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Régime méditerranéen, l'alimentation protectrice pour tous (4/4)

Un régime miracle qui nous garde en bonne santé ? Non, il n'y a rien de miraculeux dans cette diète alimentaire plutôt végétale, très variée, savoureuse et conviviale. En revanche, travaux scientifiques à l'appui, elle fait aujourd'hui l'unanimité et nous promet une meilleure forme  et une meilleure santé. À condition d'en comprendre les enjeux et les principes.

De nouvelles promesses pour une santé globale

De nouvelles promesses pour une santé globale

La recherche passe à la loupe le régime méditerranéen et ses bienfaits sur notre santé depuis des décennies. Pour autant, l’intérêt des chercheurs ne se tarit pas. « C’est étonnant, constate la Dre Martine Cotinat, ce mode alimentaire suscite encore aujourd’hui une dynamique importante dans le monde de la recherche, et pas seulement sur le pourtour méditerranéen : les chercheurs du monde entier y consacrent du temps. » Comment l’expliquer ? Parce que les techniques de recherche ont évolué, et que l’on peut aujourd’hui réaliser des travaux qui auraient été impossibles il y a encore dix ou quinze ans. La génétique, par exemple, peut jouer un rôle majeur. « Depuis quelques années, on réussit à établir des liens directs entre alimentation méditerranéenne et microbiote, continue ainsi la Dre Cotinat. Auparavant, on devait se contenter de travailler sur des cultures in vitro mettant en évidence un nombre limité d’agents infectieux alors que le séquençage génétique des selles permet au contraire d’obtenir tout le panel de bactéries vivantes. On peut ainsi affirmer que manger méditerranéen a des effets positifs sur notre microbiote, notamment sur sa biodiversité, et permet de rééquilibrer une dysbiose. »

Le Pr Markku Voutilainen, gastro-entérologue et chercheur universitaire en Finlande, confirme de son côté dans une publication du Biocodex Microbiota Institute (référence scientifique indépendante dans tout ce qui concerne la recherche autour du microbiote) que le « régime méditerranéen contient des glucides complexes qui sont fermentés par un microbiote sain produisant des acides gras à chaîne courte. Il a des effets bénéfiques sur le microbiote et son profil métabolomique (moléculaire, ndlr). » Cette nouvelle piste ouvre en outre sur toutes celles qui se sont développées ces dernières années autour du microbiote : l’immunité, l’inflammation, la longévité. « L’alimentation méditerranéenne protège la barrière intestinale et limite l’inflammation de l’organisme, précise encore Martine Cotinat. Cette inflammation, couplée à la dysbiose intestinale, est impliquée dans la majorité de nos problèmes de santé contemporains. Ce qu’il est important de comprendre, c’est que quand on adopte une alimentation de type méditerranéen, ce n’est pas comme prendre un médicament pour traiter telle ou telle pathologie, c’est modifier notre terrain et ainsi se protéger de toutes les maladies chroniques qui envahissent nos sociétés modernes. » ­D’ailleurs, les publications scientifiques de ces dernières années vont toutes dans ce sens.

Les actions coup de poing des polyphénols

Ils donnent aux fruits et légumes leur couleur et leur goût et on les trouve aussi dans les céréales, graines et noix. En plus de leur action antioxydante et anti-inflammatoire, des actions beaucoup plus précises des polyphénols ont été mises en évidence.

Les métaux lourds K.-O.

Les polyphénols piègent les métaux lourds contenus dans des aliments comme le riz ou certaines espèces de poissons sauvages.

Un meilleur métabolisme des graisses

Plusieurs études suggèrent que l’acide gallique, polyphénol que l’on trouve dans le raisin, les myrtilles ou la fraise, réduit le stockage des graisses (chez les rats obèses) et la lipogenèse (transformation des sucres en graisses).

L’apport en oméga-3

Des études épidémiologiques ont permis d’observer que les sujets ayant suivi une diète méditerranéenne riche en anthocyanines capitalisaient l’apport d’oméga-3, notamment ceux d’origine marine. Les anthocyanines, un type de polyphénols, sont très présents dans la diète méditerranéenne.

Booster la fertilité

Des chances de concevoir augmentées quand on mange méditerranéen ? C’est en tout cas ce que tendent à montrer les scientifiques. « L’adhésion à un régime alimentaire anti-inflammatoire (tel que le régime méditerranéen, ndlr) est généralement associée à une amélioration des performances féminines (cycle menstruel, mesures liées à l’endométriose, qualité de l’embryon et santé à la naissance) et des résultats liés à la fertilité masculine (qualité du sperme) », expliquent notamment les auteurs d’une étude australienne publiée en 2022 dans la revue Nutrient.

Dans une étude parue en octobre 2022, deux chercheurs de l’université de Lyon ont passé en revue les connaissances actuelles sur l’alimentation, la santé du microbiote et les maladies métaboliques et rappellent ainsi que « la dysbiose est associée à l’apparition et à la sévérité de nombreuses maladies non transmissibles telles que les maladies inflammatoires de l’intestin, l’obésité, le diabète de type 2, et même certaines maladies neurologiques. Un nombre croissant d’études précliniques et cliniques suggèrent que la dysbiose pourrait être impliquée dans la progression et les complications de la maladie rénale chronique. »

Les effets positifs d’une alimentation méditerranéenne ne s’arrêtent pas là. Cette diète aurait également un impact sur le cancer du sein. Déjà en 2017, des travaux publiés dans la revue scientifique américaine Cancer Research avaient pointé un risque accru de cancer du sein avant la ménopause chez les jeunes femmes qui adoptaient dès l’adolescence une alimentation pro‑inflammatoire à base de produits ultra-transformés, de viande, fritures, boissons sucrées, et ce dès l’adolescence. A contrario, une alimentation anti‑inflammatoire, telle que la diète méditerranéenne, semble avoir un effet protecteur. Plus récemment, les chercheurs ont étudié les glandes mammaires de singes femelles et ont constaté des différences en fonction du régime alimentaire. Publiés dans la revue Cell Reports, ces travaux ont décortiqué l’évolution des tissus mammaires chez ces primates nourries pendant 31 mois d’un régime occidental classique pour les unes et d’un régime méditerranéen pour les autres. Étonnamment, les tissus mammaires des singes ayant mangé méditerranéen présentaient des bactéries Lactobacillus – dont on suppose qu’elles inhibent la croissance tumorale – dix fois plus nombreuses que ceux du groupe qui s’était alimenté à la mode occidentale.

Dernier axe de recherche : notre santé visuelle. Une équipe bordelaise de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) a mis en avant un lien entre alimentation méditerranéenne et prévention de la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge), première cause de handicap visuel chez les plus de 50 ans, grâce notamment à la présence en quantité d’acides gras (oméga-3 notamment, EPA et DHA) et d’antioxydants (en particulier lutéine et zéaxanthine), qui préservent la macula (zone de la rétine). En s’appuyant sur les données de deux études européennes, l’équipe de l’Inserm a constaté un risque de développer une DMLA amoindri de 41 % chez les personnes qui mangent méditerranéen, ce qui « permet d’envisager une démarche préventive particulièrement intéressante pour les formes sèches de la maladie, qui ne bénéficient à l’heure actuelle d’aucun traitement ».

Piment et poivron, des molécules anticancéreuses

Piments et poivrons (ou piments doux) sont riches en vitamine C et en antioxydants, mais aussi en capsinoïdes (capsiates dans le poivron, des cousines des capsinoïdes du piment), des molécules qui auraient une action antitumorale. Des travaux scientifiques menés en Californie il y a une dizaine d’années ont montré que les capsinoïdes du piment fort protégeaient du risque de cancer colorectal et pouvaient même « tuer » des cellules tumorales chez la souris (ils induisent l’apoptose, la mort des cellules tumorales, sans toucher les cellules saines). Si vous n’aimez pas manger épicé, sachez que les capsiates du poivron se comportent de la même façon (chez la souris toujours). Ce qui fait de ces deux aliments de bons alliés dans la prévention du cancer.

Faire reculer la menace Alzheimer

Plusieurs études d’observation ont montré que plus les habitudes alimentaires étaient proches de la diète méditerranéenne, plus faible était le risque de perdre ses capacités intellectuelles en vieillissant, puis de développer une maladie d’Alzheimer. La diète ralentit l’atrophie cérébrale chez les personnes âgées, selon une étude publiée en 2022 dans The American Journal of Clinical Nutrition. L’atrophie cérébrale est directement en lien avec l’apparition de la maladie d’Alzheimer. Par ailleurs, ces habitudes alimentaires apportent des quantités abondantes de vitamine E. Or des études récentes, en particulier un essai clinique randomisé en double aveugle, laissent penser que la vitamine E (2000 UI d’alpha-tocophérol par jour) pourrait ralentir la maladie d’Alzheimer.

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