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Le charme discret de l’armoise

Armoise commune

L’armoise m’a longtemps paru l’archétype de la plante pas vraiment belle, pas vraiment utile et plutôt ennuyeuse. J’ai, depuis, amplement révisé mon jugement à son sujet.

Je me souviens avoir vu de grosses touffes d’armoise au bord des chemins ou dans les décombres sans que mon œil ne se soit, pendant longtemps, attiré par autre chose que par la masse de leur feuillage. Elles m’évoquent encore de lourdes journées d’été en montagne, où l’atmosphère étouffante ne s’allégeait que lorsque l’orage éclatait enfin.

Elles représentaient aussi pour moi, vers le mois de septembre, de hautes tiges dégingandées, me dominant de toute leur taille, porteuses d’innombrables pompons grisâtres au bout de rameaux enchevêtrés. Pas vraiment de quoi rêver.

Et puis un jour, je ne sais plus où, porté par mon exploration systématique du monde végétal, je froissai entre mes doigts les longues inflorescences d’une de ces plantes à moitié desséchées. Quelle ne fut pas ma surprise d’y découvrir un parfum d’encens remarquablement doux et fin !

Après quelques expérimentations, j’en préparai un sirop qui me permit d’aromatiser des yaourts et de parfumer des boissons. Mon plus grand succès reste probablement cette mousse d’armoise dont vous trouverez plus loin la recette (lire ci-dessous). Je la prépare désormais de préférence avec les inflorescences fraîches plutôt que séchées, qui ont une saveur plus « verte ».

J’avais également remarqué que lorsque je coupais le sommet des tiges tendres, je pouvais en déguster l’intérieur croquant et juteux après les avoir pelées. Leur goût évoque pour moi celui de l’artichaut, ce qui n’est pas sans raison puisque les deux plantes appartiennent à la (grande) famille des Astéracées.

Les feuilles en friture

Armoise

Mais je trouvais dommage de jeter les feuilles sommitales, trop dures pour être dégustées crues. La réponse était simple : la friture ! J’en préparai donc des beignets qui eurent immédiatement beaucoup de succès. Mes voyages au Japon me firent ensuite découvrir la tempura, conçue sur une pâte plus légère que celle...

de nos classiques bugnes. Les pousses épaisses, devenues moelleuses, sont enrobées d’une mince couche croustillante, et tout le monde les aime.

L’une des raisons pour lesquelles je négligeais l’armoise est que je ne me sentais pas trop concerné par ses propriétés médicinales, du moins pas directement. La plante possède en effet des vertus emménagogues, ce qui signifie qu’elle aide à la venue des règles et de leur bon déroulement, modérant leur abondance et calmant les éventuelles douleurs qu’elles engendrent.

Ses capitules doivent cette action à leur essence aromatique qui contient, entre autres substances, un peu de thuyone, comme sa cousine l’absinthe (Artemisia absinthium). De ce fait, l’utilisation de l’armoise est déconseillée durant la grossesse : en quantité excessive, elle pourrait se montrer abortive.

L’armoise en médecine chinoise

En lisant la littérature, j’appris que l’armoise servait en médecine chinoise traditionnelle à préparer des moxas afin de stimuler l’un des 660 points d’acupunctures le long des méridiens énergétiques parcourant le corps. On en façonne, grâce à la texture cotonneuse de ses feuilles sèches, de petits cônes qui sont posés sur la peau et allumés pour les laisser se consumer doucement. Ils sont retirés dès que la chaleur devient sensible.

On emploie également des bâtonnets d’armoise incandescents tenus au-dessus des points. La plante utilisée est une espèce voisine de la nôtre, nommée yomogi (Artemisia princeps), mais je trouve que notre armoise indigène marche très bien et c’est elle que j’emploie dans ce but. Au final, j’aime l’armoise pour son abondance, ses usages et, en y regardant mieux, son élégance.

Herbier

ArmoiseL’armoise (Artemisia vulgaris) est une grande plante vivace de 60 cm à 1,40 m, formant des colonies d’importance variable. Ses feuilles et surtout ses inflorescences dégagent au froissement une odeur aromatique agréable. Ses tiges, nombreuses dès la base, sont dressées, rameuses, rougeâtres et striées en long. Elles portent de nombreuses feuilles profondément divisées en segments lancéolés, eux-mêmes incisés-dentés.

La face supérieure des feuilles est glabre et vert foncé. La face inférieure, blanchâtre, est couverte d’un duvet cotonneux. Les minuscules fleurs jaune pâle, toutes en tube, sont groupées en petits capitules peu remarquables, qui apparaissent dans le courant et à la fin de l’été. Ces derniers forment des grappes lâches et allongées à l’extrémité des rameaux. L’armoise est commune au bord des chemins, dans les décombres et les gravières, des plaines aux montagnes.

L’armoise des frères Verlot (Artemisia verlotorum), originaire de Chine, est très proche de l’armoise vulgaire. Elle dégage au froissement une forte odeur qui rappelle un peu l’eau de Javel. L’armoise champêtre (Artemisia campestris), fréquente dans les prairies sèches, en est également assez voisine, mais elle est inodore.

Recette sauvage : la mousse d’armoise

Ingrédients

  • 1 bouquet d’inflorescences d’armoise
  • ½ l de lait de riz
  • 1 g d’agar-agar
  • 4 blancs d’œuf
  • 50 g de sucre
  • 25 cl de crème fraîche

Préparation

  1. Faites bouillir un tiers des inflorescences d’armoise dans le lait de riz et laissez reposer une nuit au frais.
  2. Passez le lait de riz au tamis, réchauffez, ajoutez l’agar-agar et faites bouillir une minute et demie. Ajoutez hors du feu le deuxième tiers de l’armoise, puis le reste lorsque la préparation a refroidi. Mixez et filtrez.
  3. Préparez une meringue suisse : chauffez dans une casserole les blancs d’œuf et le sucre en remuant jusqu’à ce qu’il ne soit plus possible d’y mettre le doigt. Retirez du feu et battez l’émulsion au batteur jusqu’à refroidissement.
  4. Montez une crème fouettée avec la crème fraîche.
  5. Mélangez le tout au fouet, en ajoutant à la décoction d’armoise d’abord la crème fouettée, puis la meringue suisse.
  6. Versez dans des ramequins individuels et mettez-les au frais pour que la mousse prenne.
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