provoquer des troubles gastro-intestinaux. Il est délicieux dans une tourte feuilletée avec des tagliatelles, dans un risotto ou en omelette. Attention :une confusion est possible avec la galère marginée (Galerina marginata), l’hypholome en touffe (Hypholoma fasciculare) ou encore la pholiote changeante (Pholiota mutabilis).

De son côté, l’armillaire couleur de miel (Armillaria mellea), que les botanistes s’accordent à classer comme étant le plus dangereux parasite des arbres, est riche en polysaccharides. Ce ­champignon contribue à soulager des pathologies telles que l’épilepsie, le syndrome de Ménière (problème d’oreille interne) et de combattre la sensation de vertige par un effet vasculaire et une action directe sur le système nerveux central, selon des chercheurs chinois.

À cette liste, on peut ajouter la clavaire ­crépue ­(Sparassis crispa) qui pourrait devenir un candidat ­prometteur pour traiter les maladies neurodégénératives. Il a été montré que ses polysaccharides protègent contre l’apoptose neuronale (mort des neurones) induite par un neurotransmetteur associé à la mémoire, le glutamate. Enfin, selon des études récentes, manger des champignons serait également bénéfique pour réduire les risques de développer un trouble cognitif léger. Pour expliquer cette corrélation, les chercheurs mettent en avant le rôle de l’ergothioneine et du ­glutathion, deux antioxydants dont les champignons sont riches, notamment les cèpes. Alors que l’ergothioneine n’est pas naturellement synthétisé par le corps, les champignons en sont une des sources les plus riches. « Sans nous redonner la mémoire de nos 20 ans, leur utilisation ralentit le processus de dégénérescence », confie le pharmacien Rémy Ngo. Reste à souhaiter que ces multiples propriétés soient de mieux en mieux connues.

À lire

  • Les champignons comestibles, aliments d’avenir, par Jean-Marie Samori, éd. Dauphin
  • Les champignons de santé et de longévité, par Jean-Claude Secondé, éd. Grancher
  • La mycothérapie, médecine des champignons, par Alain Tardif, éd. Amyris

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Les thérapeutes formés à la mycothérapie sont encore peu nombreux en France. Une liste est disponible sur Annuaire thérapeutes.

Une école de naturopathie comprend la mycothérapie dans son cursus avec des cours du Dr Donatini. Retrouvez les praticiens ici.

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