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Soins capillaires, on oublie le synthétique (2/7)

La beauté de nos cheveux et notre coiffure reflètent notre identité et sont des baromètres de notre état de santé. Shampoings, colorations… les Français favorisent de plus en plus les ingrédients végétaux, aussi efficaces que les synthétiques et exempts d'effets délétères. Grâce aux conseils de nos spécialistes, choisissez les meilleurs actifs végétaux selon la nature et l'état de vos cheveux.

Nos cheveux, sentinelles de notre santé à préserver
Nos cheveux, sentinelles de notre santé à préserver

Nos cheveux, sentinelles de notre santé à préserver

« Lorsque nous sommes stressés, malades ou fatigués, le corps puise dans ses vitamines et minéraux pour survivre et le bulbe pileux est le dernier endroit auquel il distribue de l'énergie », explique la biochimiste Myriam André. Ainsi, des cheveux ternes ou cassants ne sont pas un problème, mais une conséquence de notre mode de vie ou d'une fragilité. Quand on sait que « 70 % de la vitalité d'une chevelure provient des nutriments internes et seulement 30 % de soins externes », on comprend que celle-ci puisse être vue comme une « sentinelle » de notre santé, ajoute-t-elle.

Pellicules, frisottis, chute : quels signaux doivent alerter ?

Quels signaux doivent alors attirer notre attention ? Les frisottis ne sont généralement pas un signal d'alerte, ils trahissent plutôt l'utilisation de produits agressifs (lire encadré ci-contre) ou des dommages environnementaux (piscine, UV, humidité, etc.). On pourra les faire disparaître en les lissant avec de l'aloe vera et de l'huile de coco. S'ils persistent, cela peut toutefois indiquer une carence nutritionnelle.

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À bas les pellicules !

Les pellicules, généralement bénignes, sont liées au stress, à une mauvaise alimentation ou à l'utilisation de produits agressifs. Quelques gouttes d'huile essentielle dans votre shampoing sont recommandées. En revanche, une desquamation excessive accompagnée de rougeurs et de démangeaisons peut signaler une dermatite ou une infection fongique. Des cheveux secs et cassants ne sont un problème que si le phénomène s'installe, ce qui peut alors révéler un déséquilibre hormonal (comme le syndrome de Cushing, une maladie rare causée par un excès de cortisol) ou une carence en vitamines.

Enfin, une chute de cheveux modérée (d'une durée inférieure à trois mois et sans perte de masse visible) est normale, notamment à l'intersaison. On pourra tout de même faire appel à l'huile de ricin, qui stimule la pousse. Une perte excessive se remarque par des cheveux clairsemés qui tombent en nombre sur l'oreiller ou le sol. Elle indique un stress intense, une carence en fer ou protéines, voire des troubles de la thyroïde (dans ce dernier cas, la chute prend la forme de plaques rondes).

Coupes énergétique ou selon la Lune

Couper cheveux selon lune

Précédée d'un massage du crâne stimulant des points d'acupuncture, la coupe de cheveu « énergétique » (ou « vibratoire ») se pratique sur cheveux mouillés, à la lame de rasoir « coupe-choux ». Le cheveu est coupé en biseau, comme la tige d'une fleur, ce qui stimulerait la papille dermique (une partie du bulbe essentielle à la pousse, qui redistribue le sang et les nutriments), pour obtenir plus de volume et d'éclat. Appelée « coupe vivante », elle se différencie de la « coupe morte » effectuée au ciseau qui « coupe droit » le cheveu. Visant à se reconnecter à soi, cette pratique peut provoquer des émotions fortes chez certains clients, témoignent des coiffeurs.

D'autres professionnels coupent, eux, selon le calendrier lunaire. Procéder entre la nouvelle et la pleine lune favoriserait la repousse et le renforcement des cheveux. La pleine lune serait le moment idéal pour les renforcer via un soin ou aider la coloration à mieux se fixer. Des théories qui n'ont pas été étudiées scientifiquement, mais pourquoi ne pas essayer !

La socio-coiffure ou la coiffure santé

Justement, lorsque la santé décline, comment s'occuper de nos cheveux fragilisés ? C'est le métier de Marjorie Tatard, sociocoiffeuse à Toulouse, qui exerce en institutions médicales ou au domicile de personnes âgées, fragilisées par la maladie, le handicap (enfants autistes) ou en situation de détresse sociale (SDF, réfugiés, etc.).

En mai 2020, durant le confinement, des clientes malades du cancer lui racontent comment elles sont astreintes à se raser la tête « seules dans...

leur salle de bains », puis à vivre sans perruque, craignant de « faire peur » à leurs enfants. C'est le déclic. Après treize années à exercer en salon de coiffure classique, Marjorie se forme à la sociocoiffure, un nouveau métier dont la première formation en France est née en 2011 à Anglet, près de Biarritz.

Aujourd'hui, les patients en oncologie forment la majorité de sa clientèle et bénéficient de séances prises en charge par la Sécurité sociale : « Je m'occupe d'eux avant, pendant et après les traitements de chimiothérapie ou d'hormonothérapie, qui peuvent entraîner une perte partielle ou totale des cheveux. Je leur apprends à poser leur perruque, nouer un foulard. Après la repousse, je les informe des produits à éviter (colorations chimiques, huiles essentielles ou appareils chauffants) et leur rappelle qu'ils ne pourront reprendre une coloration végétale que trois à six mois après l'arrêt du traitement, sans quoi la couleur n'accroche pas ».

Naturel versus chimie // Sulfates, phtalates : pour votre santé, les produits naturels gagnent haut la main

De nombreux shampoings et colorations synthétiques contiennent des sulfates, des parabènes et des phtalates, reconnus pour leur potentiel irritant et allergène. Les colorations chimiques peuvent provoquer des réactions allergiques sévères, des irritations du cuir chevelu, voire des perturbations hormonales.

Les produits naturels permettent de réduire notre exposition aux substances chimiques agressives. Ainsi les shampoings naturels sans sulfates nettoient en douceur sans dessécher le cuir chevelu. Les colorations végétales offrent une alternative sans ammoniaque ni peroxyde, minimisant les risques d'irritation et de dommages capillaires. Certes, même les produits capillaires végétaux et naturels peuvent déclencher des réactions allergiques chez certaines personnes sensibles, mais leur innocuité globale reste bien supérieure.

Chimiothérapie // Ricin, argile blanche et hydrolat pour protéger pendant les traitements

Durant une chimiothérapie ou un traitement par intraveineuse, Marjorie Tatard conseille de se laver les cheveux 24 heures avant pour conserver leur film de protection. Celui-ci met six heures à se reconstruire après chaque lavage. Pour renforcer vos cheveux, vous pouvez également appliquer quelques gouttes d'huile de ricin 24 heures avant et 72 heures après, mais sans masser le cuir chevelu, « pour ne pas réactiver les produits chimiothérapeutiques qui se trouvent dans le bulbe capillaire ». Elle propose également à ses clients une préparation pour détoxifier le cuir chevelu, soulager le bulbe capillaire, qui entre alors en phase de pause, et favoriser, à la repousse, des cheveux moins laineux et cassants.

Recette : Mélanger 2 c. à soupe d'argile blanche avec de l'hydrolat de fleur d'oranger ou autre parfum jusqu'à obtenir une pâte onctueuse (éviter l'eau du robinet). Ajouter éventuellement un peu d'huile végétale de jojoba ou d'argan. Appliquer durant 10 minutes sur le cuir chevelu (sans masser), puis rincer en émulsion avec de l'eau thermale en brumisation.

Les soins capillaires naturels, sublimer plutôt que modifier

Lorsqu’on leur demande en quoi les produits naturels seraient meilleurs que les produits de synthèse, nos trois intervenants sont unanimes : le naturel a quelques limites mais si on sait bien l’utiliser, il se révèle tout aussi efficace, voire plus, que les produits de synthèse. « Bien plus intéressant, même », comment la biochimiste Myriam André : « Les produits capillaires naturels sont injustement accusés d'inefficacité, alors qu'ils nécessitent juste de changer nos habitudes », résume la biochimiste Myriam André qui les trouve plus efficaces car « une huile végétale ou essentielle contient, à elle seule, de nombreux actifs et un seul produit peut résoudre plusieurs problèmes ».

La coloration 100 % végétale, par exemple, est un véritable soin du cheveu. Elle enrobe l'écaille de ses pigments, la gaine et l'embellit (avec, toutefois, des temps de pose souvent longs, jusqu'à deux heures pour couvrir des cheveux blancs). Composée de poudres de plantes à mélanger avec de l’eau puis à appliquer, elle enrobe l’écaille du cheveu de ses pigments, le gaine et l’embellit. Elle a toutefois quelques limites. Tout d’abord, il est difficile d’éclaircir vos cheveux de plus d’un à deux tons, adieu donc blonds platine et décolorations (lire encadré ci-dessous). En effet, seuls les produits de synthèse ouvrent les écailles du cheveu pour le vider de ses pigments et le décolorer. Ensuite, certaines teintes flashy (violet, rouge, rose) ne peuvent être obtenues (les plantes tinctoriales offrant seulement des nuances naturelles allant du noir, au brun en passant par le cuivré, le roux, le châtain et le blond). Enfin, les temps de pose des colorations peuvent s’avérer plus longs, de tente minutes jusqu’à deux heures pour totalement couvrir de brun certains cheveux blancs. En effet, les pigments naturels des colorations végétales nécessitent également quelques jours pour s’oxyder et révéler leur résultat définitif et il est conseillé d’utiliser des shampoings doux, sans sulfates ni argile pour préserver au mieux leur résultat.

Mais surtout, les produits capillaires naturels portent en eux une philosophie : sublimer la nature de ses cheveux plutôt que la modifier. Et si cela nous aidait à mieux nous connaître, nous écouter ?

La socio-coiffeuse Marjorie Tatard, dont les séances durent une heure, souligne que c'est souvent l'occasion de questionnements profonds : « Après une maladie comme un cancer, les cheveux peuvent repousser plus raides, plus frisés, plus clairs ou foncés. Cela amène à se demander : “Qui suis-je ? De quoi ai-je envie ?” Nos cheveux sont notre identité. On rigole, après coup, de ce blond qui ne nous allait pas mais, sur le moment, c'était ce que nous voulions refléter. »

Cette professionnelle coiffe d'ailleurs sans miroir, car la plupart de ses clients n'aiment pas se voir, et évoque avec émotion les réfugiés qu'elle prend en charge en centre d'accueil, qui se trouvent « horribles » en début de séance et reprennent peu à peu confiance : « Quand plus personne ne vous touche, sentir des mains sur votre cuir chevelu est formidable. Si vous voyiez le sourire que déclenche parfois un simple shampoing… »

Naturel versus chimie // Eclaircir et foncer : camomille et indigo VS mèches décolorées

Au naturel, il est difficile d'éclaircir ses cheveux de plus d'un à deux tons. En effet, les pigments des colorations végétales enrobent le cheveu, mais n'ouvrent pas ses écailles, contrairement à l'ammoniaque des colorations synthétiques. Si vous ne pouvez pas changer radicalement de couleur, vous pouvez accentuer vos reflets clairs avec des sprays et shampoings à la camomille matricaire (Chamomilla matricaria) ou des poudres végétales à base de camomille, safran ou curcuma.

L'application de jus de citron permet aussi d'éclaircir un peu mais n'est conseillée que sur cheveux clairs, l'effet obtenu sur cheveux foncés relevant plus du roux orangé. Certains coiffeurs pratiquent un « balayage minéral » des mèches à l'argile et à l'eau oxygénée qui, bien qu'un peu moins chimique, reste agressif pour le cheveu.

A savoir : Une fois une coloration végétale réalisée, il est déconseillé de réaliser des mèches blondes décolorées. Les pigments bleus de l’indigo ou du katam (présents dans la majorité des colorations végétales) se fixent alors de façon permanente sur le cheveu or, en se mêlant aux pigments jaunes du blond ils font virer vos mèches… au vert. Si le mal est fait, la coloration peut heureusement être dégorgée via des shampoings à l’argile ou des masques à la crème de coco ou à la poudre de shikakaï.

Cet effet, bien connu des coiffeurs bios peut toutefois être limité ou évité sous des conditions et doses très précises que parviennent à réaliser certains coiffeurs comme Jean-Christophe Ringue, à Toulouse, qui y est parvenu après de nombreux essais sur des mèches de cheveux coupés.

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