Mettre K.O. la coqueluche avec les huiles essentielles
La recrudescence de la coqueluche en France est l'occasion de se pencher sur les bienfaits de l'aromathérapie, qui offre des solutions complémentaires pour renforcer l'immunité, atténuer les symptômes de cette infection respiratoire aiguë et limiter sa propagation.
Depuis le début de 2024, la coqueluche connaît une recrudescence inquiétante en France. Quelque 134 639 cas ont en effet été confirmés en consultation de médecine générale, selon les données de Santé publique France. Cette infection respiratoire aiguë, causée par la bactérie Bordetella pertussis, est extrêmement contagieuse. Elle se transmet via les gouttelettes respiratoires projetées notamment en cas de toux et d’éternuement.
Les signes de la coqueluche évoluent en trois phases. La première, qui dure une à deux semaines, se manifeste par des symptômes proches de ceux du rhume. Dans un second temps, allant généralement de deux à six semaines, les quintes de toux deviennent violentes, souvent suivies d’un sifflement lors de l’inspiration – le fameux « chant du coq » –, et peuvent provoquer des vomissements. Enfin, la dernière phase peut s’étendre sur plusieurs semaines, avec une toux qui diminue progressivement. De par sa durée, cette pathologie est fatigante chez l’adulte, et peut être très inquiétante pour les nourrissons de moins de 6 mois.
Un contexte de baisse immunitaire
Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène selon Aude Maillard, docteure en pharmacie, aromathérapeute et formatrice en aromathérapie (Aude-maillard.fr). « On constate une diminution de l’immunité respiratoire et générale de plus en plus fréquente. La pandémie de Covid a fragilisé notre capacité naturelle à faire barrière aux virus et aux bactéries. Bien qu’il fasse écran aux virus, le port du masque nous a coupés de la biodiversité des microbes. Et pour ceux qui ont été infectés par le virus, ce n’est pas anodin, celui-ci a laissé des traces sur l’immunité. » Aussi, l’effet protecteur de la vaccination contre la coqueluche semble de moins en moins efficace. « La vaccination se fait chez le bébé, puis il n’y a pas forcément de suivi sur les rappels du vaccin, donc l’immunité anticoqueluche diminue », constate l’experte. Par ailleurs, avec une période d’incubation sans aucun symptôme pouvant aller de sept jours à trois semaines, « la coqueluche se transmet rapidement car on est contagieux sans le savoir », ajoute Aude Maillard, qui précise : « Cette pathologie nécessite une visite médicale précoce. Un test PCR ou une prise de sang permet de vérifier qu’il s’agit de cette maladie. »
Délicate à diagnostiquer, la coqueluche est une infection respiratoire pas facile à traiter. En effet, les quintes de toux sont provoquées par le fait que la bactérie s’accroche aux parois des voies respiratoires et paralyse les cils permettant en temps normal l’évacuation du mucus. Résultat, les sécrétions s’accumulent, créant un terrain favorable à l’infection. Aussi, la coqueluche peut nécessiter des antibiotiques pour limiter la propagation bactérienne et éviter des complications graves, surtout chez les nourrissons. Dans un tel contexte, les huiles essentielles (HE...
) s’imposent comme un soutien naturel complémentaire.
Myrte rouge et sapin de Sibérie
Selon Aude Maillard, les huiles essentielles permettent d’agir sur plusieurs axes : renforcer l’immunité, combattre l’infection bactérienne, apaiser l’inflammation et améliorer le confort respiratoire. Parmi les huiles essentielles qu’elle recommande, celle de myrte rouge occupe une place de choix. « Elle est à la fois immunostimulante, mucolytique, expectorante et nettoyante des voies respiratoires grâce à sa teneur en 1.8-cinéole. Sa composition chimique lui permet aussi de décoller les mucosités accumulées grâce à la présence des monoterpènes qui soulagent la toux, et d’un ester (l’acétate de myrtényle) qui offre des propriétés antispasmodiques. » Une autre huile essentielle précieuse est celle de sapin de Sibérie, reconnue pour ses propriétés relaxantes bronchiques et anti-inflammatoires. « Sa molécule phare, l’acétate de bornyle, est assez rare et procure un effet relaxant bronchique intéressant pour soulager la toux. » Elle contient également des monoterpènes qui participent à réduire l’inflammation des bronches, tout en offrant un soutien immunitaire. Autre huile essentielle intéressante, le thym à linalol est bien toléré. Il agit comme un antibiotique naturel en plus de son action antitussive. Enfin, chez l’adulte, Aude Maillard propose d’ajouter à la synergie l’HE de pin maritime, au tropisme pulmonaire, pour assainir et calmer l’état inflammatoire des bronches. « C’est une essence de térébenthine qu’on n’utilise en revanche pas chez l’enfant car elle contient de l’alpha et du bêtapinène, des molécules tonifiantes des glandes surrénales », prévient la spécialiste. Ensemble, ces huiles essentielles peuvent s’utiliser dès qu’il y a de la toux et même si le diagnostic de la coqueluche n’est pas encore établi, car « la formule sera utile même si les symptômes sont liés à un virus, puisqu’elle possède aussi des propriétés antivirales. » Néanmoins, il est à noter que cette synergie ne remplace pas un traitement allopathique, mais va améliorer le confort du patient et renforcer l’efficacité du traitement médicamenteux prescrit.
Ma formule spéciale coqueluche
Par Aude Maillard, docteure en pharmacie et formatrice en aromathérapie
- Propriétés : Immunostimulante, antispasmodique, mucolytique
- Indications En cas de toux, de coqueluche (même avant diagnostic) chez l’adulte ou l’enfant
Voie locale
- HE de myrte rouge Myrtus communis L. 5 ml
- HE de sapin de Sibérie Abies sibirica 5 ml
- HE de thym à linalol Thymus vulgaris L. 2,5 ml
- HV de noyau d’abricot QSP 50 ml
+ Uniquement pour l’adulte :
- HE de pin maritime Pinus pinaster 2,5 ml
Fabrication adulte : Dans un flacon de 50 ml, verser les HE puis compléter avec l’huile végétale.
Fabrication enfant (+ de 3 mois) : Réduire de moitié le dosage d’HE de myrte rouge et retirer l’HE de pin maritime.
Posologie : Masser une dizaine de gouttes du mélange sur le thorax et le haut du dos. Chez l’adulte à partir de 12 ans, jusqu’à 6 fois par jour pendant 3 jours (dose d’attaque), puis 3 fois par jour lorsque les symptômes deviennent moins violents, pendant 3 semaines maximum. Chez l’enfant, masser 4 fois par jour. Chez le nourrisson de moins de 30 mois, vérifier le terrain allergique, convulsif, épileptique, puis appliquer le mélange sous la plante des pieds.
Précautions d’emploi : Ne pas utiliser en cas de grossesse, d’allaitement, chez le sujet épileptique, convulsif, allergique à l’une des HE ou chez l’enfant de moins de 3 mois.
1 ml = 25 gouttes HE = huile essentielle HV = huile végétale QSP = quantité suffisante pour
Limiter la propagation
Parallèlement, la coqueluche étant très contagieuse, si vous êtes régulièrement en contact avec des personnes présentant des symptômes susceptibles d’être provoqués par cette maladie, se laver les mains toutes les trois à quatre heures et aérer les espaces confinés deux à trois fois par jour sont les premières mesures de prophylaxie. Ensuite, la diffusion d’huiles essentielles dans l’air des lieux de travail ou dans celui des habitations peut s’avérer salutaire. « On peut utiliser une à deux des huiles essentielles citées précédemment afin d’assainir l’air ambiant », préconise la spécialiste. Il faudra cependant veiller à bien aérer les pièces avant car souvent l’air de nos intérieurs est pollué par des composés organiques volatils (COV), issus des colles et autres solvants des objets de décoration neufs. Or en interagissant avec ces polluants, les huiles essentielles peuvent à leur tour se muer en COV. On pense donc à ouvrir les fenêtres avant de mettre en marche le diffuseur.
Prévenir la propagation
Pour limiter la contagion de la coqueluche dans un espace de vie, on diffuse les HE assainissantes de sapin de sibérie et de thym à linalol.
Mode d’emploi : Dans un diffuseur nébulisateur, verser 15 gouttes d’HE de sapin de Sibérie et 15 gouttes de thym à linalol. Aérer la pièce pour renouveler l’air puis diffuser toutes les heures et demie, une quinzaine de minutes maximum.
Précautions d’emploi : Ne pas utiliser en présence d’enfants en bas âge, d’animaux, de sujets asthmatiques ou de femmes enceintes.
Et aussi... L’inhalation humide antitoux
En parallèle de la synergie proposée page précédente, un remède de grand-mère souvent oublié, l’inhalation humide, peut se montrer très efficace pour soulager une toux. " La chaleur humide est réconfortante pour les bronches car elle aide au décollement des mucosités. L’inhalation humide, à l’aide d’un inhalateur pour protéger les yeux, est donc vivement recommandées en cas de coqueluche, à partir de l’âge de 7 ans ", conseille Aude Maillard.
À faire : Verser 1 goutte d’HE de pin maritime et 2 gouttes d’HE de lavande fine calmante dans un bol. Ajouter 12 gouttes de Solubol (dispersant) et mélanger avec le manche d’une petite cuillère. Ajouter un peu d’eau chaude et verser dans l’inhalateur. Respirer une dizaine de minutes. Rester au chaud les trois heures qui suivent, car les bronches sont hyperdilatées.
Note : Il est possible de remplacer les huiles essentielles par une tisane de lavande ou de camomille, aux vertus apaisantes pour les muqueuses.
Quand les symptômes perdurent
Il peut arriver que la toux et la fatigue liées à la coqueluche perdurent après le traitement antibiotique. Dans ce cas, Aude Maillard préconise, pour les adultes, un relais antibiotique avec de l’aromathérapie.
À faire : Verser 2 gouttes d’HE d’origan compact et 2 gouttes d’HE de thym à thujanol dans une gélule vide taille zéro et compléter avec de l’huile végétale de nigelle ou d’olive. Avaler 1 gélule 4 fois par jour pendant 15 jours pour une action antibiotique naturelle permettant d’éliminer les pathogènes de l’intestin. Contre-indiqué en cas de grossesse, d’allaitement et chez l’enfant de moins de 12 ans.