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C'est la rentrée chez les futurs herboristes !

Herboristerie 2023 : des étudiants passionnés reprennent racine dans l'apprentissage des plantes
Herboristerie 2023 : des étudiants passionnés reprennent racine dans l'apprentissage des plantes

Bien que le métier ne soit toujours pas reconnu officiellement (en dehors de celui de paysan-herboriste), il suscite de nombreuses vocations. Les écoles d'herboristerie réputées affichent complet en cette rentrée 2023. Quête de sens, recherche d'autonomie, reconversion… Six élèves herboristes en herbe nous parlent de leurs motivations.

L’heure de la rentrée a sonné pour les apprentis herboristes. Chaque année, plusieurs écoles réputées accueillent des profils d’horizons et d’âges très différents. Enseignants, agriculteurs, chimistes ou encore jeunes bacheliers, ces étudiants ont pour point commun une soif d’apprentissage et de connaissances sur le monde végétal.

Au sein du lycée horticole de Dardilly, dans la métropole de Lyon, l’École lyonnaise des plantes médicinales (ELPM) propose une formation d’herboriste sur trois ans. Afin de s’adapter à des emplois du temps d’actifs, les cours sont en général proposés le week-end, en moyenne une fois par mois. Romain Sagnard, trentenaire et père de deux enfants, attaque cette rentrée sa deuxième année au sein de cet établissement. Ce responsable qualité et formulation pour un laboratoire de produits naturels souhaite « comprendre le fonctionnement de l’organisme et l’action physiologique des plantes pour formuler des produits de santé naturelle ». Botanique, anatomie, physiopathologie, propriétés des plantes médicinales ou encore chimie verte, cet adepte des matières scientifiques nous confie se sentir rassuré sur l’enseignement de son école. « J’avais peur des discours disant que l’on peut tout soigner avec les plantes, que c’est magique. Ce n’est pas le cas, les cours sont pointus et nous poussent à aller plus loin, à faire des recherches », assure-t-il. En plus du présentiel, l’école dispense une formation en ligne de la même durée. C’est le format qu’a préféré Emma Rogers, enseignante en anglais dans le supérieur qui habite dans l’Aude. « À chaque fois, j’ai un mois pour m’organiser et suivre les modules d’enseignement, qui comprennent des cours de trois à quatre matières à télécharger, avec parfois des vidéos. Être en distanciel me permet de répondre à mes contraintes familiales », admet-elle. Un forum est également accessible afin d’échanger avec les autres élèves et les enseignants. En ce qui concerne son futur projet professionnel, cette cinquantenaire se laisse du temps pour se décider. Elle profite pleinement du savoir qui lui est transmis et travaille actuellement sur la création d’un blog franco-anglais sur la reconnaissance et l’utilisation des plantes médicinales.© Ecole des Plantes de Paris

Les cinq écoles de la FFEH

En 2014, cinq écoles fondées dans les années 1980 ont choisi de se regrouper au sein de la Fédération française des écoles d’herboristerie (FFEH). Elles sont réputées pour leurs années d’expérience, leur corps professoral et leurs programmes bien rodés.

Parmi les écoles réputées, citons aussi Plantasante.fr  et College-pratique-ethnobotanique.com

Gagner en autonomie et en expertise

Interrogés sur leurs motivations, la plupart des apprentis herboristes ont exprimé le besoin de se réapproprier ces savoirs ancestraux, notamment dans le but d’être plus autonomes dans la gestion des maux quotidiens. Pour Delphine Valluet, qui entre en troisième année à l’École des plantes de Paris (XIVe arrondissement), la formation d’herboriste était un moyen de reprendre sa santé en main et de sortir du « tout-médicaments ». « J’ai été confrontée à des problèmes médicaux qui m’ont poussée à mieux connaître mon corps, à mettre en place une bonne hygiène de vie et à fabriquer mes soins naturels », explique-t-elle. Chargée d’événementiel, Delphine Valluet se réjouit de pouvoir, à l’issue des trois années d’études, utiliser ses connaissances à travers des ateliers sur les plantes sauvages, et ne s’interdit pas de lancer un jour une gamme de tisanes ou de baumes.

Marie Azihari, agricultrice dans les Alpes-Maritimes © Chemin du BaouPlus au sud, Marie Azihari, agricultrice dans les Alpes-Maritimes, produit elle-même ses plantes aromatiques et médicinales. En deuxième année à distance au sein de l’Institut méditerranéen de documentation, d’enseignement et de recherches sur les plantes médicinales (Imderplam) situé à Montpellier, elle souhaite mieux connaître les vertus de ses cultures. « Je créais des tisanes sans connaître leurs propriétés et je ne savais pas répondre quand on me demandait des conseils », raconte l’agricultrice. Après sa première année d’études, cette passionnée a complété ses gammes de produits naturels avec des élixirs floraux et des baumes grâce à ses cours de galénique et de phytothérapie. Le nouveau regard qu’elle porte sur ses plantes la suit également lors de ses sorties au grand air, où chaque végétal bordant les chemins est décrypté. « Quand je ne reconnais pas une plante, je prends ma flore et j’analyse ! Ça génère des idées pour de nouvelles plantations », se réjouit-elle. Un retour au vivant, au lien à la nature et aux savoirs ancestraux qui permet à ces élèves de se réapproprier leur santé et de fourmiller d’idées. Mais cette quête de sens et d’autonomie ne se fait pas sans effort, au vu du programme très dense dispensé par ces écoles.

Crédit Imderplam

Financer la formation

Le prix de la formation en herboristerie dans les écoles de la FFEH est compris entre 1 800 et 2 800 euros par an. N’étant pas enregistrées au RNCP (répertoire national des certifications professionnelles), les formations ne sont pas éligibles au CPF (compte personnel de formation). Néanmoins, certains organismes peuvent les financer, notamment via leur OPCO (opérateurs de compétences), et certains dossiers sont acceptés par Pôle emploi. Si vous êtes chef d’entreprise ou autoentrepreneur, votre formation peut être prise en charge par votre FAF (fonds d’assurance formation).

Un programme exigeant

Avec une moyenne de 150 heures de cours par année, le certificat d’herboriste se mérite. En présentiel ou à distance, chaque étudiant s’organise pour réaliser des fiches, un herbier, répondre aux quiz, mémoriser le vocabulaire botanique, tout en menant, pour nombre d’entre eux, une vie professionnelle et familiale. Aurélie Lavigne, en troisième année à l’Imderplam, qui propose au sein de son programme des cours d’homéopathie et de médecine traditionnelle chinoise, reste motivée. « C’est fatigant de rester six heures concentrée le week-end, puis de maintenir un rythme de révisions le soir en semaine. Heureusement, les profs ont un savoir fou et sont pédagogues. Moi qui suis littéraire, je me surprends à adorer la botanique », raconte l’étudiante. « On apprend du vocabulaire précis pour définir une plante. Par exemple, qu’elle est pentamère, dialypétale, apérientée, ou gamma-ovulée. Puis il faut apprendre toutes les précautions d’emploi, l’anatomie, reconnaître 160 plantes sèches et fraîches… C’est énorme ! », admet Delphine Valluet. Un programme qui demande de l’engagement donc, mais qui s’avère nécessaire pour exercer le métier. « Au terme des trois ans, on se sent prêt à être herboriste. La formation est concrète, solide, ce n’est pas que de la théorie » assure Adeline Decoop, en distanciel à l’École des plantes de Paris.

Pour assurer les cours, les écoles d’herboristerie font appel à des enseignants pour beaucoup reconnus dans le milieu. On cite notamment la docteure en pharmacie, botaniste, spécialiste en phytothérapie et en homéopathie Claudine Luu, l’herbaliste Christophe Bernard, la nutrithérapeute Aline Mercan ou encore les botanistes François Couplan ou Olivier Escuder. Quant aux examens, la plupart des écoles imposent une à deux sessions de contrôles écrits par année, le rendu d’un herbier et la reconnaissance de plantes sèches et fraîches. L’étude des plantes dans leur milieu naturel se fait généralement lors d’un stage (obligatoire ou non selon l’école) de printemps ou d’été d’une semaine, plus orienté sur la galénique et les sorties botaniques.

©Imderplam

Un stage pratique

En plus d’ateliers do it yourself durant l’année, chaque école propose au cours du cursus (présentiel et distanciel) un stage de six à huit jours sur le terrain, très apprécié des élèves. Au programme, un lieu en pleine campagne, des ateliers et sorties botaniques pour déterminer les plantes sauvages dans leur milieu naturel, des fabrications de remèdes et de la reconnaissance de plantes sèches et fraîches. Côté galénique, « on prépare des tisanes, des alcoolatures, des baumes, du dentifrice… Ça nous prépare aux examens », relate Emma Rogers. Pour Adeline Decoop, en troisième année à l’École des plantes de Paris, ce stage est aussi l’occasion de se retrouver avec des personnes attirées par une passion et des valeurs communes. Et pour mieux appréhender le métier qu’elle souhaiterait exercer par la suite, elle effectue actuellement un stage de conseillère à l’herboristerie Phyt&Sens à Aulnay-sous-Bois (93). Emma Rogers s’est quant à elle immergée dans le quotidien de paysans herboristes « pour apprendre la culture des plantes médicinales, la gestion d’entreprise, la récolte, le séchage qui ne sont pas abordés en formation d’herboristerie ». Un bon moyen pour ces élèves de définir leur orientation professionnelle, bien que le certificat d’herboriste ne soit, à ce jour, pas encore reconnu.

La passion avant le diplôme

Car depuis 1941, une loi toujours en vigueur interdit l’exercice de l’herboristerie comme pratique de santé. Les herboristes sont autorisés à vendre 148 plantes médicinales inscrites à la pharmacopée, mais ne peuvent prodiguer de conseils santé. Ce n’est pas le cas au Royaume-Uni, en Suisse, Belgique et Allemagne, où le métier d’herboriste est légal. Pour autant, bien qu’il ne soit pas reconnu par l’État, le métier perdure et continue d’être exercé sur le terrain (en herboristerie, en agriculture, à travers les balades nature…). Les cinq écoles appartenant à la Fédération française des écoles d’herboristerie (dont font partie celles de Paris, Lyon et Montpellier, ndlr) restent engagées dans cette lutte pour la reconnaissance. Bien qu’ayant récemment essuyé un second refus du ministère de la Santé suite à leur demande d’enregistrement d’une certification de conseiller en herboristerie au répertoire national des certifications professionnelles, l’engouement pour la formation d’herboriste ne cesse de grandir. « Je savais que le diplôme n’était pas reconnu, mais ça ne m’a pas freinée », exprime Aurélie Lavigne, élève au sein d’Imderplam. Quant à Delphine Valluet, elle conseille à tous ceux qui souhaitent suivre la formation d’herboriste d’être aux aguets sur les dates d’inscription. « En trois jours, l’École des plantes de Paris était complète ! Ils sont submergés par les demandes d’inscription », révèle la future herboriste. Un intérêt pour la nature qui a pour l’heure, grâce aux écoles d’herboristerie, l’avantage de faire perdurer ce savoir ancestral et d’ouvrir le monde sur une nouvelle façon de voir le végétal et la santé.

Gare aux formations mirobolantes

Dans le sillage de l’engouement pour les savoirs naturels, les formations en herboristerie se sont multipliées ces dernières années, notamment sur le web. Formats 100 % en ligne, apprentissage de l’herboristerie en un temps record (seulement quelques semaines pour certaines des formations proposées), prix défiant toute concurrence (moins de 100 euros !)… L’offre est certes alléchante au regard de l’intensité et du coût du cursus proposé par les écoles traditionnelles d’herboristerie telles que celles appartenant à la FFEH, anciennes de plus de 40 ans. Toutefois, on ne peut s’empêcher de se questionner sur les promesses vantées par ces nouveaux organismes et leurs formations-éclair. En effet, peut-on vraiment se prétendre herboriste après seulement un mois d’apprentissage ? Selon le projet professionnel visé, méfiez-vous des cursus de moins de deux ans, sans stage pratique ni examen.

Et les débouchés ?

La formation d’herboriste offre divers débouchés aux élèves. Au bout de trois années, il est ainsi possible d’ouvrir sa propre herboristerie, de devenir conseiller en herboristerie en boutique bio ou en rayon phyto/aroma d’officine ; animateur de balades nature, de cueillette, de cuisine sauvage et d’ateliers de fabrication de remèdes, comme le propose Christophe de Hody au sein de son entreprise Le Chemin de la nature. Si vous avez déjà suivi une formation agricole, vous pourrez compléter avec des transformations de plantes en baumes, tisanes, alcoolatures, etc. À noter que les écoles mettent des offres d’emploi à la disposition des élèves.

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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