Dossier
Hygiène, aller à l'essentiel (2/4)
L'éclosion récente de mouvements « sans savon » nous interroge. De la découverte des principes d'hygiène à la fin du XIXe siècle jusqu'à l'exubérance contemporaine, existe-t-il un juste milieu ? Nous avons également enquêté sur la toxicité de certains produits afin de vous fournir des conseils pratiques ainsi que des recettes à réaliser vous-même pour revenir à des ingrédients bruts, sains et tout aussi efficaces.
Adopter une hygiène corporelle saine et écologique
Tandis que prendre une douche chaque jour est peu à peu devenu une norme de propreté, un récent sondage Ifop montre qu’un Français sur quatre ne procède pas à « une toilette complète » tous les jours. Mais prendre soin de son hygiène corporelle revient, en fait, à chouchouter notre microbiote cutané. Ce dernier est composé de bactéries, virus, parasites et champignons (en moyenne 500 000 par cm2 de peau) sur le film hydrolipidique au pH légèrement acide. Cette flore, qui varie d’une personne à l’autre selon l’âge, le sexe et certains facteurs tels que le pH et la température, joue un rôle barrière et nous protège des éléments pathogènes. À condition d’en respecter l’équilibre fragile.
Bien entendu, en étant confrontés à un environnement salissant (pollution, températures élevées), nous ressentons le besoin de nous laver fréquemment pour remédier aux mauvaises odeurs, aux cheveux gras, au teint terne. Nous avons alors raison de passer régulièrement à la douche, car la fixation d’impuretés peut pulluler et provoquer inflammations et autres pathologies. Par exemple, Staphylococcus aureus est une des espèces pathogènes mise en cause dans la dermatite atopique. Prévenez l’effet « sale » sur la peau en misant sur un mode de vie équilibré : une alimentation saine, le port de matières respirantes (coton bio, lin, soie) et de coupes fluides qui limitent frottements et transpiration. L’épilation n’a aucun impact sur la propreté. « La sueur est le fruit des sécrétions de glandes adjointes aux poils. Que l’on s’épile ou non, on transpire de façon similaire puisque cette glande continue de fonctionner de la même manière », nous explique Julien Kaibeck, fondateur du mouvement « Slow cosmétique ».
Le grand retour du gant de toilette
Véritable tradition française, le gant de toilette permet d’économiser de l’eau mais aussi du temps en réalisant une toilette quotidienne des aisselles, de l’entrejambe et des pieds. Côté matière, vous pouvez opter pour le classique coton tricoté en bouclettes, pour le coton éponge ou pour le mélange lin-coton légèrement exfoliant et stimulant ou pour le chanvre. En revanche, fuyez les viscoses de bambou et autres microfibres très absorbantes, mais dont les procédés de fabrication sont très polluants. Afin d’avoir un entretien irréprochable, achetez plusieurs gants, un pour vos parties intimes et un autre pour le reste du corps, lavez-les systématiquement après chaque usage (si possible à...
; 60 °) et surtout faites-les sécher pour éliminer un maximum de germes.
Ensuite, portons attention à la qualité de nos produits d’hygiène. Bien que nous aimions leur parfum, leurs textures, leur aspect moussant, lissant, etc., ils peuvent littéralement détériorer notre bouclier cutané. En croyant nous nettoyer des microbes extérieurs, nous détruisons, en fait, notre système de défense. Julien Kaibeck déconseille également le lavage uniquement à l’eau. « Ne pas se laver du tout ou juste à l’eau peut augmenter le risque de développement d’une flore bactérienne pathogène » confie-t-il. Conclusion, mieux vaut se nettoyer régulièrement, avec des produits respectueux de nos microbes. Une alternative naturelle aux gels douche du commerce réside dans le savon saponifié à froid et surgras (souvent identifiables grâce au logo SAF) riche en glycérine hydratante. Au charbon en cas de démangeaison, au calendula ou au miel pour les peaux réactives, aux huiles essentielles de lavande ou au tea tree en cas d’acné, à la bourrache ou au lait d’ânesse pour les peaux sèches. Certains sont tellement enrichis en principes actifs hydratants qu’ils permettent de se passer de lait ou d’huile hydratante après la douche. En prime, ils sont écologiques et prennent peu de place. Côté toilette intime, attention aux mauvaises habitudes. Si elles donnent l’impression de nettoyer en profondeur, les douches vaginales ne font que déséquilibrer votre flore, ainsi que le port quotidien d’un protège-slip, ou l’utilisation d’un produit contenant des tensio-actifs sulfatés agressifs pour le pH des muqueuses. En se lavant de la sorte quotidiennement, on favorise l’apparition de désagréments tels que les mycoses. « L’idéal est de laver l’entrée de la vulve avec de l’eau, puis rafraîchir à la main avec de l’hydrolat pur de lavande vraie ou de fleur d’oranger, sans alcool, sans conservateur » conseille Julien Kaibeck. Par ailleurs, le savon saponifié à froid convient pour la toilette intime des hommes, ou chez la femme en cas de désagrément gynécologique. Une fois nettoyée, hydrater la peau en apportant des corps gras favorise l’équilibre de son film hydrolipidique. Les huiles végétales sont alors idéales comme soins du corps ; leur teneur en acides gras complexes les rendant très pénétrantes, en plus de leur parfum agréable. En cas de peau sèche, on mise sur celles d’argan, de coco ou d’amande douce, riches en acides gras insaturés et en vitamines A, B et E. On préférera celle de pâquerette riche en flavonoïdes antioxydante ou de chanvre riche en oméga-3 en cas de peaux matures. Celles de jojoba ou de noyaux d’abricot conviennent aux différents types de peaux. Vous voilà propre, et protégé !
Savons et gels, les substances à bannir
Plastiques liquides pour épaissir, tensio-actifs pour faire glisser les impuretés, parfums synthétiques et conservateurs et eau… Voilà la formule typique des gels douche du commerce. Parmi les substances toxiques et non écologiques à repérer sur les étiquettes, il y a le sodium laureth sulfate ou SLF présent dans 95 % des gels douche, un tensio actif qui mousse et exerce un effet détergent mais qui peut s’avérer irritant à long terme. Quant aux savons industriels souvent fabriqués à partir de bondillons, des matières détergentes agressives car pauvres en glycérine, gare à l’EDTA (EDTA, disodium EDTA, trisodium EDTA, calcium disodium EDTA), un acide stabilisant et antibactérien dont l’impact sur l’environnement est décrié.
Ce qu’il vous faut : Utilisez de préférence les savons fabriqués selon les principes de la saponification à froid, et surgras si possible ! Préférez des gels douche bio plus éthiques et écologiques formulés à base de tensio-actifs doux dérivés du coco (sodium cocoate) ou de la betterave. Ça mousse moins, mais ça lave mieux !
Gommage du corps au marc de café
Pour favoriser l’élimination des peaux mortes, des rugosités et désincruster les impuretés en profondeur, vous pouvez fabriquer des gommages doux et naturel à base de sucre fin et de bicarbonate de soude, en mélangeant de l’huile d’argan avec du bicarbonate de soude, de la poudre d’amande, de coco, ou encore de la farine d’avoine. Voici une recette écologique à base de marc de café.
Ingrédients pour un gommage :
• 1 cuillère à soupe de marc de café infusé (récupérez-le dans le filtre à café ou dans une capsule) • 1 cuillère à soupe d’huile d’argan ou d’olive • 1 cuillère à café de gel douche neutre
Préparation :
- Dans un bol, versez les ingrédients
- Touillez pour obtenir une pâte
- Massez les zones du corps en mouvements circulaires sous la douche
- Rincez après 2 minutes de gommage.
Astuces de grand-mère anti-transpiration
Les déodorants vendus dans le commerce sont très critiqués pour leurs formules soupçonnées d’être à la fois allergisantes, perturbatrices endocriniennes et même cancérigènes. L’ingrédient le plus polémique, les sels d’aluminium, est soupçonné d’avoir des effets neurotoxiques et anémiants à long terme chez les insuffisants rénaux. Même l’ANSM (l’agence française qui évalue les risques sanitaires) a mis en avant le potentiel dangereux de l’aluminium dans les cosmétiques et invite à la mesure. Voici donc des solutions minimalistes et naturelles à privilégier:
- Le bicarbonate de soude alimentaire. Frottez une pincée sur les aisselles humides. Tamponnez ensuite à la serviette, époussetez bien tous les grains. Le bicarbonate atténue la sudation et les mauvaises odeurs durant des heures.
- Argile blanche. Appliquez avec un gros pinceau à blush un peu d’argile blanche, comme un talc, sur les aisselles propres et bien sèches.
- Les hydrolats d’hamamélis, de menthe ou de laurier. Ces eaux florales peuvent faire office de déodorant si vous transpirez peu.
- La pierre d’alun. À condition qu’elle soit naturelle : mention « 100 % potassium aluminium » ou « Sans chlorhydrate d’aluminium » sur l’étiquette.