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Compléments alimentaires, produits d'hygiène : la jungle des labels

Compléments alimentaires, produits d'hygiène : comment s'y retrouver dans la jungle des labels ?
Compléments alimentaires, produits d'hygiène : comment s'y retrouver dans la jungle des labels ?

Sur les emballages des compléments alimentaires et produits de santé et bien-être, labels et logos fleurissent avec leur lot de promesses vegan, sans OGM, bon pour les abeilles… En parallèle, les contrôles sont de moins en moins fréquents, poussant à se questionner sur les garanties réelles qu'ils offrent. Alors que des initiatives nationales et internationales tentent de remédier au problème, des entreprises nous confient leurs choix éthiques et contraintes à ce sujet.

Perplexes, vous l'êtes sûrement quand vous prenez en main une boîte de compléments alimentaires ou un produit d'hygiène et tentez de décrypter les multiples mentions, logos et labels qui souvent y figurent. N'ayant pas toute la journée pour vous décider, vous finissez par conclure que ce petit pictogramme avec une feuille verte vous inspire confiance et que cela fera l'affaire. Difficile de vous en vouloir quand même la commission des affaires économiques du Sénat déclarait, en juin 2022, qu'être consommateur est « devenu un métier » !

D'après les rapporteurs de cette commission, le flux d'information est désormais si dense que seuls les plus « aguerris et motivés » savent s'y retrouver dans cette véritable « jungle des labels ». Non seulement ce « flux continu et croissant d'informations » ne « dit rien » de leur qualité ou de leur fiabilité, mais il rendrait les consommateurs « confus et perplexes ». Il se pourrait même, à terme, que certaines mentions peu fiables ou trompeuses (comme les pictogrammes qui se font passer pour des labels) contribuent à décrédibiliser des informations sérieuses et loyales et conduisent les consommateurs, de guerre lasse, à ranger tous ces labels « dans le même sac ».

Des marques face à la surabondance

Un état de fait dont sont conscientes certaines marques, qui veillent au contraire à limiter les allégations sur leurs emballages. Christine Vallée, directrice scientifique des laboratoires Herbolistique, explique que la marque n'utilise que quelques labels qui jouissent d'une « véritable reconnaissance », comme AB agriculture biologique, Ecocert ou Phytolia, un label de professionnels qui garantit l'origine et la traçabilité des plantes.

Laurent Mermet, directeur marketing de Naturactive (groupe Pierre Fabre), se refuse également à présenter une « collection de labels » sur ses emballages pour favoriser la mise en avant de l'ancrage local du laboratoire (historiquement basé dans le sud-ouest de la France) et l'origine bio de ses produits afin de ne pas diluer les messages. En effet, comble du comble, les marques elles-mêmes font face à cette surabondance de labels et ne peuvent souvent pas tous les mentionner. Chez Herbolistique par exemple, par manque de place sur l'emballage, les mentions comme Qualitysilver®, qui garantit la stabilité des oméga-3, ou Kaneka, qui signale une biodisponibilité optimale de l'ubiquinol, sont indiqués uniquement sur les documents internes à destination des professionnels.

Nutri&Co, jeune entreprise aixoise de compléments alimentaires, ne souhaite pas non plus participer à cette « course aux labels » et ce sont surtout les labels bio et vegan que l'on retrouve sur ses emballages. Benjamin Dariouch, responsable de la vulgarisation scientifique de la marque, nous explique toutefois que le label bio ne peut s'appliquer à certains ingrédients et procédés, comme le poisson sauvage ou la fermentation des probiotiques. C'est ainsi surtout la cohérence que la marque valorise. Par exemple, dans son complément bio au millet et aux céramides de blé pour les cheveux, le label « sans gluten » a été souhaité et le laboratoire a donc fait réaliser une analyse pour le prouver et être en mesure de le mentionner.

Plus de labels… moins de contrôles !

Alors que les mentions et informations à apposer sur les emballages n'ont jamais été aussi nombreuses, les fonds alloués aux contrôles se réduisent comme peau de chagrin. La Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF), qui est chargée de les réaliser, a subi, durant la dernière décennie, 450 suppressions de postes, soit 14 % de ses effectifs. Un rapport du Sénat alertait en juin 2022 sur cette « chute alarmante ». En effet, entre 2012 et 2021, le nombre de contrôles a baissé de 30 % alors que ces derniers révèlent systématiquement des taux de non-conformité élevés des produits. Un état de fait jugé « déplorable », et « intenable » par les sénateurs qui rappellent que la DGCCRF joue un rôle central en matière de protection des consommateurs et que cet affaiblissement ne peut conduire qu'à une « moindre protection ».

Picto n'est pas logo

Autre phénomène au cœur de la problématique du greenwashing, de plus en plus de marques semblent entretenir délibérément la confusion entre pictogramme et logo illustrant un réel label. Il n'est pas rare de retrouver sur les packagings des petits pictogrammes ronds portant la mention « sans OGM » ou « sans édulcorants » ne correspondant pas à une certification officielle. Benjamin Dariouch de Nutri&Co déplore ce phénomène de « pseudo-labels non officiels ». Il a, par exemple, remarqué que certaines marques affichent un drapeau français sur leurs emballages alors qu'en réalité, les compléments alimentaires en question ont simplement été « analysés en France ». La tromperie marketing n'est pas loin… Il rappelle toutefois que ces pictogrammes purement visuels sont importants, s'ils sont sérieux, car ils résument les caractéristiques clés d'un produit lorsque le consommateur doit le choisir dans un rayon.

Chez Naturactive, Laurent Mermet précise que l'on préfère à ces collections de pictogrammes la mise en avant de mentions comme « extrait concentré de plantes », qui illustrent un vrai savoir-faire en phytothérapie, validant une quantité d'actifs identique d'une boîte à l'autre.

Enfin, il arrive également que certaines marques, pionnières, aient déjà créé leur propre « label » ou référentiel. C'est le cas de la marque de produits de la ruche Ballot-Flurin, qui a décidé de ne pas apposer sur ses préparations le label « Bee Friendly », qui a vu le jour en 2014. Sophie Dupont, qui travaille pour la marque, nous explique que Ballot-Flurin, né il y a quarante ans, avait décidé d'étiqueter ses pratiques sous le label “Apiculture douce” dès 2010, et n'a donc vu que « peu d'intérêt » à endosser le manteau d'un autre label ».

Si certaines marques se refusent à entrer dans cette tendance à la « valse des pictos », du côté des consommateurs, cela reste compliqué de s'y retrouver. Bonne nouvelle, de plus en plus d'initiatives voient le jour pour remédier à ce problème. En mai, le parlement européen a par exemple décidé l'interdiction des allégations environnementales vagues sur les étiquettes et publicités. Ainsi, des mentions du type « respectueux de l'environnement », « naturel » ou « neutre pour le climat » devront bientôt être accompagnées de « preuves détaillées » et les mentions environnementales génériques et non étayées seront interdites.

Quelques « super labels » pour les regrouper tous ?

D'autres initiatives voient le jour sous l'impulsion d'entreprises. À l'image du Green Impact Index, un « outil d'affichage » qui fera bientôt figurer une sorte de note de type Nutri-Score « A, B, C, D » sur les emballages des produits cosmétiques et de santé familiale afin d'informer les consommateurs sur la réelle dimension « verte » des marques.

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Un label sur la sellette

Impulsé en 2021 par le groupe Pierre Fabre, ce super label, dont l'élaboration implique un consortium de plus de 1 000 entreprises du secteur des produits de soin et de bien-être, vient d'être validé par l'Afnor, reconnu d'utilité publique. Déjà disponible sur les fiches produits et sites internet de certaines pharmacies et parapharmacies, on l'attend encore sur les emballages destinés aux consommateurs.

La certification participative à la rescousse des petits producteurs locaux

Le « système participatif de garantie » (SPG), un dispositif alternatif de labellisation et certification, reste assez méconnu en France. Il répond pourtant à un réel besoin des petits producteurs locaux : il est moins coûteux et plus adapté aux petites structures. Ce type de label qualité fonctionne par certification entre pairs (producteurs et artisans) et leurs « communautés » (acheteurs, usagers, distributeurs, associations locales, etc).

Dans certains pays, comme l'Inde ou le Brésil, des SPG sont reconnus par le gouvernement comme moyen de contrôle des pratiques de l'agriculture biologique. En France, l'association Nature & Progrès, qui regroupe 1 000 producteurs et transformateurs de produits agricoles, alimentaires et cosmétiques, et le Syndicat des simples, qui implique des producteurs de plantes médicinales, fonctionnent sur ce principe. De plus, un projet de recherche, baptisé Compairs, vient tout juste de s'achever dans le but de donner une assise encore plus solide à ces systèmes participatifs de garantie.

Du côté des plus petits producteurs, un autre problème récurrent se pose en matière de labels : nombre d'entreprises ont du mal à les obtenir pour cause de procédures trop coûteuses et complexes, et doivent parfois y renoncer. Depuis deux ans en France, entre autres pour répondre à cette problématique, certains d'entre eux se sont regroupés pour réfléchir à l'élaboration participative (en compagnie de chercheurs et acteurs de l'économie sociale et solidaire) d'un référentiel de « qualité éco-solidaire » qui serait validé par les pairs et non par un organisme extérieur.

À l'image de la certification française du Syndicat des simples, qui fonctionne de cette manière et avec succès depuis bientôt 40 ans. Comme ces producteurs de plantes médicinales, d'autres acteurs pourront apposer sur leurs produits un label ou signe de qualité après avoir obtenu la validation par d'autres producteurs (lire encadré ci-dessus). Espérons que ces initiatives nous permettent à l'avenir de mieux nous y retrouver en tant qu'acheteurs, tout en faisant la part des choses entre démarche commerciale et éthique…

Produits d'hygiène et environnement : à quels labels se fier ?

Labels produits santé et cosmétiques

De l'alimentation aux jouets en passant par les cosmétiques, il existe 400 labels environnementaux ! L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (l'Ademe) en recommande 100, sélectionnés par des analyses indépendantes des fabricants et connus pour leur fonctionnement rigoureux et l'impact environnemental limité tout au long du cycle de vie des produits. En voici quelques exemples :

• Pour le dentifrice, l'Écolabel européen, Ecocert Cosmos Organic et Cosmébio Cosmos sont considérés comme d'excellents choix.

• Pour les serviettes hygiéniques, tampons et couches pour bébé, favorisez l'Écolabel européen, l'Écolabel nordique (qui garantit qu'au moins 30 % des fibres de bois proviennent de forêts gérées durablement et limitant les substances dangereuses pour la santé humaine) et le label Global Organic Textile Standard (GOTS) qui certifie que le produit contient au moins 70 % de fibres bio.

• Pour vos cotons-tiges, ajoutez-y également les labels Ecocert Textile et Max Havelaar.

• Pour vos laits et crèmes corps et visage, cherchez les mentions Cosmébio Cosmos, Ecocert Cosmos et Nature & Progrès.

• Enfin, pour les mouchoirs en papier et le papier toilette, l'Écolabel européen et le Forest Stewardship Council (100 % des fibres de bois proviennent de forêts gérées durablement) sont à privilégier.

Plus d'infos concernant ces labels sur Agirpourlatransition.ademe.fr/particuliers/labels-environnementaux

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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