Dossier
Mieux manger et prévenir le cancer (2/5)
Une grande partie des cancers pourraient être évités car ils sont dus à nos modes de vie et à notre environnement. Parmi eux, 20 % des facteurs de risque concernent notre alimentation. De quoi nous motiver à revoir nos habitudes, en évitant les aliments favorisant le cancer, et en consommant plus d'aliments protecteurs. Il n'est jamais trop tard pour bien faire !
Limiter les aliments procancéreux
Certains aliments devraient être considérés comme des friandises, à consommer avec une extrême modération. Or, ils ont pris de plus en plus de place dans nos filets à provisions. Et leur abondance est venue perturber notre organisme qui ne sait plus gérer ces excès.
C’est le cas par exemple de la viande rouge, qui peut s’inviter trop souvent à notre table. Par viande rouge, il faut entendre le bœuf bien entendu, mais aussi le veau, l’agneau et le porc, même si leur couleur ne correspond pas à cette appellation. « Depuis 2015, la viande rouge a été officiellement classée comme cancérigène connue ou probable selon son mode de préparation. On s’est surtout intéressé aux substances générées par sa cuisson, son fumage et son salage », relate le Dr Michael Greger dans son livre Soyez l’expert de votre alimentation (éd. Robert Laffont). On sait désormais qu’un excès de consommation de viande grillée induit un risque accru de cancer colorectal. Et sûrement d’autres formes de cancer, bien qu’il ne s’agisse encore que d’une forte suspicion scientifique.
Ainsi, l’étude américaine Long Island Breast Cancer Study a démontré que les femmes ménopausées qui avaient consommé le plus de viandes grillées ou fumées durant leur vie avaient augmenté leur risque de cancer du sein de 47 %. Les particules incriminées ? Ce sont en majorité les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) qui caramélisent la viande et lui donnent ce goût que nous aimons tant. Particules que l’on retrouve en moindre quantité dans les viandes blanches (volailles, canard et lapin), dont la consommation est d’ailleurs moins contestée. Ces données scientifiques ont donc débouché sur de nouvelles recommandations. Non seulement on essaiera de ne pas dépasser une température de cuisson de la viande de 125 °C (à l’eau, à la vapeur ou en sauté) et de la faire griller le moins possible. Mais on ne mangera pas plus de 500 g de viande hebdomadaire et 150 g de charcuterie selon les recommandations du réseau Nacre (National Alimentation Cancer Recherche).
Dilemme sur les produits laitiers
Désormais fixée à deux unités par jour (au lieu de trois), la consommation de produits laitiers pose toujours question, même si le Centre international de recherche sur le cancer reconnaît leur intérêt dans la prévention du cancer du côlon. Des études montrent en effet qu’un apport excessif en calcium des produits laitiers favorise le développement du cancer de la prostate. « Dans la ligne de mire, les produits à base de lait de vache, trop concentrés en caséine et...
facteurs de croissance », rappelle le Dr Michel Lallement. Enfin, la production intensive du lait est un moyen pour la vache d’évacuer les pesticides et médicaments qu’elle a absorbés. C’est moins le cas avec le lait issu des petits animaux, chèvre ou brebis, qu’il vaut mieux privilégier. Et encore moins des boissons végétales, qui se prêtent à de nombreuses recettes.
Jetons maintenant un œil sur la consommation d’une boisson qui s’accorde si bien avec nos petits plats : le vin, et plus généralement l’alcool. Là encore, on a longtemps sous-estimé son effet délétère. Et pourtant, une prise quotidienne d’alcool entraîne une augmentation de 8 % du risque de développer un cancer. Et cette fois-ci ce sont la bouche, le pharynx, le larynx, l’œsophage, l’estomac et bien sûr le foie qui sont les premiers exposés à ses attaques, bien que l’alcool puisse aussi intervenir dans le développement des cancers du sein et même du poumon. Par quel mode d’action ? Le composant principal des boissons alcoolisées, l’éthanol, s’attaque à l’ADN de nos cellules et les fait muter. Là aussi, les recommandations de consommation ont donc été revues à la baisse dans la mesure où les études montrent que les risques de cancer augmentent dès le premier verre consommé. Pour l’Institut national du cancer (Inca), la dose maximum quotidienne est donc de deux verres d’alcool. Et on précise même qu’il ne faudrait pas boire plus d’un verre si on est une femme. En privilégiant bien entendu le vin rouge pour ses qualités cardiovasculaires dues à la présence de nombreux antioxydants qui contrent les effets délétères de l’alcool. Et encore, pas tous les jours. Et oui, on pourra ainsi s’accorder cinq à dix verres par semaine. Mais surtout pas plus ! Moins nous boirons d’alcool, mieux nous nous porterons.
L’aspartame : un ennemi pour la vie ?
Présent dans plus de 6 000 aliments, boissons et même médicaments, l’aspartame règne en maître parmi les sucres de substitution. Toutefois, il vaut mieux l’éviter si l’on veut se préserver du cancer. Dans son ouvrage, L’alimentation, un renfort indispensable contre le cancer, le Dr Luc Bodin reconnaît que cet édulcorant synthétique se transforme en plusieurs poisons une fois absorbé. Deux neurotoxiques d’abord, la phénylalanine (également allergisante), qui fait chuter le taux de sérotonine, et l’acide aspartique. Et deux autres molécules procancéreuses : la dicétopipérazine et le méthanol contenant du formaldéhyde, qui s’accumule dans l’organisme car il a du mal à être éliminé. Préférez sans hésiter les produits à base de stévia.
Autre ingrédient dont il faudra se méfier, même si nos cellules en ont besoin sous forme de glucose pour fonctionner : les sucres, et notamment les sucres dits rapides, qui font monter l’index glycémique à toute vitesse. Conséquences : « une libération excessive de l’insuline et d’un autre facteur, l’IGF-1, tous deux se comportant comme des facteurs de croissance. Et qui dit facteur de croissance suppose une prolifération des cellules cancéreuses, entretenue par la prise de poids et le développement potentiel d’un Candida albicans dans le microbiote intestinal », regrette le Dr Michel Lallement. Une explication qui commence à être confirmée par de récentes études. Comme celle d’un groupe de scientifiques travaillant au sein de l’étude épidémiologique NutriNet-Santé et qui a constaté que la consommation quotidienne de boissons sucrées (y compris celle des jus de fruits industriels) augmente le risque de cancer de 18 %, cette augmentation étant plus marquée pour le cancer du sein chez la femme ménopausée.
Thé ou café : sans lait, s’il vous plaît !
Le thé et le café sont considérés depuis longtemps comme des boissons anticancéreuses. Grâce à leur richesse en polyphénols, mais aussi parce que leur consommation augmente le taux de bifidobactéries dans l’intestin. En ajoutant du lait dans ces boissons, on pourrait contrarier les effets bénéfiques de ces molécules qui se trouveraient piégées par les protéines du lait (les caséines). Donc le thé ou le café, on les boit sans lait !
On s’attachera donc à revoir les petits déjeuners à la française, souvent trop sucrés, à consommer des desserts aux fruits frais en fin de repas et à éviter de grignoter des friandises le soir devant la télévision. Quant aux sodas, on fera l’impasse dessus !
Enfin, si nous devons lever le pied sur le sucre, il en est de même pour le sel. Car les aliments riches en sel ravissent notre palais, mais agressent les cellules de notre estomac. En 2015, une expertise de l’Inca a ainsi conclu qu’une augmentation du risque de cancer est associée à la consommation de sel et d’autres aliments salés, car ceux-ci provoquent une altération du mucus de l’estomac et une inflammation des parois stomacales. Remplaçons donc le sel par des herbes pour donner du goût à nos plats. Consommons aussi moins de charcuterie et de fromage et privilégions la cuisine maison, bien moins salée que les plats industriels, qui restent à bannir de nos assiettes.
Tous les sucres ne sont pas aussi nocifs
Les cellules cancéreuses raffolent du sucre dont elles se nourrissent. Or, il existe des alternatives au sucre blanc. Des chercheurs se sont donc intéressés à leur richesse en antioxydants, qui pourraient réduire l’effet nourricier des cellules cancéreuses. Et ils ont noté une différence de concentration de ces agents protecteurs dans ces produits. Ainsi, les sirops de maïs ou d’agave renferment une bien trop faible concentration en antioxydants (moins de 0,01 mmol FRAP/100 g). Avec 0,1 mmol/100 g, le sucre de canne est à peine plus intéressant, tandis que le miel, le sirop d’érable et le sucre brun varient entre 0,2 et 0,7 mmol/100 g. Contre toute attente, c’est la mélasse de caroube qui serait à conseiller, son taux d’antioxydants variant de 4,6 à 4,9 mmol/100 g.