Plantes et Santé Le magazine de la santé par les plantes

Compléments alimentaires : évitez les pièges de l'achat en ligne

Compléments alimentaires sur Internet : déjouez les pièges
Compléments alimentaires sur Internet : déjouez les pièges

En France, un tiers des achats de compléments alimentaires se font sur Internet. Cette pratique, qui s'est renforcée depuis la crise du Covid, peut parfois réserver quelques mauvaises surprises. Plusieurs spécialistes nous confient leurs astuces pour acquérir les bons réflexes d'achat sur le Net.

En France, si la pharmacie reste le premier lieu de vente de compléments alimentaires, représentant 57 % des achats, l'achat en ligne progresse régulièrement chaque année et représente désormais 34 % des ventes. Certains font ce choix pour des raisons pratiques. D'autres pour l'attractivité des prix. D'autres encore parce que certains laboratoires ne vendent que sur Internet et sont recommandés par leurs thérapeutes ou parce que tel complément contenant telle plante n'est disponible que sur un site étranger. Mais ce mode d'achat n'est pas complètement exempt de risques.

« Un consommateur qui avait acheté un complément alimentaire visant à améliorer ses performances sexuelles nous a contactés, car il a été hospitalisé suite à des hallucinations. Tombé hors de son lit, il voyait des souris sortir des plafonds et des murs », raconte Jean-Sébastien Walhin, directeur de la communication de l'Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA) en Belgique. Et de poursuivre : « Le produit qu'il avait acheté contenait en réalité une substance interdite, le sildénafil, qui peut provoquer ce genre de désagréments ». Si une telle déconvenue n'est pas si fréquente, l'unité spéciale « e-commerce », chargée depuis trois ans d'enquêter et de surveiller les boutiques en ligne proposant des compléments alimentaires, a pu constater d'autres manquements.

Perte de poids, sport, sexe : attention aux fraudes !

Sport, sexe, perte de poids les compléments amlimentaires qui subissent le plus de fraudes

Les compléments alimentaires visant la perte de poids, les performances sportives ou sexuelles sont plus souvent l'objet de fraudes que les autres. Une étude française réalisée en 2016 a ainsi passé au peigne fin la composition de 160 compléments alimentaires visant la perte de poids, annoncés comme « 100 % naturels », généralement à base de plantes comme la spiruline, le thé vert ou le guarana, et majoritairement vendus sur Internet. Résultat : 56 % d'entre eux étaient « contaminés » par des ingrédients pharmaceutiques actifs comme la sibutramine (un coupe-faim proche des amphétamines retiré du marché en France en 2010 car augmentant le risque d'AVC et de crise cardiaque), ou la phénolphtaléine (autrefois largement utilisée comme laxatif, mais qui s'est avérée cancérigène et allergène). Si vous souhaitez vous procurer ce type de compléments alimentaires, optez pour une marque qui vous aura été conseillée par votre thérapeute, ou pour le site d'un laboratoire français présent sur ce marché depuis plusieurs années.

Contrefaçons et molécules interdites

Parmi les mésaventures auxquelles vous pouvez être confronté lors de l'achat d'un complément alimentaire sur Internet, la contrefaçon ou l'ajout de molécules interdites doivent être pris au sérieux. Pierre Champy, professeur en pharmacognosie, spécialiste en chimie des substances naturelles et expert en plantes à l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail), confirme : « Le plus gros des fraudes consiste à ajouter des molécules médicamenteuses ou des substances isolées pour renforcer l'activité de la plante dans le complément. Il arrive même parfois que l'on retrouve des compléments censés être à base de plantes qui contiennent en réalité peu ou pas de plantes, mais seulement de la sciure de bois à laquelle sont ajoutées de telles molécules. » Ces pratiques concernent particulièrement les compléments visant la perte de poids, les performances sportives ou sexuelles (lire encadré ci-dessous). Mais il s'agit « souvent de produits étrangers, non issus de l'Union européenne », relativise Élodie Veyret, responsable réglementation au Synadiet, le Syndicat national des compléments alimentaires.

Dénomination latine

Lors de l'achat d'un complément alimentaire sur le Net, il convient de s'assurer de l'exactitude de son contenu. Dans l'Hexagone, 64 % des compléments alimentaires vendus contiennent au moins une plante. Mais il n'est pas toujours aisé d'avoir la traçabilité de celle-ci. D'ailleurs, tous les sites ne précisent pas toujours correctement la dénomination latine de la plante. Toutefois, le test réalisé avec le kudzu montre que les sites français s'en sortent bien, puisque 90 % en indiquent le nom latin (lire encadré ci-dessous). Il arrive aussi parfois que le nom affiché soit un synonyme ou une autre appellation mais désigne bien la même plante. Pour en avoir le cœur net, vous pouvez vous rendre sur le site de référence « The Plant List », qui recense toutes les plantes connues et leurs noms latins.

Concernant le bio, Élodie Veyret du Synadiet vous conseille de vous fier au label européen (la « feuille verte », ndlr), obligatoire, qui peut parfois être complété par le label « AB » (Agriculture biologique). Enfin, pour avoir une garantie supplémentaire quant à l'origine des plantes contenues dans un complément, il existe un label nommé « Plante d'origine prouvée » (POP). Malheureusement, peu d'acteurs du secteur l'utilisent pour le moment.

Troisième réflexe à avoir lors de l'achat d'un complément alimentaire en ligne : se méfier des promesses trop alléchantes. De manière générale, soyez vigilant avec les sites qui utilisent le mot « guérir » en l'accolant à quelque pathologie que ce soit, ou affichent des promesses trop belles pour être vraies, du type « perte de poids immédiate » ou « anticancer ». En 2021, 15 % des dossiers traités par l'unité belge « e-commerce » pour la sécurité de la chaîne alimentaire ont concerné des compléments vendus en ligne et estampillés « anti-Covid ». Si certains produits, à base d'astragale par exemple, soutiennent bien les défenses immunitaires et permettent d'aider en prévention, sachez que de telles allégations santé ne respectent pas toujours la réglementation. En effet, pour les plantes médicinales, la plupart des allégations thérapeutiques sont toujours à l'étude dans les bureaux européens de l'Efsa (European Food Safety Authority). Un tel blocage est clairement dommageable pour le consommateur, estiment certains laboratoires, et justifie que certains aient choisi d'anticiper la réglementation à venir.

On a testé dix boutiques en ligne sur le kudzu

Le kudzu est une plante d'origine asiatique réputée pour diminuer le stress, les envies de tabac ou d'alcool et les désagréments liés à la ménopause. Nous avons tapé « Complément alimentaire kudzu » dans le moteur de recherche le plus utilisé des Français (Google) pour évaluer la qualité des informations proposées par les dix premiers sites marchands, tous français, qui s'affichent alors. Le résultat est plutôt positif, puisque neuf sites sur dix indiquent le nom latin de la plante. En revanche, seuls sept précisent la variété exacte utilisée.

Ce détail a son importance, car le kudzu, qui correspond au genre botanique Pueraria, peut être Pueraria montana var. lobata (kudzu le plus courant), mais aussi Pueraria montana var. mirifica. Or la variété mirifica a fait l'objet de dix fois moins d'études scientifiques. De plus, cette seconde variété vise surtout à réguler les troubles liés à la ménopause ou à augmenter la densité mammaire, ce qui n'est sûrement pas votre but si vous êtes, par exemple, un homme souhaitant diminuer votre consommation de tabac.

Comme nous le confie Pierre Lafitte, directeur marketing et innovation au sein du laboratoire français Les Trois Chênes : « Certains laboratoires historiques présents depuis le début de la vente en ligne ont eu le mérite de faire avancer plus rapidement les problématiques d'allégations qui persistaient depuis longtemps, en montrant que la législation était parfois bien trop restrictive ».

Néanmoins, si les lois européennes ne sont pas parfaites, elles ont le mérite de vous permettre de commander sur d'autres sites européens en ayant peu ou prou les mêmes garanties qu'en achetant sur des sites français. En effet, la législation européenne en matière de compléments alimentaires forme environ 95 % de notre législation française. Il faut savoir qu'en France, avant d'être mis à la vente, chaque complément alimentaire doit d'abord être déclaré à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), qui décide de l'autoriser ou non après analyse de son dossier. Par ailleurs, que le site internet sur lequel vous achetez votre complément soit français ou pas, dès lors qu'il vend et livre en France, il est soumis de fait à la législation française et européenne. Quoi qu'il en soit, les sites français et européens s'avèrent le choix le moins risqué.

Attention aux prix cassés

Sur Internet, il est facile de se laisser tenter par des prix cassés. En effet, selon un rapport récent, le prix d'un complément alimentaire est le quatrième critère de choix des Français, après le caractère naturel du produit, son utilité supposée (les allégations) et l'absence d'additifs. Certains sites proposent des prix très attractifs, notamment pour des achats en grosses quantités. Le seul inconvénient est que vous ne bénéficiez pas alors des conseils avisés d'un pharmacien ou d'un naturopathe et que vous pouvez opter pour un produit qui ne vous conviendra peut-être pas. Pierre Lafitte, du laboratoire français Les Trois Chênes (qui a fait le choix de vendre uniquement ses produits en pharmacie) rappelle aussi qu'il ne « faudrait pas qu'au travers de la vente en ligne, les consommateurs passent à côté de troubles plus sérieux ou d'éventuelles contre-indications », alors que l'officine « engage la crédibilité du pharmacien et permet des conseils avisés ». Si vous avez le moindre doute sur la prise d'un complément alimentaire, demandez d'abord conseil à un professionnel de santé avant de vous précipiter sur Internet.

L'achat en ligne nécessite donc quelques précautions, et il vaut mieux avoir un peu d'expérience et se renseigner en amont sur les plantes et leur présentation… ce qui vous permettra d'acheter en toute sécurité.

Quatre critères de cybersécurité à contrôler

Sécrutité achat en ligne compléments alimentaires

Afin de vous assurer du sérieux d'un site, voici quelques points à vérifier afin d'éviter le vol de vos données bancaires ou l'achat de produits de piètre qualité.

  1. N'achetez que des produits étiquetés en français.
     
  2. Vérifiez la présence de la mention « complément alimentaire », ainsi que la liste complète des ingrédients, la quantité de produit, le nom et l'adresse du fabricant et les précautions d'emploi.
     
  3. Sur la page de paiement, vérifiez que le site affiche, dans la barre de recherche, près de l'adresse internet, un petit cadenas vert ou une URL qui commence par « https », signe d'un système de paiement sécurisé.
     
  4. Dans le bas de la page d'accueil, à la rubrique « Mentions légales », ou dans l'onglet « À propos », vérifiez que l'entreprise précise ses coordonnées complètes (adresse physique, numéro de téléphone, e-mail) et n'hésitez pas à les utiliser pour voir si elle y répond.

Quelques liens utiles :

• Lors d'un achat sur un site étranger, vous pouvez consulter la liste des plantes autorisées comme compléments alimentaires établie par la DGCCRF, qui vous garantit que la plante, le champignon ou le lichen utilisés sont validés en tant que tels par nos autorités de santé.

Economie.gouv.fr/dgccrf/complements-alimentaires-plantes

• En cas de problème suite à l'achat d'un complément alimentaire sur un site internet s'adressant à un public français, vous pouvez porter plainte officiellement et signaler cet événement sur la plateforme prévue à cet effet : Nutrivigilance-anses.fr/nutri

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
Vous appréciez nos articles, allez plus loin en vous abonnant au magazine en cliquant ici
Inscrivez-vous gratuitement à la newsletter Plantes & Santé
Recevez chaque semaine nos conseils de bien-être par les plantes, astuces et recettes à faire vous même pour retrouver Equilibre et Santé
Votre inscription a bien été prise en compte 
Politique de confidentialité