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Manger local, ça va loin !

Le locavorisme consiste à donner sa priorité à une alimentation la plus locale possible.

Aujourd’hui, si on cherche à acheter des aliments cultivés et produits près de chez soi, on trouve. Au-delà des clichés bio et bobo qui collent à ceux qu’on appelle les "locavores", la démarche s’étoffe de plus en plus pour revêtir une dimension écologique et aussi sociale.

Et si nos habitudes alimentaires étaient en train de changer ? En effet, les circuits courts et le locavorisme sont en plein essor. Les premiers désignent un mode de vente sans intermédiaire, ou juste un, entre le producteur agricole et le consommateur. Le second est un néologisme qui consiste à donner sa priorité à une alimentation la plus locale possible. Dans son livre dédié au sujet, Anne-Sophie Novel, docteur en économie, indique que les locavores établissent une zone dont le rayon varie de 50 à 200 km selon les régions.

Cette nouvelle tendance ne concerne plus seulement les chanceux qui habitent près d’un marché paysan ou d’exploitations agricoles pratiquant la vente à la ferme. Des consommateurs se prennent en main tandis que des associations ou des entreprises organisent ce contact direct avec le monde agricole. Fini le caddy, faites valser les paniers ! Le retour au terroir se porte bien : plus c’est court, plus c’est bon ! Ayant peu voyagé, les aliments conservent leurs nutriments ; c’est idéal pour le goût mais aussi pour la santé. Sans parler de la facture écologique qui devient ainsi beaucoup moins lourde.

Cette dynamique est intimement liée au développement de l’agriculture biologique comme en témoigne Marie Maurage, éleveuse de chèvres et de brebis dans les Hautes-Alpes : "Les paysans bio ont été à l’origine de ce type de circuits, dits alternatifs, de commercialisation. Au départ, parce qu’ils n’avaient pas d’autre choix, les circuits classiques leur étant souvent fermés." Quelle est l’ampleur du phénomène aujourd’hui ? On trouve plusieurs chiffres : une enquête de la Fédération des parcs naturels régionaux de France estime en 2008 de 1 à 3 % la part de marché des circuits courts alimentaires ; selon la dernière enquête statistique ministérielle, environ 80 000 fermes seraient concernées, soit 15 % du total des exploitations agricoles françaises. Dans le lot, on voit aussi se profiler des approches opportunistes et purement commerciales qui surfent sur cette nouvelle vague.

Au travers d’exemples que nous vous présentons dans cet article, nous avons sélectionné des initiatives de circuits courts et de locavorisme défendant une certaine éthique. Elles concernent davantage les fruits et légumes que les productions animales. Et, pour le consommateur, c’est souvent l’occasion de découvrir l’immense richesse de la biodiversité agricole car les producteurs sont souvent des maraîchers bio qui tentent l’aventure des variétés anciennes. C’est aussi le moyen de rapprocher la ville de la campagne et de payer un prix plus juste aux agriculteurs. Certains ont même tout misé sur ces circuits courts non seulement pour pérenniser leur activité, mais aussi par conviction, pour les contacts enrichissants que ces échanges génèrent et pour accorder leur mode de culture à une commercialisation plus juste. D’ailleurs de plus en plus de ces initiatives œuvrent pour sortir d’un certain élitisme et proposent un prix en fonction du revenu des acheteurs. Qui a dit que manger local était une mode ?

Les grands réseaux

  • Les AMAP, un soutien militant aux agriculteurs bio

Le réseau des AMAP fait aujourd’hui référence en matière de circuit court. Et pour cause, le principe en est exemplaire : les consommateurs d’une commune ou d’un quartier organisent eux-mêmes, sans aucun intermédiaire, leur approvisionnement en fruits et légumes, en viande, ou encore en produits laitiers. Pour cela, ils passent un contrat annuel avec un ou plusieurs producteurs. En général, une poignée d’individus lancent l’initiative, la principale difficulté étant de trouver le bon agriculteur : bio ou en conversion, et capable de livrer ses produits. Le recrutement des consommateurs se fait ensuite facilement, par affiches ou par bouche- à-oreille. Quelle chance quand une AMAP voit le jour près de chez soi ! Les adhésions ne se font généralement pas attendre, et une liste d’attente doit souvent être ouverte. Bien pratique d’ailleurs pour identifier les personnes qui deviendront des "intermittents du panier" : il s’agit des consommateurs occasionnels de l’AMAP, que les adhérents peuvent contacter lorsqu’ils sont absents pour récupérer leur panier.
Infos : www.miramap.org

  • Les Jardins de Cocagne, solidarité avant tout

Avec les Jardins de Cocagne, on peut manger bio et aider des hommes et des femmes en situation précaire. En effet, ces exploitations maraîchères sont autant d’associations qui emploient des allocataires du RMI, des chômeurs de longue durée, des personnes sans revenus ou sans domicile. Encadrés par des salariés permanents, ils bénéficient d’un retour en douceur dans la société et sur le marché du travail.
Depuis deux ans, le réseau a lancé l’opération "Paniers solidaires". Elle consiste à proposer à des familles défavorisées le panier bio à un faible prix. Le Jardin de Cocagne Le Terreau, en Ardèche, a mis en place ce projet. "On a choisi de déterminer un prix de panier en fonction du quotient familial", explique Julie Gendron, accompagnatrice socioprofessionnelle de l’association. Pour ces familles précaires, le panier passe de 12 à 3 € maximum. Le manque à gagner pour ce jardin est notamment pris en charge par la région Rhône-Alpes et le département.
Une vingtaine de familles bénéficient ainsi de paniers frais hebdomadaires, alors que le projet à l’échelle nationale veut toucher environ 200 foyers. Des ateliers de cuisine sont aussi proposés à ces familles pour les aider à retrouver l’habitude de mettre des légumes au menu.
Infos : www.reseaucocagne.asso.fr • Tél. : 01 43 26 37 84

Initiatives originales

  • Le collectif Raccourci, six paniers en un

Les circuits courts se développent tous azimuts, à tel point qu’on peut craindre dans certaines zones une concurrence entre les différentes initiatives et surtout un manque de visibilité pour les consommateurs intéressés. À Lyon, sept initiatives de circuits courts se sont regroupées au sein d’un collectif. Sous le nom de Raccourci, on trouve notamment le réseau des AMAP de l’agglomération lyonnaise et cinq associations proposant des paniers sur un modèle original. Le collectif défend une charte éthique qui met l’accent sur des composantes sociales, environnementales et économiques.
Infos : www.raccourci.org

  • Les P’tits Fruits solidaires, halte au gaspillage !

Ne laissez pas perdre les fruits de vos jardins, donnez-les ! C’est cette idée toute simple qu’un jeune Francilien a décidé de formaliser grâce à la souplesse et la rapidité d’internet. L’association vise à mettre en relation les personnes qui ont des surplus dans leur potager – tous les jardiniers le savent, il y a des années où pommes et tomates sont abondantes ! – et ceux qui aimeraient bien croquer un fruit ou un légume à point. Il suffit de poster une annonce sur le site et le contact se fait par Mél. ou par téléphone. Lancée en 2011, l’initiative est encore confidentielle, faites-la connaître !
Infos : www.les-ptits-fruits-solidaires.com

À l’assaut des terroirs !

  • Slow Food, le partage des saveurs authentiques

Créé pour lutter contre la malbouffe et le fast food, l’association Slow Food fait la promotion des produits "bons et sains" sur notre territoire mais aussi aux quatre coins du monde avec son réseau mondial nommé Terra Madre.
L’association se pose en défenseur d’une agriculture vivrière, respectueuse de la biodiversité et du goût. Ses membres, des petits producteurs, paysans, mais aussi des chefs, des sociologues, ethnologues, économistes, organisent toute l’année des rencontres avec le consommateur, des salons-marchés – le plus important est Euro Gusto, une fois tous les deux ans – des marchés paysans dans de nombreux villages. Les produits du terroir y sont présentés et mis en valeur mais aussi protégés à l’instar des produits estampillés Sentinelle qui ne sont plus cultivés qu’en un seul lieu. C’est le cas du navet noir de Pardailhan, de la lentille blonde de Saint-Flour ou du chou de Lorient. Localement, l’association s’organise en conviviums.
Infos : slowfood.com

  • Oh ! Légumes oubliés, des produits reliés à leur terre

Bernard Lafon cultive depuis trente ans, à 15 km de Bordeaux, une multitude de variétés potagères anciennes, orties, panais, topinambours... Il transforme ses produits en conserves, qu’il commercialise sous la marque Oh ! Légumes oubliés, labellisée AB. Des soupes, des pâtes à tartiner, des sauces... autant de recettes formulées avec les productions de sa ferme complétées par un réseau d’approvisionnement local en Aquitaine. Car les circuits courts sont le cheval de bataille de Bernard Lafon : ce passionné vient de déposer les statuts de l’association Re-local Organisation, dont l’objectif est de favoriser et d’accompagner les initiatives de relocalisation des productions agricoles et agroalimentaires. "Nous ne pouvons pas nier les enjeux écologiques qui nous menacent", déclare cet obsédé du réchauffement climatique et de l’épuisement des ressources naturelles.
L’outil de cette démarche est un label, "Circuits courts de productions", qui garantit que 95 % des ingrédients sont cultivés localement. La marge de 5 % correspond notamment au sel, au poivre, aux épices et à d’éventuels légumes qui ne peuvent pas être cultivés sur la zone de référence concernée. Sa marque Oh ! Légumes oubliés est déjà estampillée Produit d’Aquitaine. "La Bretagne est intéressée par notre démarche et on a pris des contacts au Pays basque", se réjouit Bernard Lafon.
Infos : www.ohlegumesoublies.comwww.re-local.org • Tél. : 05 56 30 61 00

Sur internet :

  • www.mangeonslocal.fr
    Le site du plus célèbre locavore de France, Stéphane Linou,
qui habite Castelnaudary. En 2008, il rendait compte de son expérience : se nourrir exclusivement,
    durant une année, de produits ayant poussé à moins de 150 km de chez lui.
     
  • www.manger-local.fr
    Lancé en novembre 2011 par la région Languedoc-Roussillon, ce site est une initiative territoriale qui répertorie les fermes pratiquant la vente directe.
     
  • www.marches-producteurs.com
    Ce site, piloté par les Chambres d’agriculture, répertorie les "Marchés des producteurs de pays", une marque déposée. Il permet d’identifier les marchés composés uniquement de paysans fermiers et de producteurs artisanaux.
     
  • www.consocollaborative.com
    Le blog de la consommation collaborative, très riche en initiatives de circuits courts.
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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