Dossier
Les microbes, ces alliés santé invisibles (1/4)
Les microbes ont hérité d'une mauvaise réputation au fil des siècles. Pourtant, leur présence au sein de notre corps, de la nourriture que nous mangeons et de l'environnement est source de bienfaits considérables pour notre santé. Observons à la loupe les rôles insoupçonnés de ces êtres invisibles, et découvrons comment en faire des partenaires de vie, plutôt que des ennemis à combattre.
© surachetkhamsuk
Les microbes, ces alliés santé invisibles
Les microbes ont hérité d'une mauvaise réputation au fil des siècles. Pourtant, leur présence au sein de notre corps, de la nourriture que nous mangeons et de l'environnement est source de bienfaits considérables pour notre santé. Observons à la loupe les rôles insoupçonnés de ces êtres invisibles, et découvrons comment en faire des partenaires de vie, plutôt que des ennemis à combattre. Caroline Pelé, Sophie Pensa, Anne Peron
« Micro-organisme unicellulaire pathogène. » Telle est la définition du mot « microbe » que l’on peut lire dans le dictionnaire Petit Robert. Manque d’hygiène, maladies infectieuses ou encore aliments périmés, voici à quoi on associe en général ces organismes microscopiques. Une réputation justifiée par les maladies effroyables dont ils sont à l’origine (peste, choléra, tuberculose, paludisme, etc.).
D’après une étude publiée par une chercheuse britannique, 1 415 espèces de microbes ont été identifiées comme des agents pathogènes, susceptibles de provoquer des maladies dangereuses chez l’homme. S’en prémunir est vital. Néanmoins, ce chiffre ne représente qu’une infime partie d’entre eux (moins de 1 %) et de nombreux chercheurs, microbiologistes et médecins, s’affairent désormais à démontrer que les microbes sont indispensables à la vie et à la santé planétaire.
Historiquement, nous avons co-évolué avec les microbes, souvent de manière instinctive. Bien avant l’invention des réfrigérateurs, nos ancêtres les utilisaient, via les techniques de fermentation, pour conserver leurs aliments.
Ces organismes vivants, pour certains 10 000 fois plus petits qu’un grain de sable, sont répertoriés dans différentes familles : les bactéries, les virus, les protozoaires et les champignons. Estimés à un quintillion (un 1 suivi de 30 zéros !), les microbes sont plus nombreux que les étoiles de l’Univers. Invisibles, ils évoluent partout : sur notre peau et celle des légumes, dans la terre, l’air, les océans, au sein des plantes… Des chercheurs du Deep Carbon Observatory ont récemment découvert le plus grand écosystème microbien du monde sous la croûte terrestre. Dans notre corps, cette richesse microbienne évolue notamment au sein du microbiote intestinal, composé de 50 000 milliards de bactéries, représentant environ 1 à 2 kilos de notre poids corporel, selon l’Inrae.
Ces invisibles influencent aussi positivement notre santé. De nombreuses bactéries, moisissures, levures participent à la formation d’une barrière immunitaire redoutable pour les pathogènes, ou permettent aux aliments de s’enrichir en vitamines et de devenir plus digestes. Mieux comprendre le rôle bénéfique des microbes sur notre santé pourrait alors nous permettre de vivre plus en harmonie avec ce monde invisible.
Décupler les bienfaits des plantes
Des microbes qui potentialisent les propriétés des médicinales, c’est ce que permet la lactofermentation, méthode utilisée à l’origine pour la conservation des aliments. Appliquée aux plantes, cette technique aurait selon plusieurs études la capacité d’abaisser le taux de sucre (consommé par les microbes) des végétaux, et de rendre plus assimilables certains de leurs actifs médicinaux tels que les curcuminoïdes du curcuma (Curcuma longa), les withanolides de l’ashwagandha (Withania somnifera) ou encore les polyphénols de l’aronia (Aronia melanocarpa). Ce procédé qui mêle phytothérapie et microbes est développé par plusieurs laboratoires.