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Renforcer son immunité selon son profil

L'immunité est un patrimoine commun à tous

En ce début d'automne, il est temps de préparer son corps à traverser la saison hivernale avec sa cohorte de microbes et de virus. L'épidémie de Covid-19 a démontré l'importance capitale d'avoir un système immunitaire bien portant et actif. Si l'immunité est un patrimoine commun à tous, elle fluctue sensiblement selon les particularités de chacun. Avec l'aide de médecins, nous avons choisi de détailler certaines fragilités fréquentes pour vous donner la possibilité de remonter vos défenses de manière ciblée et concrète.

Pour garder son immunité en forme, Éric Lorrain, médecin et phytothérapeute délivre ce conseil à tous ses patients : « Il ne faut pas avoir peur de l'expérience virale ni de celle du Covid-19, l'important c'est surtout de s'y préparer ! Il est impossible d'empêcher un virus de circuler, mais on peut le ralentir. Nous avons chacun un pouvoir d'action avec la prévention. » Et prévenir passe déjà par tester votre niveau immunitaire. Pour cela, certains signes peuvent vous alerter sur un affaiblissement des défenses immunitaires. Si vous cumulez de la fatigue chronique avec des infections à répétition, si vous avez souvent des troubles digestifs ou que vous êtes en surpoids, votre immunité n'est certainement pas au mieux de sa forme. Pour Éric Lorrain, un des premiers clignotants à surveiller est le syndrome d'épuisement : « Je vois arriver des patients avec des troubles du sommeil, du stress, du surmenage, des palpitations et de la tension nerveuse et souvent ils ne s'en rendent pas compte. Or, ces troubles induisent une ­dérégulation conjointe de la ­mélatonine et du cortisol, ce qui pompe beaucoup dans les réserves immunitaires et peut ouvrir la porte aux infections ». Pour rappel, les barrières du système immunitaire actives contre les virus de type Covid-19 sont constituées des muqueuses nasale, buccale, pulmonaire et surtout ­intestinale (60 à 70 % des défenses). Cette dernière joue le rôle de coordinateur central entre les microbiotes muqueux : « Tous les microbiotes sont corrélés au microbiote digestif, donc si celui-ci est en mauvaise santé, cela va se répercuter sur les autres. Il faut avoir un microbiote digestif en bon état, car c'est lui qui éduque les défenses ­immunitaires locales et le système général », explique Aline Mercan, médecin et anthropologue de la santé.

Test

Où en êtes-vous dans votre immunité ?

Notre corps est capable de nous alerter lorsque nos défenses immunitaires faiblissent. Encore faut-il connaître les points à surveiller. Voici quelques signaux, qui peuvent indiquer une baisse de l'immunité :

  • Votre sommeil n'est ni bon ni réparateur, vous vous réveillez souvent fatigué.
  • Vous avez très souvent des troubles digestifs (selles molles, diarrhées), voire chroniques.
  • Vous faites des infections à répétition : ORL, gastro-entérites, cystites, candidoses… Une ou deux dans l'hiver, c'est normal, mais il faut rester vigilant si c'est plus souvent.
  • Vous vous essoufflez rapidement, vous sentez une capacité respiratoire restreinte.
  • Vous ressentez un stress avec une sensation de grande fatigue morale ou physique. Attention au syndrome d'épuisement ! Évaluez votre situation grâce au questionnaire de Freudenberger, issu des travaux de ce psychanalyste qui a conceptualisé, en 1972, la notion de burn out.

Si vous présentez plusieurs de ces signaux, c'est que votre immunité n'est pas au top ! Il est grand temps d'agir pour remonter vos défenses avec l'aide des professionnels de santé.

Si cette règle immunitaire est valable pour tout le monde, il est nécessaire de prendre en compte les fragilités ou les pathologies qui affectent certaines barrières plus que d'autres. C'est le cas de l'obésité  qui a montré sa vulnérabilité particulière au coronavirus comme le décrypte Assia ­Eljaafari, médecin praticien hospitalier en recherche clinique, spécialisé en immunologie au CHU de Lyon : « Dans leur tissu adipeux, les personnes obèses expriment plus de récepteurs d'enzymes de conversion ACE2 [sur lesquels s'arrime le virus du Sars-CoV-2, NDLR]. Elles présentent aussi une inflammation de bas grade chronique et des lymphocytes très fatigués qui n'arrivent plus à se défendre face aux virus. Le risque d'infection est donc plus sévère que chez des personnes minces. » À ceci s'ajoute une capacité respiratoire réduite, d'où l'importance de surveiller étroitement le microbiote intestinal et la sphère pulmonaire, surtout si les infections se multiplient. Si vous êtes en surpoids, comme la moitié de la population en France, Assia ­Eljaafari assure que vous courrez moins de risques de complications sévères, à la condition de rester en dessous du stade de l'obésité. Vigilance toutefois, car le surpoids peut dériver entre autres en ­dysbiose avec des troubles ­dysmétaboliques de type diabète qui affectent le microbiote intestinal.

Profil 1

Je suis en surpoids

L'obésité (indice de masse corporelle supérieur à 30) concerne 17 % des Français. Cette maladie fragilise énormément l'organisme et le rend très vulnérable aux infections : « Une étude de mes confrères du CHU de Lyon a révélé que 50 % des malades en réanimation intensive pendant le Covid-19 souffraient d'obésité », explique le Dr Assia Eljaafari, médecin praticien hospitalier en recherche clinique, spécialisée en immunologie au CHU de Lyon. Même si les ­personnes en surpoids (indice de masse corporelle ­supérieur à 25) sont moins ­exposées à des complications sévères liées aux virus, dans les deux cas il faut baisser le syndrome inflammatoire. Pour cela, cette spécialiste souligne les bienfaits du régime de type méditerranéen à base de fruits, de légumes, de fibres, de ­légumineuses et de poissons. Et met en avant les aliments riches en inuline comme l'oignon, l'artichaut, l'ail, le poireau, l'endive, la chicorée « qui vont augmenter les taux d'acides gras à chaîne courte, synthétisés par le ­microbiote, ­particulièrement ­bénéfiques pour le système immunitaire ». Concoctez-vous un accompagnement en douceur avec les conseils de nutritionnistes et la pratique d'exercices physiques adaptés.

Profil 2

J'ai un souci de dysbiose intestinale

La dysbiose désigne un déséquilibre au niveau de la microflore intestinale. En clair, les bonnes ­bactéries de notre microbiote diminuent au profit des bactéries plus néfastes. Cette dysbiose ­produit une inflammation qui peut amener d'autres pathologies : « Les personnes en dysbiose peuvent avoir des troubles digestifs chroniques, ainsi que des troubles métaboliques, du type diabète ou stéato-­hépatite non alcoolique qui touche, elle, 20 à 30 % de la population en France », analyse le Dr Aline Mercan. Pour le Dr Assia Eljaafari, spécialisé en immunologie, « les dysbioses sont à surveiller, car ces patients auront tendance à prendre du poids avec un risque d'obésité. La priorité, c'est vraiment de rééquilibrer l'alimentation. Il est prouvé que les excès en sucre, protéines animales, acides gras saturés, céréales raffinées, sel, alcool et fructose dérivé du maïs, diminuent la diversité du microbiote, fragilisant ensuite le système immunitaire. » Il faut donc revégétaliser son alimentation, augmenter les apports vitaminiques, les minéraux, les micronutriments, les antioxydants. Un régime idéal aussi en cas de diabète, explique Aline Mercan : « En mangeant plus de fruits et légumes, on aura un index glycémique bas et on agira à la fois sur le plan métabolique et sur l'inflammation ». En cas de carence, elle conseille une supplémentation en zinc, vitamines D et C. Le médecin phytothérapeute, Éric ­Lorrain insiste, lui, sur l'importance des aliments prébiotiques et lacto-fermentés, à compléter avec des souches probiotiques adaptées « qui soutiennent efficacement le microbiote intestinal ».

Attention également si vous souffrez de troubles ORL, sinusites, rhinites, bronchites, allergies… C'est le signe que votre système immunitaire est un peu en berne avec une muqueuse nasale sans doute fragilisée. Or, cette barrière nasale est fondamentale pour lutter contre certains virus. Pour preuve, plusieurs études très récentes publiées sur le site du Vidal, montrent clairement que le Covid-19 est avant tout une affection nasale qui peut s'étendre sous conditions à la zone pulmonaire. Selon une étude suisse, une ­réaction immunitaire locale au niveau nasal peut même suffire à arrêter le virus : « La porte d'entrée principale de ce virus étant le nez, nous avons donc tout intérêt à préserver la muqueuse nasale, bien plus facile d'accès que la muqueuse bronchique ou alvéolaire. C'est là qu'il faut mettre le paquet sur la prévention », recommande Éric Lorrain.

Comment le Sars-CoV-2 pénètre-t-il dans notre organisme ?

Le Covid-19 est entouré d'une couronne de petites protéines ­pointues appelées spicules. Grâce à ces spicules, les particules virales vont alors venir s'arrimer et interagir avec les récepteurs de l'enzyme de ­conversion ACE2, présents sur certaines cellules humaines et se fixer dessus en quelques minutes. Les muqueuses, en particulier la muqueuse nasale, sont de bons terrains de réplication. Le virus fusionne avec la cellule et détourne le mode de production chimique (les usines à protéines) de la cellule pour se fabriquer lui-même. De nouvelles particules virales sont expulsées de la cellule hôte. C'est la phase de réplication. Elles contaminent alors d'autres cellules selon le même scénario. Le système immunitaire, alerté de cette infection, active ses défenses pour bloquer la réplication.

Il préconise vivement le lavage régulier des fosses nasales à l'eau saline pour aider le mucus à évacuer toutes les cochonneries et maintenir une muqueuse saine. Les personnes sujettes aux sinusites ou aux rhinites auront intérêt à y adjoindre des oligoéléments ou des préparations riches en cuivre ou en soufre. La propolis aussi est intéressante en spray nasal dosé à 3 % maximum ainsi qu'en gargarisme à avaler pour stimuler les muqueuses plus largement. Aline Mercan suggère aussi de demander un dosage de son niveau personnel de ­vitamine D : « Je constate que les personnes ­supplémentées en ­vitamine D avec une dose adaptée font beaucoup moins d'infections ORL ! » Elle ­propose en ­complément un petit traitement à base de plantes immunostimulantes comme le cassis, l'astragale, le jus de baies de sureau, l'échinacée…

Renforcer la barrière nasale

Pour ne pas irriter la muqueuse, le lavage des fosses nasales se fait avec une solution saline dite isotonique. Eau de mer, sérum physiologique ou spray tout prêt, l'important est d'irriguer alternativement la narine gauche, puis la narine droite en se penchant sur le côté et en mouchant chaque narine séparément. À faire matin et soir. En cas de nez bouché, on privilégiera une solution hypertonique plus riche en sel pour décongestionner.

Les plus âgés d'entre nous sont aussi vulnérables dans leur immunité. Ils peuvent cumuler des polypathologies ainsi que des carences en vitamines, minéraux et protéines liées à un régime ­alimentaire déséquilibré. « Il faut d'abord ­s'assurer que les personnes âgées ne manquent pas de vitamines A, C, D, E, de zinc, cuivre et fer. Ensuite, on proposera des plantes immunostimulantes », prévient Aline Mercan. L'astragale est très indiqué, selon Éric Lorrain, « car cette plante anti-âge agit favorablement sur ­l'immunité ». Son conseil : une synergie astragale-cyprès-sureau sous forme d'EPS pour stimuler l'immunité après 65 ans. Et pour tout le monde, sa formule reine, c'est l'association cyprès-échinacée en EPS ou sous forme de géluless : l'échinacée, à la fois immuno­stimulante et immunomodulante, conjuguée au cyprès, intéressant avec ses tanins aux propriétés virucides majeures et son tropisme pulmonaire. L'aspect immunomodulant permet de réguler la réponse du ­système immunitaire afin qu'il agisse à bon escient sans ­s'épuiser.

Enfin gardez en tête certains fondamentaux pour conserver une bonne immunité générale. Ne laissez pas la fatigue devenir chronique, des spécialistes peuvent vous prescrire des plantes adaptogènes type ­ginseng, rhodiole, safran ou eleuthérocoque pour vous aider à remonter votre énergie. Sans oublier le principal : « Un bon sommeil sans écran avant de dormir, le moins de stress possible et une alimentation équilibrée restent un socle essentiel », nous rappelle Aline Mercan. Nous sommes les premiers gardiens de notre immunité. à nous d'en prendre soin en alliant vigilance et ­prévention. 

Profil 3

J'ai une tension un peu élevée

L'hypertension est la maladie cardio-vasculaire la plus ­fréquente . En France, un adulte sur trois est concerné, selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) : « Les hypertendus légers sans autres troubles, ne ­présentent pas trop de risques vis-à-vis du Covid-19. Mais ceux qui cumulent hypertension et syndrome métabolique ­(diabète, stéatose) doivent être plus vigilants », prévient Aline Mercan, médecin généraliste et phytothérapeute. Si l'hypertension n'est pas canalisée, on peut développer d'autres maladies et ­affaiblir son système cardio-vasculaire : « Le régime Dash (Dietary Approaches to Stop Hypertension) est très efficace pour les hypertensions légères ou modérées. Il permet de diminuer la ­gravité de la pathologie et la prise de traitements ». Ce régime repose sur une base de fruits et légumes frais et secs, de graines et d'oléagineux, de céréales complètes et de produits laitiers à faible teneur en matière grasse. On restreint les protéines d'origine animale, les mauvaises graisses et les produits sucrés. Ce régime est très favorable aussi aux personnes diabétiques. Côté phytothérapie, certaines plantes possèdent des vertus hypotensives que l'on ­combinera au régime ­alimentaire : ­l'aubépine, l'ail, les feuilles d'olivier ou ­l'agripaume en cas ­d'hypertension liée au stress et à l'anxiété.

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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