Plantes et Santé Le magazine de la santé par les plantes

De bonnes raisons de passer au vrac

Du vrac plutôt que des produits emballés

Et si la crise sanitaire que nous traversons nous incitait à faire changer les choses pour basculer vers une autre société ? Une société moins émettrice de déchets et plus responsable en termes de consommation. Une piste pour commencer : faire nos courses en achetant du vrac au lieu de produits déjà emballés. Une tendance en plein essor.

Lorsque Didier Onraita et Didier Sutrat ont ouvert leur toute première petite épicerie de vente en vrac à Meudon-la-Forêt, en 2013, ils n’auraient jamais imaginé être aujourd’hui à la tête d’un réseau de 61 magasins franchisés. Leur enseigne, Day by day, a essaimé partout en France : « Nous avons eu 1 300 nouvelles demandes d’adhésion juste pour 2019. Les magasins orientés sur les produits alimentaires et non alimentaires en vrac sont en plein boom et la loi anti-gaspillage et sur l’économie circulaire publiée en janvier va accélérer encore cette tendance. » Car la loi donne à présent une véritable existence légale au marché du vrac, défini selon trois critères : libre-service, absence d’emballage et quantité juste. Une avancée majeure, le fruit du travail de lobbying de Réseau Vrac mené par Lucia Pereira, directrice des affaires juridiques et Célia ­Rennesson, la cofondatrice de l’association.

Certes, ce secteur reste encore très confidentiel, mais les experts estiment qu’il pourrait bien tripler d’ici trois ans. « Aujourd’hui, les ventes de produits de grande consommation en vrac ­représentent 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires, soit 41 % de plus en un an », s’enthousiasme Célia Rennesson. « C’est encourageant, car notre philosophie consiste vraiment à réduire au maximum le volume d’emballages utilisés entre le producteur et le consommateur. » Célia a quitté son travail, il y a quatre ans, pour monter Réseau Vrac, une structure unique en son genre destinée à soutenir toute la filière du marché du vrac : « Il n’y avait aucune infrastructure dédiée au vrac, pas de catalogue de fournisseurs de produits vrac, aucune écoute de la part des banques. Le vide total. Je me suis dit que jamais on n’arriverait à faire décoller ce mode d’achat centré sur la réduction des déchets si on ne structurait pas ce marché. » Son réseau forme aujourd’hui les porteurs de projets et les magasins, aide à trouver les financements et accompagne les fournisseurs qui veulent s’adapter à ce nouveau mode de vente.

Si la filière commence à bien se structurer, c’est parce que les consommateurs sont de plus en plus demandeurs. Selon le cabinet Nielsen, plus d’un tiers des Français a acheté l’an ­dernier des produits d’épicerie en vrac non frais (oléagineux, fruits secs, légumineuses, céréales, riz). Si la population se met de plus en plus au vrac, ce n’est pas par simple effet de mode, mais bien parce qu’elle y voit des avantages. Les acheteurs, de plus en plus concernés par le surplus de déchets, cherchent à agir au quotidien. Choisir le vrac est un moyen assuré de réduire des emballages qui empoisonnent la planète. Didier Onraita de Day by day a fait le calcul pour ses magasins : « Mon kilo de farine par exemple génère seulement 17 grammes d’emballage entre le producteur et le client alors que le même produit vendu préemballé en génère 51 grammes. Nous estimons que nos ventes en vrac réduisent globalement le volume des emballages de 70 %. » La lutte contre le gaspillage est l’autre grande motivation des clients convertis au vrac. Lorsqu’on sait que chaque Français jette en moyenne 150 kg de nourriture par an, acheter la juste quantité permet de ne pas surconsommer et de modérer son budget. Certes, les lentilles françaises vendues en vrac seront toujours plus chères que celles venant de Turquie, vendues préemballées. Mais à produit comparable, les aliments sans emballage reviennent moins cher la plupart du temps dans les magasins spécialisés avec un choix de plus en plus grand.

La grande distribution s’y met aussi

Dans la grande distribution, le vrac ­commence à arriver : 70 % des grandes et moyennes surfaces disposent de quelques rayons dédiés. Un point très positif pour démocratiser le plus possible ce mode d’achat vertueux. Si et seulement si les super et hypermarchés jouent vraiment le jeu et mettent les moyens : « Beaucoup de grandes surfaces ­proposent des rayons de vrac, mais souvent la logistique ne suit pas. Il faut investir dans la main-d’œuvre pour ­conseiller les clients, pour remplir, entretenir et nettoyer les bacs », analyse Célia Rennesson. Or, la propreté reste fréquemment le point négatif des rayons vrac dans les grandes surfaces. De gros efforts restent à faire dans ce domaine comme dans un autre secteur extrêmement générateur ­d’emballages : les produits liquides comme l’eau, le lait et le vin…

Recyclage des contenants

Le recyclage étant loin d’être une solution à long terme, certains acteurs développent des concepts plus pérennes, fondés sur un principe de consigne version moderne. Une idée qui inspire les cosmétiques et les courses par Internet, ainsi que des start-up positionnées sur le réemploi des contenants. La société Jean Bouteille propose « une solution zéro déchet pour les liquides » à ses 660 magasins partenaires en France, en majorité des magasins bio et des épiceries de vrac : « Ce sont des fontaines conçues pour contenir des huiles, des vinaigres, des vins, des sirops, mais aussi des liquides non alimentaires. Les clients utilisent nos contenants en verre ou en plastique qu’ils peuvent ensuite ramener. Au bout de 100 récipients sales, nous les rachetons au ­magasin pour les laver et les réinjecter dans le circuit », résume Manon ­Carpentier chargée du marketing chez Jean Bouteille. Même principe chez Uzaje, cette fois à destination de la ­restauration collective et commerciale : « Nous leur fournissons des contenants réutilisables en verre et inox. Une fois utilisés, nous les récupérons dans nos centres de lavage pour les nettoyer et les remettre dans le circuit de distribution », explique Emmanuel Auberger, cocréateur d’Uzaje.

Grâce à ces initiatives porteuses d’espoir, un cercle vertueux se dessine dans lequel les consommateurs prennent peu à peu leur place. La loi anti-gaspillage prévoit que nous puissions faire nos courses avec nos récipients chez les commerçants à condition de bien les gérer. Une responsabilité certes, mais aussi une liberté incroyable pour prendre de nouvelles habitudes. Et si nous saisissions cette occasion d’utiliser notre superpouvoir de ­consomm’acteur pour faire bouger les lignes ?

Je passe à l’action

Amandine, 28 ans, s’est convertie au vrac depuis cinq ans. Voici ses conseils pour changer ses habitudes.

Premiers pas

Apprivoisez le système du paiement au poids. Testez quatre ou cinq produits différents pour prendre l’habitude d’évaluer le volume et combien ça vous coûte.

Mon kit spécial vrac

Dans mon cabas à roulettes, je mets un sac en tissu rempli de sacs à vrac en tissu léger et en maille serrée pour retenir les aliments, un autre rempli de sacs à courses et un troisième rempli de contenants. Quand c’est possible, prenez aussi des bocaux en verre pour mettre directement le riz, les pâtes, des lentilles.

Rangement

Sur mes étagères, je place les bocaux en verre étiquetés remplis de ce que j’utilise le plus (riz, pâtes, farine, lentilles, sucre, sel). Pour les céréales, j’utilise des bouteilles à jus en verre. Dans les placards, je range les aliments en bocaux moins usuels et la boîte en métal avec le chocolat. Une fois les contenants vidés, je les mets dans mon cabas pour les prochaines courses.

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Cosmétiques zéro emballage

Cozie (cosmétique objectif zéro impact environnemental) est une jeune marque française, née il y a trois ans. Crème pour le visage, déodorant, lait pour le corps, toute une gamme bio est proposée dans des « dozeuses », des fontaines installées dans 49 magasins en France. Une technologie unique brevetée par Cozie pour protéger les produits de l’air, de la lumière et de la poussière. Pour se servir, on appuie sur une pompe afin de remplir un flacon en verre fourni par la marque, étiqueté avec la date d’utilisation et le volume. Chaque flacon est consigné, lorsqu’on le ramène, c’est 1,50 euro gagné sur l’achat suivant. Le concept commence à inspirer de grandes marques cosmétiques comme L’Occitane.

Mes courses en ligne livrées et consignées

Deux sites de courses par Internet remettent au goût du jour la bonne vieille consigne. Ils livrent des produits d’épicerie non frais dans des emballages réutilisables. Le prix de la consigne varie de 0, 50 centimes à 3 euros. Le principe : redonner les emballages au livreur, lors d’une nouvelle commande pour que ce soit rentable.

Le site L’intendance propose des produits bio et plutôt locaux délivrés dans des sachets en papier et des bocaux en verre consignés. Livraison à Paris et sa proche banlieue. www.lintendance.co

Sur le site Loop, en partenariat avec Carrefour, on trouve des produits de grandes marques conditionnés en grande majorité dans des emballages durables et consignés. Livraison en île-de-France et à Lille.

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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