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Soins capillaires, on oublie le synthétique (1/7)
La beauté de nos cheveux et notre coiffure reflètent notre identité et sont des baromètres de notre état de santé. Shampoings, colorations… les Français favorisent de plus en plus les ingrédients végétaux, aussi efficaces que les synthétiques et exempts d'effets délétères. Grâce aux conseils de nos spécialistes, choisissez les meilleurs actifs végétaux selon la nature et l'état de vos cheveux.
Soins capillaires, on oublie le synthétique
Jugés superficiels, le cheveu et la coiffure sont pourtant de véritables baromètres de notre état de santé et une part de notre identité. Shampoings, colorations… les Français favorisent de plus en plus les ingrédients végétaux, aussi efficaces que le synthétique et meilleurs pour la santé. Trois spécialistes nous donnent leurs conseils pour choisir les meilleurs actifs végétaux selon sa nature de cheveux mais aussi quand la vie les fragilise, à l’occasion d’une maladie.
Il n'est pas rare d'entendre qu'en matière de soins capillaires, le naturel ne peut rivaliser avec les produits de synthèse. Pourtant, c'est loin d'être le cas. À Toulouse, le coiffeur Jean-Christophe Ringue témoigne de cette évolution : « Dès les années 1990, les grandes marques ont développé des colorations sans ammoniac. Et au début des années 2000, via une clientèle de quadragénaires aisés, le végétal est devenu une vraie tendance ».
Composées de henné ou d'indigo pour des reflets bleu nuit, de brou de noix pour obtenir du brun ou de garance pour des teintes acajou, les colorations redécouvrent des plantes anciennement utilisées comme la rhubarbe ou la camomille sauvage (voir encadré ci-dessous). Plus récemment, particulièrement après la crise du Covid, des vingtenaires et trentenaires « très informés » sont arrivés en salon de coiffure avec des questions pointues sur les actifs et techniques utilisés.
Années 2000 : l'essor des produits capillaires naturels
Depuis dix ans, les produits capillaires sont les premiers cosmétiques naturels et bio achetés par les Françaises, par souci de préserver cet atout beauté, mais aussi leur santé et l'environnement. Des chaînes de salons de coiffure bio ont vu le jour, comme Biocoiff, des marques françaises de colorations 100 % végétales également (Marcapar, Gaïa ou Pure) et les formations aux métiers de la coiffure intègrent de plus en plus ces produits naturels.
Myriam André, ingénieure en biochimie spécialiste du cheveu, créatrice des produits capillaires Mysca, constate qu'il « est de plus en plus facile de trouver des matières premières, comme les huiles végétales, de qualité et fabriquées en France. Cela permet d'évoluer vers des produits finis écologiques, éthiques et intéressants pour les clients. »
Le cheveu au naturel est aussi une vraie révolution personnelle, voire politique. Refusant les injonctions, les femmes dévoilent de plus en plus leurs cheveux blancs et les cheveux crépus cessent de s'abîmer pour se plier à des normes aux relents racistes. Un nouveau métier de coiffure santé, la sociocoiffure, accompagne désormais les malades durant un traitement, les personnes âgées ou en situation de handicap. Se coiffer redevient une occasion de prendre du temps pour soi, voire redécouvrir sa vraie nature… Des domaines dans lesquels les plantes excellent à nous accompagner.
Colorations végétales, l'histoire en a vu de toutes les couleurs !
En Égypte ancienne, le henné, tiré des feuilles de Lawsonia inermis, était prisé pour ses teintes rougeâtres. Dans la Rome antique, les femmes éclaircissaient leurs cheveux en les exposant au soleil avec un mélange de jus de citron et de poudre de fleurs de camomille matricaire ou s'offraient des reflets pourpres à l'aide de poudre de baies de sureau noir.
En Inde, l'indigo, extrait de l'Indigofera tinctoria, est combiné au henné pour obtenir des tons noir profond. Au Moyen Âge, la rhubarbe ou le safran étaient couramment utilisés pour colorer les cheveux en roux ou obtenir des reflets dorés. Autant de teintures végétales éclipsées au XIXe siècle par l'essor de la chimie, et que nous redécouvrons aujourd'hui.
« Les Françaises et les produits d’hygiène et de beauté « bio » ou naturels », sondage IFOP pour Nuoo, 2018.
« Marché des cosmétiques : 15 chiffres et 5 tendances 2024 », février 20214.