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Le beurre de karité, un don de l'arbre sacré

Beurre de karité
Beurre de karité

Le beurre de karité provient du noyau d'un fruit semblable à un petit citron séché. Brut, désodorisé ou parfumé, il faut bien le choisir. L'utiliser, c'est participer à la préservation de son arbre sacré et au travail des femmes de certaines régions d'Afrique de l'Ouest et centrale, pour le bonheur de toutes les peaux. Y compris celle des bébés.

Clémence, mon amie d’enfance, masse Noé. Noé regarde Clémence, yeux brillants, bouche en cœur. Et moi je les regarde tous les deux, sourire idiot, sens en extase. Quand soudain, Clémence s’essuie les mains dans ses propres cheveux ! Je lui propose : « Tu veux une serviette ? ». Elle rit. « Surtout pas ! Le beurre de karité, c’est précieux. Si tu fais attention, le pot te fait une année. Mon homme s’en passe même sur la barbe après avoir massé Noé. »

Dieynaba Ndoye, créatrice de Waam (entreprise spécialisée en beurres et huiles végétales, eaux florales et poudres de plantes), est née au Sénégal. Elle connaît bien ce rituel. Au pays, on dit que le beurre de karité est l’or des femmes. Composé de vitamines A, E et F, il favorise le renouvellement cellulaire. Comme il est riche en acides gras (oméga-9), c’est un excellent isolant du froid mais aussi des rayons du soleil grâce à sa teneur en latex naturel. Sa mère l’utilisait pour tout : « Il prévient la peau de croco, les cheveux trop rêches, les vergetures chez la femme enceinte et allaitante, nourrit la peau de bébé, participe au soin du cordon ombilical et des cicatrices, combat l’eczéma et même la gale, et la fatigue musculaire, ce qui suggère une activité anti-inflammatoire. Le seul problème, c’est qu’il sent fort ! Traditionnellement, on lui ajoute quelques zestes de citron… » Je comprends donc pourquoi ce beurre est quasiment systématiquement vendu désodorisé ou parfumé.

À savoir : Le label Bio n’est pas le seul critère à prendre en compte pour choisir un beurre de qualité. Il est important qu’il soit issu d’une première pression à froid et d’un raffinage mécanique, afin que ses principes actifs soient conservés, et, qui plus est, pour encourager les filières équitables.

Tout est bon dans l’arbre à karité

Afin de proposer un produit pur et éthique, Dieynaba travaille avec une coopérative malienne qu’elle va régulièrement visiter. Elle réunit 1 500 femmes qui s’autogèrent. Elles savent cueillir les fruits et manier les noyaux de karité avec respect : ils sont lavés, séchés, torréfiés, concassés, moulus puis barattés. Un beurre mou à la robe jaune et à l’odeur caprine leur est alors acheté au bon prix, avant d’être parfumé ou désodorisé à la vapeur d’eau, de façon donc mécanique, sans solvants chimiques. Au Mali, le beurre de karité est encore utilisé pour cuisiner, comme une huile de tournesol dans le tieb par exemple (plat au riz), mais aussi pour les...

fritures et dans les sauces. Au Burkina Faso, pays limitrophe, les feuilles, les écorces et les racines de l’arbre sont conservées pour la fabrication de remèdes traditionnels ; le bois et les coques servent à la construction de maisons et à la production de charbon ; les déchets fertilisent les sols et éloignent les insectes… Bref, c’est un véritable trésor !

Selon le ministre du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat burkinabè, Harouna Kaboré, la filière permet à près de trois millions de femmes d’avoir un revenu grâce au commerce du beurre de karité

Une spécialité du Burkina Faso

Il existe deux espèces d’arbre à karité : le Vitellaria paradoxa et Vitellaria nilotica. Au Burkina Faso, deuxième pays producteur de beurre de karité au monde avec son voisin le Mali (après le Niger et juste avant le Sénégal), on ne trouve que la première variété. Plus riche en stéarine (graisse végétale naturelle), ce beurre est prisé par l’industrie pharmaceutique et cosmétique, mais aussi alimentaire, car il participe, entre autres, à la fabrication du chocolat. Selon le ministre du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat burkinabè, Harouna Kaboré, la filière permet à près de trois millions de femmes d’avoir un revenu grâce au commerce du beurre de karité.

Une espèce menacée

Dans son livre Voyage dans l’intérieur de l’Afrique, l’explorateur écossais Mungo Park décrivait à la fin du XVIIIe siècle un beurre issu d’un fruit très apprécié par les habitants rencontrés lors de sa remontée du fleuve Niger. Il s’agissait bien du beurre de karité, issu de « l’arbre à beurre » comme il est nommé en wolof ou de « l’arbre à vie » en langue dioula. Les griots en ont même fait un arbre sacré, par ces quelques mots prononcés au XIIIe siècle par la reine Sogolon Kèdjou avant de mourir : « Sur toutes les terres où pousse le karité, Dieu assoira son autorité. » Fort convoité, son commerce débuta au XIXe siècle ; les noix de karité pouvaient même être versées en guise d’impôts aux colons. Mais aujourd’hui, du fait d’actions anthropiques qui sévissent dans la zone de la ceinture soudano-sahélienne – feux de brousse, coupes abusives, cueillettes précoces et déforestation pour asseoir d’autres cultures… – l’arbre à karité figure parmi les espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Pourtant, il est robuste ! Il peut faire 15 mètres de haut, vivre deux siècles et produire des noix pendant cinquante à cent ans. Ses profondes racines le protègent de l’érosion des sols et lui permettent de faire ses réserves d’eau lors des courtes saisons de pluie. Mais la lenteur de sa croissance et de sa fructification ne l’aident pas à regagner du terrain. C’est dommage, car ses fleurs mellifères sont de bonnes hôtes pour les abeilles et ses vertus pour notre santé, connues depuis des millénaires par les populations locales, sont répertoriées dans nombre d’études ethnobotaniques.

« Tu connais le dicton ? », me demande Clémence. Pas le temps de lui répondre, elle enchaîne déjà : « Karité bien appliqué commence par soi-même ! À ton tour maintenant. » Et voilà qu’elle m’écrase la main sur le visage comme quand on était gamines. De plus près, ça ne sent pas mauvais du tout !

Les recettes à personnaliser de Dieynaba

S’il existe déjà parfumé (au yuzu, à l’amande miellée…), le beurre de karité peut être agrémenté à souhait. Voici quelques recettes de Dieynaba, créatrice de la marque Waam pour satisfaire tous les goûts et surtout, préparer votre peau pour l’hiver.

Beurre de Karité

La chantilly de l’automne

Le beurre de karité a une consistance ferme. Il faut le frotter plusieurs fois avec ses doigts et le chauffer dans ses mains pour le faire fondre avant de l’appliquer. En faire une chantilly vous permettra une utilisation plus rapide et sera l’occasion d’y ajouter le parfum qui vous plaira.

Pour un pot de 100 gr :

Mettre 2 c. à s. de beurre de karité dans un bol. Après l’avoir passé quelques secondes au micro-ondes pour qu’il devienne mou, le fouetter avec un batteur électrique. Placer la crème obtenue au frigo 10 min. Ajouter au beurre, une par une, 3 c. à café d’huile de coco (rendue liquide en passant le contenant sous l’eau chaude). Fouetter au batteur entre chaque cuillerée. Ajouter encore 3 c. à café d’huile de pépin de raisin selon le même procédé. Quand le mélange a la consistance d’une chantilly, transvaser le dans un petit récipient. Se conserve un mois au frais.

Baume à lèvres express

Les lèvres sont souvent malmenées quand arrivent les premiers froids. Fabriquer son baume dès l’automne, c’est prévenir les gerçures, et éviter les dérivés du pétrole (huiles minérales), les silicones ou les parfums présents dans les sticks industriels.

Pour 50gr de baume :

Faire fondre dans un bol au bain-marie 4 c. à café de beurre de karité, 4 c. à café d’huile de coco et 4 c. à café de cire de candelilla. Remuer hors du feu et verser dans un petit pot propre. Laisser figer 10 min sans le refermer. Ce baume se conserve un mois et reste solide en dessous de 35 °C.

Option colorée : Pour un baume teinté, réduire la quantité de cire de candelilla d’un tiers. Remplacer par la même quantité de poudre de mica doré, bronze, ou rouge. Et pourquoi pas un peu de zeste de citron par gourmandise ?

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