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Apithérapie : À Limoges, la relève du pionnier est assurée

Apithérapie : À Limoges, la relève du pionnier est assurée
Apithérapie : À Limoges, la relève du pionnier est assurée

Le chirurgien Bernard Descottes fut le premier médecin français à utiliser le miel pour panser des plaies chirurgicales, au CHU de Limoges. Quarante ans plus tard, la relève est notamment assurée par l'infirmière Marie-Laure Tanguy, qui dispense ses conseils à de nombreux soignants.

En 1984, au sein de son service de chirurgie digestive, Bernard Descottes réalisait avec succès le tout premier essai français de pansement au miel sur l'abcès d'une jeune patiente atteinte d'une pathologie digestive. « Aujourd'hui, le miel fait partie de notre arsenal thérapeutique, au même titre que les médicaments », indique Marie-Laure Tanguy, infirmière et référente, au sein de l'hôpital, sur l'utilisation médicale du miel. Elle et ses collègues de terrain se chargent de « continuer à véhiculer ces savoirs ».

Faire face à l'antibiorésistance ?

Quarante ans après les premiers essais du professeur Descottes, les antiseptiques et antibiotiques sont devenus moins efficaces pour le traitement des plaies en raison de l'émergence de bactéries résistantes aux médicaments. Aussi, l'efficacité du miel comme agent de traitement a récemment gagné en popularité dans la pratique clinique. Contactée depuis la France entière par des chirurgiens, infirmiers ou patients, Marie-Laure Tanguy prend le temps de prodiguer ses conseils sur les pansements les plus adaptés.

Au sein de son service de chirurgie digestive, une quarantaine de patients en bénéficient chaque année, principalement sur des plaies postopératoires ou des plaies ouvertes, et ce avec « très peu d'échecs ». Si l'équipe du professeur Descottes a mené dans les années 1990 les premières études prouvant l'efficacité du miel sur les plaies, des études plus récentes ont montré que le pansement au miel pouvait réduire d'un millimètre et demi la largeur moyenne d'une cicatrice, et qu'il semble réduire les plaies postopératoires infectées plus rapidement que les antiseptiques et pansements simples.

Marie-Laure Tanguy se souvient notamment de cette patiente, atteinte d'une maladie des glandes sébacées à qui on avait enlevé une bande de peau de treize centimètres sur dix, au niveau des aisselles, pour procéder à une greffe : « Suite à nos pansements au miel, sa plaie a cicatrisé de façon esthétique. Cette patiente a souhaité que la prise en charge du deuxième bras se fasse de la même manière, refusant la greffe de peau. »

Nigelle, manuka, fleurs sauvages : ces végétaux qui boostent les propriétés cicatrisantes du miel

Une publication de 2021 recense les composés naturels qui semblent renforcer l'efficacité du miel utilisé pour panser une plaie. Chez l'animal, l'application de miel de manuka a pour effet une cicatrisation plus rapide de deux jours, par rapport au miel d'acacia. Mais il est hélas peu écologique, car importé de Nouvelle-Zélande.

Le miel de jujubier (Ziziphus jujuba), arbuste des régions méditerranéennes, diminue le temps de cicatrisation (de 10 jours en moyenne) des lésions liées à des ulcères des pieds chez les diabétiques. Mélanger du miel à de l'huile de nigelle (Nigella sativa) semble également améliorer le processus de cicatrisation. Enfin, une étude comparant 57 miels a conclu que ce sont les miels issus de fleurs sauvages qui ont la plus forte activité antimicrobienne, et ceux issus du colza la plus faible.

 

Miels issus de l'apiculture française

Le miel utilisé, un miel de thym ou de lavande, plantes antiseptiques, est issu de l'apiculture française. Mis en tube, il est stérilisé sans être chauffé via des rayons gamma et la pharmacie de l'hôpital vérifie qu'il ne contient ni champignons ni levures. L'infirmière, animée par l'esprit de simplicité du professeur Descottes, regrette que l'on n'utilise désormais plus que le miel en tube, qui a un coût bien plus élevé. Toutefois « cela permet de faire perdurer la pratique ». Enfin, cela n'empêche pas les chercheurs d'étudier la spécificité de certains miels ou de certaines alliances qui peuvent en renforcer les propriétés (lire l'encadré ci-dessus).

« Honey in wound healing: An updated review », Open Life Sci. 2021.

« Topical Application of Honey on Surgical Wounds: A Randomized Clinical Trial », Forsch Komplementmed. 2016.

« Honey as a topical treatment for wounds », Cochrane Database of Systematic Reviews, 2015.

 

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