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Ce que l'on sait des huiles essentielles antivirales

Cinnamomum camphora

Les activités antivirales des huiles essentielles ont été étudiées avec des méthodes scientifiques performantes et viennent confirmer les pratiques des spécialistes. Pour autant, elles doivent être utilisées avec pertinence, et encore plus dans le contexte très encadré du Covid-19. Nous faisons le point.

Les huiles essentielles (HE) possèdent de nombreuses propriétés intéressantes dans différentes infections. La plupart d'entre elles sont immunostimulantes ce qui signifie qu'elles stimulent le ­système immunitaire afin qu'il protège efficacement notre organisme contre les microbes. Mais elles sont aussi anti-inflammatoires et anti­microbiennes. Parmi ces dernières, on les caractérise comme antibactériennes, antiparasitaires, antimycosiques ou antivirales. Ce qui montre la puissance de ces composés végétaux, car bon nombre de virus, dont le Covid-19, sont beaucoup plus difficiles à déloger que les bactéries.

Qu'est-ce qu'un virus ?

Un virus est une entité microscopique qui ne peut se développer qu'au détriment d'une ­cellule hôte dont il utilise le métabolisme et les organites. La structure de ces parasites intracellulaires est très simple. Certains, comme les coronavirus, possèdent une enveloppe appelée peplos, tandis que d'autres n'en ont pas. Ces virus « nus », sans peplos, sont plus résistants que les autres. Toutefois, tous ces microbes contiennent une ou plusieurs molécules d'ADN ou d'ARN, supports de leur ­patrimoine génétique. Elles sont enfermées dans une coque de nature protéique appelée capside. Les virus ne peuvent donc se multiplier qu'en utilisant les molécules d'ADN des cellules hôtes qu'ils altèrent et qu'ils modifient en vue de transformer l'organisme infecté en un agent contaminant qui assure leur survie et leur multiplication.

La multiplication des virus 

Une fois entré dans une cellule, le virus se multiplie en six grandes étapes :

  1. Attachement à des récepteurs présents sur la membrane de la cellule humaine. Pour le Sars-Cov-2, la protéine Spike lui permet de le faire. 
  2. Pénétration dans la cellule par endocytose ou par fusion avec la membrane. 
  3. Décapsidation. Libération du génome viral dans la cellule hôte. 
  4. Réplication. Pour se faire le génome viral se substitue en partie ou totalement au génome cellulaire. La cellule va donc en faire des copies. 
  5. Assemblage et maturation pour former de nouveaux virus. 
  6. Libération de ces virus dans l'organisme 

La vie des virus étant intimement liée à celle de la cellule hôte, il est difficile de les éliminer sans détruire les cellules qui les hébergent. Les médicaments antiviraux de synthèse perturbent leur réplication sans totalement les évincer. Pour l'instant, seules la prévention (mise en place des gestes barrières et renforcement de l'immunité) et la vaccination permettent de lutter, efficacement, contre les infections virales. Toutefois, on estime que sur les 5 000 espèces de virus recensées dans le monde seulement 200 seraient pathogènes pour l'homme et induiraient des maladies comme la grippe, l'herpès, le sida, l'hépatite ou encore le Covid-19.

Expérimentations scientifiques

Comme pour la plupart des produits ­naturels, il existe peu d'études cliniques, réalisées sur l'homme contaminé, pour confirmer les ­résultats obtenus en laboratoire in vitro ou sur l'animal. Toutefois, les expériences pour mettre en évidence leurs propriétés antivirales sont classiques et utilisés également pour tester les médicaments antiviraux de synthèse. Les plus communs sont le test de réduction de plaque ou de réduction de rendement viral qui évalue la capacité de l'actif à inhiber la production de virus dans une culture de cellules de mammifères ou le dosage virucide qui détermine si le composé inactive le virus avant l'infection...

des cellules.

C'est à partir de ce type ­d'expérimentations, que l'on peut dire aujourd'hui que quatre familles chimiques présentes dans les huiles essentielles ont des propriétés antivirales. On citera d'abord les aldéhydes aromatiques avec le cinnamaldéhyde de l'écorce de ­cannelier de Ceylan (Cinnamomum zeylanicum), ainsi que les phénols avec le carvacrol de l'origan compact (Origanum compactum) et de la ­sarriette des montagnes (Satureja ­montana), le thymol du thym à thymol (Thymus ­vulgaris CT ­thymol) et l'eugénol du clou de giroflier (Eugenia ­caryophyllata). Par ailleurs, les monoterpénols avec le géraniol du palmarosa (Cymbopogon martinii), le linalol de la lavande officinale (Lavandula officinalis) ou le ­4-terpinéol du tea tree (Melaleuca ­alternifolia) ont aussi fait leurs preuves. Enfin, les oxydes avec le 1,8-cinéole de l'eucalyptus globuleux ( Eucalyptus globulus) ou du ravintsara ­( Cinnamomum camphora CT cinéole). Notons que le 1,8-cinéole, quand il est présent de façon importante, fait l'objet de mises en garde, car il a des effets neurotoxiques.

De nombreux chercheurs se sont aussi ­intéressés aux propriétés antivirales des huiles essentielles en rapport avec certaines ­infections. Les résultats de leurs travaux font l'objet d'articles publiés dans des revues scientifiques et médicales, spécialisées, de référence. Ils mettent en évidence le pouvoir antiviral de certaines sur les virus de la grippe, de l'herpès, de l'hépatite, du VIH, de la fièvre jaune, de la grippe aviaire. Les virus de l'herpès simplex de type 1 et 2 ont été particulièrement étudiés, car ils sévissent partout dans le monde et que les médicaments de synthèse comme l'Acyclovir entraînent des effets secondaires et le développement de phénomènes de résistance. L'huile essentielle de tea tree (Melaleuca alternifolia) a ainsi montré des propriétés antivirales sur les virus de l'herpès type 1 et 2 avant absorption. En 2014, d'autres scientifiques montrent que les huiles essentielles de Cannelier de ­Ceylan (Cinnamomum zeylanicum) de bergamote (Citrus bergamia), de citronnelle (Cymbopogon flexuosus) et de thym (Thymus vulgaris) sont efficaces contre le virus de l'hépatite. ­Tandis que les huiles essentielles de bergamote et d'eucalyptus globuleux (Eucalyptus globulus) pris par inhalation seraient efficaces contre le virus de la grippe.

Ma formule antivirale

Par Pascale Gélis-Imbert, docteure en pharmacie

Propriétés : Antivirales et anti-inflammatoires

Indications : Soin contre les infections virales hivernales. 

Voie orale :

  • HE de canelle de Ceylan Cinnamomum verum (1ml) 
  • HE d'origan campact Origanum compactum (1ml)
  • HE de tea tree Melaleuca alternifolia (1ml)
  • HE de ravintsara Cinnamomum camphora (1ml)

Procédé de fabrication : Mettez les quantités d'HE correspondante (1ml = 25 gouttes) dans un flacon en verre brun de 10ml nettoyé. Mélangez et mettez une étiquette décrivant son contenu et sa date de fabrication. 

Posologie : Dès l'apparition des symptomes, prenez 2 gouttes du mélange dans une cuillère à café d'huile d'olive ou dans une gélule, pendant les repas, quatre fois par jour pendant un jour, puis 2 gouttes du mélange dans une cuillère à café d'huile d'olive ou dans une gélule trois fois par jour, pendant cinq à six jours. 

Précautions d'emlpoi : Déconseillée aux femmes enceintes et allaitantes, personnes présentant des affections hépatiques. 

La formule est réalisée par Pascale Gélis-Imbert, docteur en pharmacie. 

La nature lipophile des huiles ­essentielles tend à expliquer qu'elles aient une activité sur la membrane de l'enveloppe virale qu'elles rompent. Qu'en est-il sur les coronavirus ? Les huiles ­essentielles auraient-elles une activité ­préventive et curative vis-à-vis de Covid-19 ?

Le pouvoir de l'eucalyptol

Dans cet esprit, l'HE d'eucalyptus globuleux a attiré l'attention des chercheurs. Elle est connue pour sa concentration en 1,8-cinéole (eucalyptol) et son usage traditionnel pour traiter les inflammations de la sphère ORL et pulmonaire comme les pharyngites, les bronchites et les sinusites. L'inhalation d'eucalyptol entraîne un effet relaxant sur les muscles lisses ainsi qu'un effet antalgique et anti-inflammatoire.

L'HE d'eucalyptus et le 1,8-cinéole agissent en détériorant la membrane cellulaire et seraient donc actifs sur le virus de la grippe H1N1. Ces deux composés antiviraux ayant un tropisme pour les poumons et une activité anti-inflammatoire, des chercheurs se sont intéressés à leur impact sur le Sars-CoV-2. Car les patients souffrant de Covid-19 développent un terrain très inflammatoire. L'HE d'eucalyptus et l'eucalyptol pourraient être efficaces dans la prévention et le traitement du Covid-19. Toutefois des études supplémentaires doivent être réalisées pour le confirmer. Une autre étude sur le même sujet met, aussi, en évidence que le cinnamaldéhyde est actif. De plus, cet aldéhyde aromatique contenu dans l'huile essentielle d'écorce de cannelier de Ceylan protègerait les poumons de l'inflammation.

Trois actifs aromatiques à l'étude

Trois autres molécules aromatiques tels que l'eugénol, le carvacrol et le menthol ont été étudiées, in vitro, pour leurs propriétés antivirales. Ils agiraient en empêchant la liaison virus cellule hôte. Les trois actifs aromatiques, précédemment cités, sont antiviraux et anti-inflammatoires, notamment sur les muqueuses de l'appareil respiratoire et pourraient être ­efficaces sur le Covid-19. Si les études sont encourageantes, on peut déplorer qu'elles portent souvent sur les molécules ­isolées et non sur les huiles essentielles ­reconnues pour leurs propriétés antivirales. En effet, les spécialistes s'accordent à dire que cette synergie d'actifs, leur confère en général une puissance d'action encore plus intéressante. Mais les études cliniques selon les protocoles en vigueur manquent encore… Ce que l'on ne peut aussi que regretter. 

L'expérience de Madagascar

À Madagascar, grâce à l'association Tam Tam Phytoaroma, une première étude d'observation de 91 cas de malades atteints de maladies respiratoires a été réalisée avec huit médecins et un tradipraticien. Des cas de grippes et douze cas de Covid-19, dont dix vérifiés par des tests PCR positifs et deux avec perte du goût et de l'odorat et d'autres symptômes ont été étudiés. Parmi ces dix cas, cinq avaient des facteurs de comorbidité comme l'âge, l'hypertension et le diabète. Aucun traitement n'avait été imposé puisque c'était une étude d'observation des pratiques locales. Cependant, tous ont été soignés avec des plantes médicinales ou des huiles essentielles, telles que les HE de ravintsara (Cinnamomum camphora CT cinéole), d'eucalyptus (Eucalyptus globulus) et parfois d'hélichryse faradifani (Helichrysum faradifani). Elles ont été prises par inhalation, par application locale, sous forme de baume, ou par voie orale. Les guérisons ont été enregistrées, souvent, après dix jours de traitement, sans complications mais, régulièrement, avec une fatigue résiduelle.

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