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Mieux manger et prévenir le cancer (4/5)

Une grande partie des cancers pourraient être évités car ils sont dus à nos modes de vie et à notre environnement. Parmi eux, 20 % des facteurs de risque concernent notre alimentation. De quoi  nous motiver à revoir nos habitudes, en évitant les aliments favorisant le cancer, et en consommant plus d'aliments protecteurs. Il n'est jamais trop tard pour bien faire !

Choisir les aliments protecteurs

Choisir les aliments protecteurs

Les populations qui vivent le plus longtemps sont aussi celles qui souffrent le moins de cancer. C’est le cas des Crétois et des habitants de la petite île japonaise d’Okinawa, devenus célèbres malgré eux. Mais qu’est-ce qui peut bien expliquer leur remarquable bonne santé ? En partie, leur alimentation. Depuis les années 1980, les chercheurs se sont donc mis à table avec eux. Et qu’ont-ils noté ? Une diversité alimentaire particulière, mais des points communs entre ces deux îles pourtant si éloignées.

Partons d’abord vers le pays du Soleil levant. Le régime d’Okinawa se caractérise par la consommation de poissons et d’huiles riches en oméga-3. Dans leurs menus, peu de laitages et de viande à l’exception du porc et des volailles. Du sucre à petite dose, uniquement au moment du goûter. De l’eau riche en magnésium et du thé vert dégusté tout au long de la journée. Du riz comme céréale de base et surtout une multitude de légumes dont le soja cuisiné cru, cuit ou fermenté.

Des légumes en abondance, c’est aussi la base du régime crétois, aujourd’hui dénommé régime méditerranéen. Mais pas seulement. Aubergines, tomates, courgettes sont ainsi sublimées par l’huile d’olive riche en oméga-9. Et au bord de la Méditerranée, c’est le poisson qui vient apporter les ­oméga-3. Mais aussi d’autres aliments surprise, à savoir la salade de pourpier et les escargots, dont raffolent les Crétois. Quoi qu’il en soit, il ne faut pas sous-estimer les apports en matières grasses de ces alimentations. « On a pu observer que les oméga-3 (EPA et DHA) et les oméga-9 de l’huile d’olive présentent des actions anticancéreuses. Une étude a montré que la cellule cancéreuse accumule la DHA qui va alors s’oxyder, libérant des molécules qui vont entraîner sa mort. Un phénomène différent de celui des oméga-6 et des graisses saturées qui, via les prostaglandines de type 2, ont plutôt tendance à être pro-inflammatoires, donc pro-cancéreuses », souligne le Dr Luc Bodin. Or, l’alimentation occidentale favorise de plus en plus la consommation d’oméga-6 au détriment des oméga-3, favorisant ainsi un terrain inflammatoire qui fait le lit des cancers.

Plus de champignons

Shiitaké, pleurotes, girolles, portobellos, champignons de Paris… Faites entrer les champignons dans vos plats. Surtout si vous êtes une femme. D’abord parce que certaines de leurs molécules sont capables de freiner le processus de cancérisation (en particulier celui du sein) en bloquant l’aromatase, une enzyme qui intervient dans la production d’œstrogènes. Ensuite parce qu’associés aux noix et amandes, ils peuvent gustativement remplacer la viande, leur goût « umami » faisant penser à celui de la viande. Alors, osons les hamburgers aux champignons !

Autres acteurs majeurs du régime méditerranéen : les légumes et les fruits. D’ailleurs, le World Cancer Research Fund et le Haut Conseil de santé publique recommandent d’en consommer au moins 600 grammes par jour pour se prémunir des cancers. Or, selon Santé publique France, 58 % d’entre nous ne mangent malheureusement pas les cinq fruits et légumes par jour recommandés, qui constituent pourtant une moyenne basse. Mais il est toujours possible de revoir nos consommations à la hausse.

S’il faut mettre l’accent sur ces végétaux, c’est bien parce qu’ils apportent des nutriments dont les activités anticancéreuses ont au moins été démontrées en laboratoire ou sur l’animal. Selon le Dr Michael Greger, ils auraient même la faculté de modifier l’expression de nos gènes.

Le coup de pouce des infusions

On cherche souvent à consommer des tisanes pour leurs pouvoirs thérapeutiques. Or, ces boissons présentent une concentration non négligeable en antioxydants anticancéreux. Ainsi va-t-on retrouver de la chlorophylle dans la mélisse ou les menthes, ou encore des anthocyanes dans le cassis. Dans le romarin, ce sont des polyphénols et des éléments soufrés comparables à ceux de l’ail ou des choux qui vont s’opposer aux cellules cancéreuses. Les tisanes, des alliés de plus dans la guerre contre les cancers !

Plusieurs molécules phytochimiques sont capables de bloquer la prolifération tumorale. Dans l’ail, une vingtaine de composés, dont l’allicine et le germanium, s’opposeraient ainsi aux mutations chromosomiques. Pour les petits fruits rouges (fraises, framboises, myrtilles…), c’est un trio composé d’acide ellagique, d’anthocyanidine et de proanthocyanidines qui inhiberait le développement des cellules cancéreuses. En symbiose avec les vitamines A et C, le lycopène de la tomate va, lui, faciliter la production de connexine 43, une protéine qui force les cellules cancéreuses à mourir. Ce qui a notamment été constaté dans les cas de cancer de la prostate. Tout en freinant la croissance des tumeurs, les éléments soufrés des choux seraient aussi de puissants agents de détoxication de l’organisme. Leur action serait d’autant plus protectrice qu’ils travaillent en synergie avec d’autres composés anticancéreux tels que les glucosinolates ou l’isothiocyanate. Quant aux agrumes, ils disposent non seulement de flavones et de vitamine C, mais aussi d’une substance particulière appelée d-limonène, qui diminuerait le risque des cancers de l’œsophage, de l’estomac, du larynx ou de la bouche. Enfin l’aliment protecteur que l’on cite traditionnellement en référence est une boisson : le thé, dont le thé vert. Il renferme un autre superagent : l’épigallocatéchine gallate. Et là, les études cliniques sur l’homme sont de plus en plus parlantes. « Une étude portant sur 35 369 Américaines a ainsi montré que celles qui buvaient plus de thé noir quotidiennement réduisaient de 32 % leur risque de cancer du tube digestif et de 60 % celui de l’appareil urinaire. Les fumeurs japonais qui consomment une dizaine de tasses de thé vert par jour ont deux fois moins de cancers du poumon que les fumeurs américains. Enfin, une autre recherche américaine suggère que les hommes qui ont bu cinq tasses de thé vert par jour durant les cinq jours précédant une opération de la prostate ont vu la prolifération tumorale diminuer. Imaginons le potentiel d’une consommation régulière de thé vert chez les messieurs », projette le Dr Luc Bodin.

Le dilemme du soja

Parmi les composants du soja, les isoflavones et la saponine ont été particulièrement étudiées. On sait que la saponine lutte contre l’extension des cancers de la peau et du col de l’utérus. Pour les isoflavones, le sujet est plus complexe. Elles sont d’importants précurseurs hormonaux et de la génistéine, une substance phytochimique qui interromprait la multiplication de plusieurs types de cellules cancéreuses (côlon, pancréas, foie, poumon). Cependant, en cas de cancers hormonaux (sein, ovaire, prostate, utérus, testicule), deux théories s’affrontent. « Celle qui considère que les phytoestrogènes du soja bloquent l’action des vrais œstrogènes qui stimulent le cancer, et celle qui pense que les phytoestrogènes stimulent le cancer, comme le font les vrais », décrypte le Dr Luc Bodin… Aussi, par précaution, les personnes souffrant de ce type de cancer ou susceptibles de les développer limiteront leur consommation de soja.

Même si certains végétaux sortent du lot, on ne peut cependant pas parler d’aliments miracles ou de panacée anticancer. Car c’est bien la combinaison de tous les nutriments anticancer qui va renforcer notre terrain et lui permettre de résister à l’altération chromosomique de nos cellules. La diversité paye toujours.

Graines germées : une explosion de vitamine C

Si les graines germées ont un intérêt nutritionnel remarquable, c’est parce qu’elles sont beaucoup plus riches en micronutriments que leurs homologues séchées, notamment en vitamine C. Or, cette vitamine est connue pour ses propriétés préventives contre la majorité des cancers, lorsqu’elle est absorbée au travers de l’alimentation (voir Plantes & Santé 228). Parmi les graines germées les plus riches en vitamine C, on retrouve celles de brocoli, de soja ou encore de fenouil. Attention cependant à d’autres graines, comme celles de tomate, d’aubergine, de rhubarbe ou de soja jaune, qui ne sont pas comestibles. Enfin, si vous les faites pousser chez vous, l’hygiène doit être irréprochable, car elles peuvent abriter des bactéries telles que l’Escherichia coli.

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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