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Végétaux psychotropes, leur vrai pouvoir sur notre cerveau (3/5)

Cannabis, ayahuasca, champignons hallucinogènes… Les plantes psychoactives sont utilisées  depuis la nuit des temps pour soigner ou atteindre des états de conscience modifiés. Elles font l'objet d'un regain d'intérêt dans un cadre thérapeutique, alors que dépression et maladies neurodégénératives progressent dans nos sociétés. Quel est leur réel potentiel pour soigner notre cerveau ?

Comment elles agissent sur le cerveau

Comment elles agissent sur le cerveau

C’est en 1957 que les pharmacologues J. H. Gaddum et Z. P. Picarelli ont découvert comment le LSD stimulait un récepteur encore non identifié, celui de la sérotonine. Aujourd’hui, on sait précisément que les psychédéliques synthétiques ou naturels comme les « champignons magiques » (variété psilocybe), l’ayahuasca, la mescaline de cactus, l’iboga… viennent se fixer sur le récepteur 5-HT2A. Et l’IRM (imagerie par résonance magnétique) montre clairement comment, par exemple, le LSD ou la psilocybine stimulent fortement ce neurotransmetteur de la sérotonine : « Ils viennent mimer l’effet de cette dernière, et on voit alors soudain la quasi-totalité des zones du cerveau s’interconnecter simultanément. Selon des études récentes, cette hyperconnexion semble agir favorablement sur des troubles psychiques comme les dépressions », explique Sami Sergent, psychiatre addictologue, auteur d’une thèse sur les psychédéliques. En intervenant sur la sérotonine, les psychédéliques ont l’avantage de ne pas générer d’addictions, contrairement aux drogues opiacées, alcool ou tabac qui libèrent de la dopamine induisant une envie croissante de...

consommer. Les scientifiques creusent d’ailleurs l’hypothèse d’un potentiel antiaddictif de la psilocybine, l’ayahuasca et l’iboga afin de réguler les comportements dépendants.

Grand écart dans les approches thérapeutiques

Les possibilités d’accès aux psychotropes dans un but thérapeutique sont très restreintes.

  • Les thérapies médicales assistées sont encore rares. Pionnière, la Suisse autorise à titre « compassionnel » certains psychologues à utiliser la psilocybine ou le LSD pour gérer les troubles psychiques. De son côté, le Canada vient de légaliser les psychédéliques pour traiter en urgence des maladies mentales qui résistent aux médicaments.
  • Le microdosage. Les usagers achètent sous le manteau psilocybine ou LSD pour gérer eux-mêmes leurs troubles dépressifs, de stress ou de concentration. Ils en prennent deux à trois fois par semaine de petites quantités, 5 à 10 % de la dose hallucinatoire.

L’action des psychédéliques sur le récepteur 5-HT2A explique aussi en partie un autre phénomène : ils génèrent des états modifiés de conscience sous forme de visions, hallucinations ou rêves éveillés. À forte dose, beaucoup de patients disent vivre une « dissolution de leur ego », avec l’impression de faire partie d’un tout unifié. « Les psychédéliques ouvrent la conscience. Une dose importante engendre une expérience intense souvent spirituelle ; une dose modérée permet de se connecter à son psychisme, à son inconscient personnel », commente le psychiatre Olivier Chambon. D’ailleurs, selon une étude de l’université de Maastricht, les psychédéliques comme la psilocybine communiquent avec le cortex frontal et ont la capacité de « partager » certaines régions du cerveau en lien avec la conscience de soi et l’identité personnelle. Pour autant, le contexte et l’intention dans lesquels sont prises ces substances constituent des paramètres extrapharmacologiques importants. Selon l’Institut Johns-Hopkins, la dimension spirituelle semble d’ailleurs influer positivement sur l’action des psychédéliques, qualifiés alors d’enthéogènes car utilisés dans un espace sacré.

Le souffle du tabac

En Amazonie, le tabac (Nicotiana tabacum) fait partie intégrante des soins dispensés par les guérisseurs. Ils préparent un jus à base d’une décoction de feuilles de tabac, de tubercule de manioc et de souchets. Cette préparation est ensuite incorporée à des feuilles de tabac séchées qui sont roulées en épaisses cigarettes. Le tabaquero (chamane) les consomme lors de rituels de désenvoûtement. Il souffle d’abord longuement la fumée du tabac sur les parties douloureuses du corps de son patient. Puis il aspire par succion ces mêmes endroits afin d’en extraire les « mauvais sorts ».

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